Dans une interview accordée à la presse le mercredi 26 février 2025, le député national Joseph Bangakya a souligné l'urgence pour la République démocratique du Congo (RDC) de mettre en œuvre une « approche diplomatique plus intense » et efficace. L'objectif : consolider des relations avec certaines puissances mondiales et nouer des alliances stratégiques à tous les niveaux pour résoudre la crise sécuritaire persistante dans l'est du pays.
Pour l'élu de Rungu (Haut-Uele), l'objectif est de convaincre des partenaires clés, tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Belgique, de faire de la RDC une priorité en Afrique centrale.
« Au stade actuel, et j'espère pour les prochaines années à venir de manière indubitable, il faut renforcer nos relations avec l'axe Washington-Londres. En matière de relations internationales, il n'y a aucun pays qui est avec qui que ce soit. Il y a une question d'intérêts et de manœuvre. Nous avons de quoi manœuvrer pour que nos relations avec les États-Unis et le Royaume-Uni soient pour eux une priorité de l'Afrique centrale. Après l'axe Washington-Londres, c'est l'axe Paris-Bruxelles », a-t-il déclaré.
Au-delà des puissances occidentales, le député Bangakya a plaidé également pour une stratégie similaire au niveau continental, en identifiant les pays africains clés avec lesquels la RDC pourrait nouer des partenariats stratégiques, tout en insistant sur la nécessité d'une approche pragmatique et axée sur les intérêts mutuels.
Toutefois, il a déconseillé les discours et les actes susceptibles de refroidir les relations diplomatiques entre la RDC et des puissances mondiales susmentionnées, appelant à une cohérence dans les messages véhiculés par les institutions et les partis politiques de la majorité au pouvoir.
« Les institutions et leurs membres, et même les partis de la majorité, doivent avoir le même discours. Il n'est pas tolérable que des députés, des sénateurs, des partis de la majorité se permettent d'avoir des propos tout à fait hostiles sur les pays vis-à-vis desquels nous sommes censés renforcer nos relations diplomatiques. Nous devons manœuvrer pour que la communauté d'intérêts se déplace vers nous. On ne nous doit rien. Nous devons arrêter avec cette attitude de victimisation et de pitié permanente. Nous devons leur donner des raisons de nous considérer comme la priorité en Afrique centrale. Dans le choix des émissaires, faisons attention. Il faut envoyer aux États-Unis des personnalités qui ont de bonnes connexions avec les Américains et qui ne sont pas pro-russes ou pro-chinois, et ainsi de suite », a-t-il souligné.
Il a insisté sur le fait que la RDC doit agir en amont pour renforcer sa propre puissance avant de solliciter l'aide de ses partenaires. Il a évoqué un « triptyque » comprenant le soutien populaire, la crédibilité internationale et une gouvernance efficace, comme leviers essentiels pour asseoir la puissance du pays.
En tant que président des parlementaires congolais membres du groupe d'amitié RDC-USA, il a annoncé le dépôt imminent d'une proposition de loi sur les investissements stratégiques et productifs. Cette loi, selon lui, vise à permettre au gouvernement de mener une politique efficace basée sur les ressources naturelles du pays, afin de transformer structurellement l'économie nationale.
Évoquant la réduction du train de vie des institutions, le député Bangakya, également membre de la commission ECOFIN de l'Assemblée nationale, a annoncé que le gouvernement prépare un projet de loi rectificatif pour identifier des crédits supplémentaires en faveur de la défense nationale et de la diplomatie.
Enfin, il a salué une fois de plus les sanctions imposées par les États-Unis à des responsables rwandais et congolais impliqués dans la crise à l'Est, appelant d'autres nations à suivre cet exemple.
Merveil Molo