Haut-Katanga : Le taux d'accès à l'électricité dans la province est flou (Rapport OEARSE)

Mercredi 14 août 2024 - 15:26
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La province du Haut-Katanga, deuxième de la République démocratique du Congo riche en ressources naturelles fait face à des défis énergétiques majeurs qui freinent son développement socio-économique, rapporte l'Observatoire d'Études et d'Appui à la Responsabilité Sociale et environnementale de la société civile locale dans son étude sur le diagnostic de la transition énergétique de cette entité publiée à Lubumbashi, le mardi 13 août 2024.

Dans un point de presse, Freddy Kasongo, secrétaire exécutif de OEARSE a affirmé que ce rapport est destiné à informer les citoyens et à susciter l'intérêt des décideurs. Il explore en profondeur la situation énergétique de la province, identifie les problématiques rencontrées, et propose des pistes d'amélioration.

Freddy Kasongo a souligné que l'étude menée montre que "le taux d'accès à l'électricité dans la province est flou", car les données disponibles varient considérablement d'une source à l'autre. Malgré la libéralisation du secteur énergétique en 2014, la Société Nationale d'Électricité (SNEL) demeure le principal fournisseur, bien que son réseau soit obsolète et sujet à des sabotages fréquents.

En outre, plusieurs territoires de la province, comme Mitwaba, ne sont toujours pas électrifiés, ce qui creuse davantage, poursuit le secrétaire exécutif de OEARSE, le fossé entre l'offre et la demande en énergie.

Par ailleurs, cette étude démontre aussi que la gouvernance des secteurs énergétiques en province est également problématique. Le plan de développement social et économique 2018-2023 de la province s'est concentré sur la dotation de transformateurs à la SNEL, négligeant les territoires non connectés à son réseau. Cette approche fragmentaire a entraîné une absence de planification énergétique globale, privant ainsi certaines communautés de l'accès à l'électricité.

Les entreprises minières « gourmandes »

Le rapport met aussi en lumière la forte dépendance à la SNEL et l'impact des industries minières sur la disponibilité de l'énergie pour les besoins domestiques. Les entreprises minières, qualifiées de « gourmandes », consomment une grande partie de l'énergie disponible, au détriment des ménages. De plus, la majorité de l'énergie consommée dans le Haut-Katanga provient d'autres provinces, aggravant la vulnérabilité énergétique de la région.

Malgré ces défis, le Haut-Katanga dispose d'un potentiel énergétique considérable, notamment en matière de mix énergétique. Le rapport identifie plusieurs sources d'énergie renouvelable, telles que le solaire, la petite hydroélectricité et l'éolien dans le nord de la province, qui pourraient être exploitées pour renforcer l'offre énergétique. L'Observatoire recommande la mise en place de partenariats public-privé pour moderniser le réseau de distribution et valoriser ces ressources.

Pour remédier aux lacunes observées, le rapport propose plusieurs actions à entreprendre par les autorités provinciales. Il s'agit spécialement de l'élaboration d'un plan d'électrification provincial clair qui intègre l'ensemble des acteurs du secteur énergétique. Le rapport appelle également à décourager les raccordements frauduleux, qui endommagent les infrastructures existantes, et à promouvoir des investissements locaux pour dynamiser le secteur énergétique.

L'insuffisance de personnel qualifié est un autre défi majeur. Le rapport souligne la nécessité de renforcer la formation dans le domaine de l'électricité, tant au niveau des écoles secondaires que des universités. Un secteur énergétique compétitif requiert des techniciens et ingénieurs bien formés, capables de gérer efficacement les infrastructures et d'innover dans l'exploitation des ressources locales, a martelé Freddy Kasongo.

La province dispose d'un potentiel énorme en termes de ressources énergétiques, mais sa valorisation nécessite une volonté politique forte, des investissements adéquats et une gouvernance transparente. Le développement d'un plan d'électrification provincial intégré, associé à la formation d'une main-d'œuvre qualifiée et à la diversification des acteurs énergétiques, est crucial pour garantir un accès universel et durable à l'énergie dans la région, a conclu cette étude diagnostique sur la situation énergétique dans le Haut-Katanga. 

La question énergétique n'est pas seulement une affaire technique. Elle est au cœur du développement économique et social de la province.

Patient Lukusa, à Lubumbashi

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