Kinshasa : Des habitants du quartier Delvaux contraints de vivre avec des mauvaises odeurs

Mercredi 1 juin 2022 - 15:06
Image
Droits tiers

Depuis une dizaine d'années, un ravin géant au quartier Delvaux dans la commune de Ngaliema a été transformé en décharge publique. A l'intérieur de ce ravin qui n'est qu'à quelques mettres de la route de Matadi, à l'entrée de Binza Pigeon, c'est des tonnes de déchets qui y sont entassées. 

Un des soucis majeurs avec la présence de cette vieille décharge au coeur de ce quartier, sont les odeurs nauséabondes qu'elle projette à plusieurs mettres. Cependant, la situation ne semble guère étonnante pour les personnes qui vivent ou vendent des produits de première nécessité aux alentours de ce ravin.

Selon certaines personnes interrogées sur palce par 7SUR7.CD ce mardi 31 mai 2022, la situation est connue des autorités depuis des années mais aucune initiative majeure n'a jamais été prise. Les habitants ont donc choisi de cohabiter avec ces odeurs.

"Je vis dans ce quartier depuis 15 ans et ces odeurs ont toujours été là. Au début c'était insupportable mais nous avons appris à vivre avec au fil des années. Aujourd'hui nous n'en sentons presque pas, sauf si le vent souffle fort. Ce sont des visiteurs et des passants qui ne supportent pas. Dès qu'ils arrivent à ce niveau, ils bouchent directement le nez. Nous nous sommes déjà trop plaints auprès des autorités tant nationales que provinciales au point de nous fatiguer. Combien de caméras de télévisions n'avons-nous pas vu défiler ici ? Aucune autorité dans cette ville vous mentira qu'elle ne connaît pas ce que nous vivons à Delvaux", nous a raconté Thomas Bolongo, interrogé sur l'avenue Boulevard.

Juste à côté, on trouve quelques "Malewa" (restaurants de fortune) dont certains en plein air. Leurs propriétaires exercicent normalement les activités malgré ces odeurs.

"Je vends ici depuis plusieurs années. Rarement je rentre avec la nourriture à la maison. Le plus souvent, la nourriture se termine entre 16h et 17h. La majorité de nos clients est constituée des vendeurs du marché. Quelques jeunes du quartier viennent également manger ici. Nous sommes habitués de vivre avec ces odeurs car nous n'avons pas de choix. Nous avons nulle part où aller", nous a relaté Maman Mado, tenancière d'un Malewa.

Pour les passants, c'est très difficile de supporter. Même quand on est à l'intérieur d'un véhicule qui roule à vive allure, les passagers bouchent le nez.

"Je ne peux jamais passer à ce niveau sans boucher le nez. C'est impossible. Imaginez-vous monsieur le journaliste que les odeurs traversent même le cache-nez. On est donc obligé d'ajouter la main ou autre chose au-dessus du cache-nez, surtout lorsque le véhicule s'arrête. Je ne sais pas comment ces gens qui vendent ici ou ceux qui vivent dans les alentours arrivent à supporter ces odeurs. Curieusement certains sont là depuis des années mais sont visiblement en bonne santé. C'est vraiment très étonnant", a témoigné Marie, passagère d'un taxi qui quittait Kintambo-Magasin pour l'UPN.

Parfois des inconnus mettent le feu sur cette décharge. Une épaisse fumée s'y dégage et s'engouffre dans des habitations et même dans les installations d'une maternité des soeurs religieuses qui se trouve à quelques mètres de là. Selon des témoignages recueillis, c'est souvent pendant la saison sèche que cette fumée s'y dégage. Plusieurs familles ont dû même déménager à cause de ça.

Bienfait Luganywa