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Avec l'appui financier de l'USAID (Agence américaine au développement, ndlr) et le soutien technique de l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM), l’Agence pour la Prévention et la Lutte contre la Traite des Personnes (APLTP) a organisé, mercredi 18 mai, à Kinshasa un atelier de plaidoyer auprès des députés nationaux concernant le projet de loi sur la traite des personnes
Pour convaincre les élus nationaux de l'urgence de ce projet de loi, le coordonnateur adjoint de l'APLTP, Eric Kunku, leur a dit que la traite des personnes vise à ôter à l'être humain sa dignité. À l'en croire, la responsabilité revient donc présentement à l'Assemblée nationale afin de permettre à la RDC de mettre fin à cette forme d'esclavage moderne sur son territoire.
"Ce projet de loi a l'avantage d'enrichir le Code pénal congolais, en particulier la section 5 du titre 1er, en y ajoutant un arsenal d'infractions en matière de traite des personnes visant essentiellement la protection de la dignité humaine, tel que consacré par l'article 16 de notre constitution. Car, la traite des personnes a pour objectif d'annuler, par l'exploitation de l'homme par l'homme, tous les droits et valeurs rattachés à une personne en la transformant en une simple chose. C'est donc pour bannir cette forme d'esclavage moderne (...) que nous nous retrouvons ici pour un plaidoyer soutenu à l'actif du projet de loi sur la traite des personnes. La responsabilité est à tous les niveaux. Pour l'heure, c'est la réponse de l'Assemblée nationale qui va déterminer l'option que la RDC prendra en matière de protection des victimes de traite des personnes", a-t-il dit.
Et pour le chef de mission de l'OIM en RDC, Fabien Sambussy, l'absence d'une loi spécifique criminalisant la traite des personnes rend les magistrats impuissants face aux criminels. D'où, a-t-il martelé, l'urgence de programmer le débat de ce texte à la plénière.
"Nous lançons un cri d’alarme auprès de tous les honorables députés en les invitant à programmer le débat et le vote du projet de loi sur la traite des personnes aussitôt que possible. L’absence d’une loi spécifique sur la traite des personnes offre un terreau favorable aux trafiquants d’êtres humains et laisse les magistrats désarmés, impuissants. Les victimes, qui sont principalement des femmes et des enfants, en souffrent terriblement. De plus, l’absence d’une loi qui criminalise la traite des personnes pourrait, dans les mois à venir, constituer une entrave nuisible pour l’aide publique au développement de la RDC, dans le cadre de la coopération internationale", a-t-il déclaré.
Pour sa part, la présidente de la Commission Genre, famille et enfant de l'Assemblée nationale, Christelle Vuanga, cet atelier a outillé les députés nationaux pour qu'ils soient convaincants le jour du débat sur ce projet de loi en plénière. Elle a, par ailleurs, promis de demarcher pour que cette plénière soit convoquée le plus rapidement possible.
"Cette loi va combler un vide juridique. Des filles et des enfants sont amenés outre-mer pour faire des services non appropriés. Et jusque-là, la RDC n'a pas une loi spécifique qui réprime des pratiques de traite des personnes. Heureusement que le projet de loi a été directement envoyé à la Commission Genre, famille et enfant, car la majorité de victimes sont soit des femmes, soit des enfants. C'est un honneur pour nous d'accueillir cet atelier car il va contribuer au renforcement des capacités des députés nationaux, car ils ont besoin des arguments pour défendre ce projet de loi lors de la grande plénière et en Commission. Avec l'APLTP et l'OIM, nous allons rencontrer différents collègues députés afin de les convaincre pour que ce projet de loi soit voté rapidement", a-t-elle promis.
Signalons que c'est depuis le 12 décembre 2021 que ce projet de loi avait été adopté en Conseil des ministres, avant qu'il ne soit transmis à l'Assemblée nationale par le ministre des Droits humains, Fabrice Puela. Il criminalise, entre autres, l'enrôlement forcé des enfants dans les groupes armés, la prostitution forcée des femmes et filles, la servitude domestique, la mendicité forcée des enfants et leur exploitation dans les mines.
Bienfait Luganywa