RDC : La société civile lance la note de plaidoyer qui reprend les avis des communautés locales sur la prochaine politique nationale de l'énergie 

Jeudi 12 mai 2022 - 12:37
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Au cours d'une cérémonie organisée à Kinshasa le mercredi 12 mai 2022, 12 organisations de la société civile, réunies au sein de la "Dynamique Pole", ont lancé la note de plaidoyer sur la politique nationale énergétique. Ce plaidoyer vise à pousser le pouvoir public afin qu'il permette l'accès pour tous à l'énergie d'ici 2030.

Ce document qui est la "vision de la société civile congolaise pour l'accès pour tous à l'énergie" a été rédigé à l'issue d'un processus des consultations organisées dans 24 villes du pays depuis 2020. Avant ces consultations en milieux urbains, des forums communautaires avaient également été organisés dans 120 localités, mobilisant au passage 4.300 personnes. Ce sont les avis de ces personnes, ceux de la société civile et ceux d'autres parties prenantes qui constituent l'essentiel de ce plaidoyer, censé être pris en compte par la politique nationale énergétique en cour d'élaboration.

Pour Emmanuel Musuyu, secrétaire exécutif de CORAP, l'organisation qui a coordonné ce processus, la réforme du secteur de l'énergie doit tenir compte des avis des communautés locales et de la société civile, contrairement à d'autres réformes que la RDC a déjà réalisées.

"Nous y sommes parvenus après la mise en place depuis 2020 d'un processus qui nous a permis de consulter les communautés locales, la société civile et autres parties prenantes du secteur de l'énergie à travers le pays, notamment les experts du ministère de l'énergie en provinces et des entreprises privées. Nous les avons consulté parce que la RDC souffre encore du problème d'accès à l'électricité qui impacte tous les secteurs de la vie. En milieu rural surtout, les enfants qui étudient ont du mal à réviser leurs cours la nuit, ce qui impacte le niveau de l'éducation. Des centres de santé ont du mal à fonctionner parce qu'il n'y a pas d'électricité. Bien au-delà, on ne peut pas développer des activités économiques au niveau local faute toujours d'électricité", a-t-il déclaré.

Et d'ajouter : "Face à ce problème, la société civile et les communautés locales ont un mot à dire. A l'occasion du processus mis en place par le gouvernement pour l'élaboration de la politique nationale énergétique, la population devrait justement apporter sa contribution. Vous allez vous rendre compte qu'il y a beaucoup de réformes qui sont engagées au niveau du pays mais qui ne prennent pas en compte l'avis de la population. Pour le secteur de l'énergie, on voulait se rassurer effectivement que la population a sa part".

Dans cette note de plaidoyer, les personnes consultées ont défini 9 niveaux d'exigences. Le 1er niveau exige l'accès pour tous à l'énergie par exemple pour avoir la lumière et la possibilité de charger son téléphone. Le 2e niveau exige de fournir à la population de l'énergie pas seulement pour la lumière, mais aussi pour la radio et la télé. Du 3e au 5e niveau, l'exigence est pour de l'énergie capable de faire fonctionner des appareils électroménagers comme le congélateur. Les avis récoltés montrent que la population tient mordicus à accéder d'ici 2030 à l'énergie du niveau 3 au minimum.

Pour ces organisations, le gouvernement devrait privilégier des projets décentralisés car ils sont moins coûteux, rapidement réalisables et moins contraignants du point de vue environnemental. Elles martèlent que "depuis 2013 le gouvernement a passé son temps à développer le projet Grand Inga et bien d'autres mais aucun n'a jamais été concrétisés suite à leurs coûts respectifs trop élevés.

Le représentant du secrétaire général du ministère de l'énergie et ressources hydrauliques a promis que "ce plaidoyer qui traite les préoccupations de l'arrière-pays sera  certainement endossé par la politique nationale de l'énergie et deviendra un outil de travail qui permettra que toutes les formes d'énergies puissent être valorisées selon les spécificités propres à chaque région".

Notons que la RDC est l'un des pays ayant le plus faible taux d'électrification en Afrique, alors qu'elle a des potentiels énergétiques hydraulique de 100 GW et de 70 GW du solaire. Actuellement moins de 10 % de la population congolaise dispose d'un accès à l'électricité. En milieux ruraux la situation est plus dramatique, où seulement 1 % de la population a accès à l’énergie électrique.

Lors du forum sur l’énergie électrique de la RDC, tenu à Matadi en août 2019, le président de la République Félix Tshisekedi avait promis de relever à 30% le taux d'électrification du pays d'ici 2023.

Bienfait Luganywa