Les opérations de la société pétrolière Perenco Rep dans le territoire de Moanda, province du Kongo Central, exposent les populations locales à de fortes concentrations en benzène et d'autres polluants nocifs ( COV, HAP, etc) contenus dans les fumées et vapeurs des hydrocarbures.
C'est ce qu'indique un rapport d'évaluation publié, ce jeudi 14 avril 2022, par l'organisation Ressources Naturelles et Développement ( RENAD Asbl), avec l'appui technique et financier du programme Gouvernance des Industries Extractives (PGIE) du Centre Carter.
Pour le docteur Bel Ange Birhakeka qui a présenté la partie liée aux impacts sur la santé, le Benzène est une composante chimique qui provoque plusieurs maladies chez les humains dont le cancer de sang.
"Le benzène est un composé organique chimique qui appartient à la famille des hydrocarbures qui, par inhalation ou injection affecte le système nerveux central, provoquant notamment des assourdissements, des nausées, des vomissement, des céphalées et de la somnolence. Cela affecte également la moelle osseuse, avec comme conséquences les hémorragies sévères, le cancer du sang, des inflammations pulmonaires, la congestion rénale ou d'œdème cérébral et des désordres reproductifs ( menstruations anormales, perte excessive de sang pendant l'accouchement et avortement spontané)", a-t-elle affirmé.
Le rapport de RENAD dénonce aussi le torchage à gaz que fait la Perenco qui , souligne-t-il, a des conséquences négatives sur les rendements agricoles. Il soutient que la production agricole a considérablement baissé dans les zones affectées par les exploitations pétrolières de la Perenco à Moanda.
"Les opérations de la Perenco ont une incidence négative sur le droit à une nourriture suffisante des populations locales. Nous dénonçons dans ce rapport, l'expropriation des terres et l'absence des terres arables de remplacement, le torchage à gaz qui occasionne le déclin des pollinisateurs et la pollution des eaux. Il faut aussi noter que les bruits émis par les engins de la société ont contribué à éloigner le gibier", a déclaré pour sa part ma cordonnatrice de RENAD, Nicole Bila.
Toujours dans le registre de la santé, l'étude souligne que les populations de Moanda consomment de l'eau insalubre à la suite des déversements des hydrocarbures, des bruts, des déchets et des boues dans les rivières.
Dans les recommandations, le rapport demande au gouvernement d'interdire le torchage de gaz à ras le sol, de signer un arrêté ministériel fixant les modalités de ce torchage de gaz et de matérialiser le Fonds pour les générations futures dans le secteur des Hydrocarbures.
À la société Perenco, le rapport recommande de délocaliser instamment les villages et les champs des cultures situés à moins de 1000 mètres des installations pétrolières, en les indemnisant de manière juste et équitable, de mettre en place un cadre de dialogue multi acteurs et de réparer les dommages et préjudices causés aux communautés affectées.
Orly-Darel Ngiambukulu