RDC : La LUCHA exige la libération sans condition de ses 13 militants incarcérés à Beni 

Jeudi 24 février 2022 - 15:02
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Le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) demande la relaxation sans condition de ses 13 militants. Ces derniers ont été interpellés lors d'une marche organisée au mois de novembre de l'année passée contre la 13è prolongation de l’état de siège au Nord-Kivu. Détenus à la prison de Beni, ils sont accusés d’insurrection, d’incitation à la révolte et à la désobéissance aux lois de la République. 

Au cours d'une conférence de presse tenue ce jeudi 24 février 2022 à Kinshasa, Me Joseph Bope, militant de la LUCHA, déplore la léthargie de la justice militaire qui traîne le pas à rendre son jugement sur les faits mis à charge de ses camarades qui n'ont fait que revendiquer leur droit à la vie et à plus de sécurité. 

« Quand des innocents sont devant la justice, on ne peut que demander leur libération. On ne voit pas le mal commis par nos camarades s'ils ont revendiqué la paix. Nous avons notre camarade qui a perdu la vie parce qu'il revendiquait la paix. Vous vous rendez compte ? Mettez-vous à la place de nos amis de l'Est, ceux qui sont à Beni qui se réveillent un certain matin et retrouvent leurs proches décapités. Ils se retrouvent parfois dans une situation où les bras de leurs mères sont coupés. Ces mamans là sont tuées par machette. Nos frères et sœurs de l'Est vivent un traumatisme que nous ne pouvons expliquer. Au-delà de ce traumatisme, vous arrêtez ces jeunes qui revendiquent pacifiquement. On ne vous enverra pas des images où les militants de la LUCHA jettent des projectiles contre la police. C'est plutôt la police qui vient saccager les actions de la LUCHA. On nous chante l'État de droit qui est aussi le fait de laisser la justice faire son travail pour le développement du pays. Si la justice est toujours sous influence des politiques, rien ne pourra aller de l'avant », a-t-il déclaré. 

Pour la LUCHA, cette réalité prouve à suffisance que l'état de siège a engendré des difficultés énormes d'accès à la justice pour les citoyens dont les droits sont violés ; les tribunaux militaires habilités à juger toutes les infractions, mais qui sont peu nombreux et ne garantissant nullement un procès équitable, juste, rapide et impartial. 

Hormis le dysfonctionnement de l'appareil judiciaire et le regain des violences et de la terreur causées par les rebelles, ce mouvement citoyen condamne « une hausse inquiétante des violations de droits de l'Homme et une forte restriction de l'espace civique ayant conduit à l'assassinat de son militant Mumbere Ushindi en date du 24 janvier dernier ». 

Face à cet état de choses, la LUCHA réclame la suspension du maire de la ville de Beni nommé Narcis Kashale Muteba ainsi que du commissaire supérieur de la police ville de Beni François Kabeya « pour avoir tenu des propos qui ont poussé au meurtre de son membre ». 

Elle exige « une évaluation rigoureuse et sans complaisance de l'état de siège, ce qui conduira sans doute à sa levée ainsi qu'à la démilitarisation de l'administration et de la justice pour permettre aux militaires de se concentrer uniquement à la traque des forces négatives ». Elle appelle aussi à la mise à l'écart définitive de tous les officiers soupçonnés de graves violations des droits de l'Homme en invitant la justice à les poursuivre. 

Opposée à l'état de siège décrété en Ituri et au Nord-Kivu en mai dernier, la LUCHA continue à multiplier des appels pour la cessation de cette mesure à cause de son "inefficacité" à résorber la crise sécuritaire. En novembre dernier, 13 de ses militants ont été interpellés pour avoir manifesté contre la 13è prolongation de l’état de siège au Nord-Kivu. Actuellement, ils sont en détention à la prison de Beni en attente du verdict du Tribunal militaire de garnison de Beni. 

Merveil Molo