Le Groupe d'Etude sur le Congo (GEC), un centre de recherche basé à l'université de New-York en partenariat avec Ebuteli, a organisé un forum sur la rédevabilité des députés nationaux particulièrement ceux du Grand Katanga à Lubumbashi, le mercredi 16 février 2022.
À cette occasion, un rapport détaillé sur le travail réalisé par les élus nationaux lors de la session de septembre dernier a été donné par les chercheurs de ce centre aux différentes couches de la population lushoise.
Trésor Kibangula, directeur de communication de GEC, interrogé par 7SUR7.CD, a précisé que des rapports parlementaires des députés de cette région montrent que plusieurs élus ne rendent pas leurs comptes à l'Assemblée nationale.
« Parmi les circonstances du Katanga, certaines n'ont pas vu leurs députés. Il s'agit de Kapanga au Lualaba, Kalemie Ville, Kabalo et Moba dans le Tanganyika. Les chiffres sont inquiétants. 287 sur 500 députés nationaux ont déposé leurs rapports des vacances parlementaires, autrement dit, 42% des mauvais élèves », a-t-il expliqué.
Après ce rapport qui a été donné en présence de Jean-Marc Châtaigner, ambassadeur de l'Union Européenne en RDC, un échange a eu lieu entre trois panelistes sur le thème : « Votre député travaille-t-il pour vous ? ».
À ce sujet, la députée nationale Ida Kitwa de la région du Katanga a rassuré que les élus travaillent bel et bien pour la population congolaise et que les propositions des lois ne peuvent pas venir seulement d'eux.
« Tout ce que nous avons voté lors de la session de septembre, ce ne sont que les initiatives des députés nationaux de l'opposition comme de la majorité parlementaire. C'est le gouvernement qui a sa politique et c'est lui qui doit nous ramener les lois en ce qui concerne par exemple les réformes institutionnelles avec d'autres lois dans d'autres domaines », a dit cette élue du Front Commun pour le Congo (FCC).
De son côté, Jeff Mbiya du cadre de Concertation de la société civile a fustigé le fait que les députés nationaux tout comme ceux provinciaux n'ont pas la culture de rédevabilité à l'égard de leurs électeurs.
« Plusieurs députés aujourd'hui ne font pas la restitution lors des vacances parlementaires et les chiffres viennent de le démontrer ici. Il n'y a même pas débat entre députés et le peuple. Malheureusement, ils confondent la visite de leurs sièges des partis politiques à la rédevabilité vis-à-vis de leurs électeurs », a-t-il remarqué.
Il a été soutenu par le professeur Georges Kasongo, spécialiste en sociologie politique de l'Université de Lubumbashi. Ce dernier a qualifié cette manière de faire des élus de « la fissure ».
« De manière structurelle, le problème est un peu plus profond au sein de la société parce qu'il y a une fissure assez profonde entre la société et les élus. Cette rupture est liée au fait que la population n'est pas suffisamment informée et sensibilisée sur le rôle du parlementaire en général. Qu'est ce que la population doit attendre de ses élus. Aujourd'hui, on demande parfois aux députés des ponts, ce qui ne revient pas comme rôle aux députés », a-t-il rappelé.
Il est à noter que Joshua Walker, directeur de programme du GEC, interrogé par 7SUR7.CD, a salué le débat qui a eu lieu entre les panelistes et les participants venus des partis politiques de l'opposition, de la majorité et de la société civile locale.
« Nous avons constaté premièrement qu'il y a une grande soif de la part de la population de pouvoir poser des questions directement à leurs élus et de pouvoir dialoguer avec eux sur les différentes questions qui les préoccupent. Nous avons aussi constaté que justement dans ce cadre là, le débat était très vif et c'est ça l'objectif de notre intervention ça veut dire de créer un cadre pour que ce genre de débat puisse avoir lieu », a-t-il conclu.
Il ressort de ce forum que ce genre de débat sera mis en ligne sur les réseaux sociaux et dans les médias partenaires de GEC afin de pousser les élus et leurs électeurs de se rencontrer de temps en temps.
Patient Lukusa, à Lubumbashi