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Mégapole de plusieurs millions d'habitants, la ville de Kinshasa produit plus de 10.000 tonnes de déchets par jour. Une partie de ces déchets est issue des ménages et une autre des espaces publics, tels que les marchés de fortune disséminés dans toute la ville, des hôpitaux sans incinérateurs qui produisent des déchets biomédicaux et parfois même des usines qui produisent des déchets industriels.
Certains de ces déchets sont recyclables et peuvent même être revalorisés en compost, alors que d'autres sont trop dangereux pour l'environnement car étant non biodégradables et toxiques, et qu'on en trouve même à l'air libre dans les quelques décharges publiques encore fonctionnelles à Kinshasa.
Raskin, Kin-bopeto,... impuissants face à l'ampleur des déchets à Kinshasa
La Régie d'Assainissement de Kinshasa (RASKIN) est le service public de l'hôtel de ville créé en 2008, chargé de coordonner toutes les opérations liées à l'assainissement et l'environnement, notamment la collecte, le transfert et le recyclage des déchets.
Selon les informations obtenues par 7SUR7.CD auprès des agents du ministère provincial de l'environnement de Kinshasa, RASKIN et ses ONG partenaires ne collectent qu'entre 800 et 1500 tonnes de déchets par jour. Pour Kin-Bopeto qui dépend directement du gouverneur contrairement à RASKIN qui dépend du ministre provincial de l'environnement, aucune donnée n'est disponible, bien qu'il emprunte souvent les matériels de travail de la RASKIN.
La destination des déchets collectés par la RASKIN
La finalité réservée aux déchets collectés par la Régie d'Assainissement de Kinshasa est en parfaite contradiction avec plusieurs instruments internationaux auxquels la RDC a souscrit, notamment le rapport de la commission Brundtland qui définit le développement durable comme "un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes, sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs".
Par manque des sites d'enfouissement, le seul qui existe à Mpasa est en abandon vu que la route pour y accéder est coupée par une érosion, l'hôtel de ville de Kinshasa par ses services habilités, préfère enterrer les déchets dans les érosions, dont 7SUR7.CD a pu recenser quelques sites.
Depuis début 2021, la RASKIN est en train de renflouer l'érosion de Masikita dans le quartier Binza-UPN à Ngaliema. Entre 2017 et 2019, la RASKIN renflouait le site érosif de Camping. Et entre 2019 et 2020, c'est le site érosif de Saint Maximilien, tous deux dans la commune de Selembao.
En 2018 c'est le site érosif de Nganda Sese à Kinkole qui accueillait les déchets, alors qu'entre 2018 et 2018, le site érosif de Kindele Mabanga et celui de Makayatombo, tous deux non loin de l’Université de Kinshasa, qui étaient concernés par le renflouage par des déchets collectés par RASKIN et ses partenaires.
Interrogé, un agent du ministère provincial de l'environnement qui a gardé l'anonymat, a reconnu que cette pratique a des conséquences néfastes sur l'environnement mais malheureusement c'est la seule alternative qu'ils ont pour le moment.
"Les déchets que nous collectons au niveau de la ville nous les acheminons dans les sites érosifs, et c'est contre l'environnement malheureusement. Nous déplaçons un problème pour aller créer un autre ailleurs", a-t-il déclaré.
Pour notre source, ces déchets enterrés dans plusieurs quartiers de Kinshasa, surtout les plastiques, endommageront à la longue la nappe phréatique de ces milieux, l'agriculture y sera pratiquement impossible vu l'appauvrissement du sol et les dioxyde de carbone pourra même se créer après plusieurs années au milieu de ces déchets plastiques.
Bienfait Luganywa