Plusieurs pays à travers le monde, en majorité ceux du Sud sont confrontés aux conséquences du réchauffement climatique alors qu'ils sont les moindres émetteurs des gaz à effet de serre qui sont à la base de ces changements.
Selon les données du droit et protection de l'environnement, partant du principe "pollueur-payeur", ce sont les pays pollueurs, avec en tête la Chine et les États-Unis, qui sont censés prendre en charge les conséquences découlant des changements climatiques. Malheureusement, précise la même source, ces pays eux-mêmes fixent le prix du carbone sans concertation avec ceux du Sud. Ce qui fait que la tonne du CO2 se négocie actuellement entre 2 et 5 dollars.
Et pourtant en 2017 déjà, poursuit-elle, la commission Stern-Stiglitz, composée d'économistes internationalement reconnus issus de tous les continents, avec l'implication de la Banque mondiale, avait chiffré le prix du carbone qui devrait se situer entre 40 à 80 dollars la tonne de carbone en 2020, puis augmenter progressivement de 50 à 100 dollars à l'horizon 2030 afin d'atteindre les objectifs de l'accord de Paris sur le climat qui recommande aux pays signataires de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre entre 1,5 et 2° Celcius.
En quête des solutions pour instaurer une économie post Covid-19 résiliente, Mari Elka Pengastu, directrice générale de la banque mondiale pour les politiques de développement et les partenariats, pense que la fixation du prix du carbone constituerait l'une de ces solutions et serait une occasion de décarboniser les économies de pays.
"La période que nous traversons est dans une certaine mesure idéale, puisque le fait d'établir un prix du carbone pourrait favoriser une reprise post-COVID résiliente, inclusive et durable, et contribuer à placer les pays sur une trajectoire de croissance sobre en carbone", déclare-t-elle dans un article publié le 26 mai dernier sur le blog de la Banque mondiale.
C'est ainsi que la Banque mondiale et certaines task forces qui lui sont affiliées, dont la Coalition des leaders de la tarification du carbone (CPLC), groupe de réflexion mis en place à l'issue de COP21 à Paris par des pays, gouvernements fédéraux et entreprises, pensent que tenir compte compte du rapport de la commission Stern-Stiglitz qui avait chiffré l'augmentation progressive du prix de carbone entre 50 et 100$ à l'horizon 2030 serait une solution pour redresser les économies des pays durement frappés par les conséquences de Covid-19 et les changements climatiques.
Lors du "sommet des leaders sur le climat" convoqué par le président américain Joe Biden du 22 au 23 mars dernier, le chef de l'Etat congolais, Félix Tshisekedi avait appelé les pays développés à revoir à la hausse le prix du carbone. Pour rendre justice aux pays de l'Afrique sérieusement touchés par les changements climatiques, il avait demandé que ce prix atteigne 100$ la tonne du carbone.
Bienfait Luganywa