Selon une étude publiée dans la revue Nature le 21 avril 2021 par l'Institut de recherche pour le développement (IRD) en collaboration avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), les forêts tropicales du bassin du Congo deviennent de plus en plus vulnérables et pourraient disparaître d'ici quelques décennies suite aux pressions anthropiques ou humaines et climatiques. Entre 2010 et 2020, 1,5 à 2 millions d’hectares de forêts ont disparu chaque année dans la zone Afrique centrale et de l’Ouest.
Avec une superficie de près de 3 millions de km2, ces forêts tropicales du bassin du Congo s'étendent jusqu'à 4 autres pays de l'Afrique centrale qui sont le Gabon, la République du Congo, le Cameroun et la RCA. Avec une biodiversité immensément riche, ces forêts tropicales abritent 30 milliards de tonnes de tourbières, capables d'atténuer 3 années d'émissions de gaz à effet de serre de toute la terre.
Dans son discours lors du sommet des leaders sur le climat organisé par le président américain Joe Biden du 22 au 23 avril dernier, le président Félix Tshisekedi avait alerté les autres leaders mondiaux sur les menaces qui pèsent sur ces forêts, tout en proposant quelques pistes de solutions.
"En toute franchise, ces forêts sont en danger. L'exploitation illégale du bois et d'autres matières premières, ainsi que la consommation incontrôlée d'énergie menacent le deuxième poumon du monde. Nous pouvons améliorer les conditions de vie des personnes vivant dans ces zones en combattant les activités de corruption et en mettant en oeuvre une production d'énergie durable et aussi les meilleures pratiques agricoles", a-t-il dit.
Pour Maxime Réjou-Méchain, écologue de l’IRD et qui a pris part à cette étude, la RDC qui détient à elle seule la moitié de ces forêts, est trop exposée suite notamment à l'agriculture sur brûlis, elle aussi due à la pression démographique.
"Le pays abrite la moitié des forêts tropicales d’Afrique centrale et combine à la fois des pressions anthropiques et climatiques. Il y a une démographie qui explose. On estime qu’entre 2000 et 2085, la population de la RDC va être multipliée par 7. Potentiellement à l’horizon 2085, il risque de ne plus rester grand-chose en RDC si rien n’est fait aujourd’hui", alerte-t-il.
Notons que parmi les solutions préconisées par cette étude, il y a l'empêchement d’isolement d’îlots forestiers pour préserver la biodiversité. Ceci permettrait de maintenir une connectivité entre les aires protégées pour une circulation des espèces animales et végétales, qui dispersent les graines d'une grande partie des espèces présentes pour la régénérescence.
Bienfait Luganywa