RDC-Insuffisance alimentaire : L'activiste agroécologique Nadège Bope appelle à relever le défi

Mercredi 17 mars 2021 - 16:28
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7SUR7.CD

A l'occasion du mois de mars dédié aux droits de la femme, Nadège Bope activiste agroécologique a, au cours d’une interview accordée à 7SUR7.CD, invité les femmes à rejoindre sa dynamique pour contribuer à relever le defis de l'insuffisance alimentaire et de la pauvreté en RDC.

L'agroécologie est un ensemble des méthodes de production agricole respectueuses de l'environnement.

Ci-dessous l'intégralité de son interview :

 
7SUR7.CD : Quelle différence existe entre l’agroecologie et l'agriculture traditionnelle ?

Nadège Bope : Il  n’y a pas de différence car l’agroécologie est un domaine de l’agriculture. En des termes simples, l’agroécologie ou agriculture écologique est une forme d’agriculture qui interagit avec l’environnement. C’est une science qui applique les principes de l’écologie à l’agriculture en matière de préservation et de conservation de l’environnement. L’agroécologie peut donc être considérée comme une agriculture respectueuse de l’environnement, une agriculture durable.

7SUR7.CD : En tant que femme, il vous est facile d'évoluer dans ce domaine ?

Nadège Bope : Je suis tellement passionnée qu’il m’arrive parfois d’oublier qu’il y a des entraves à mon épanouissement en tant que femme. Mais, si je me permets d’affirmer qu’il est facile d’œuvrer dans ce domaine en tant que femme, je remettrais en cause la réalité sociale sur les violences basées sur le genre dont les femmes sont victimes dans tous les domaines de la vie. Il m’est déjà arrivé d’être plusieurs fois victime des discriminations sexistes, chose qui ne rend pas la tâche facile.

7SUR7.CD : La femme rurale peut-elle aussi pratiquer l'agroécologie, avec ses outils rudimentaires ?

Nadège Bope : Les femmes rurales représentent 60% de la main d’œuvre dans la production agricole. Vu ce facteur important et les enjeux actuels liés à l’environnement entre autres les changements climatiques avec ses conséquences néfastes sur l’activité agricole, les femmes rurales ont intérêt à abandonner certaines pratiques agricoles non respectueuses de l’environnement pour faire de l’agroécologie afin de contribuer à la lutte contre les changements climatiques et de bénéficier d’énormes avantages qu’offre une agriculture durable aussi bien sur plan économique que social.

7SUR7.CD : Comment vous êtes vous retrouvée dans ce secteur ? Est-ce par orientation ou vous étiez inspirée par quelqu'un ?

Nadège Bope : J’ai été inspirée par Wangari Maathai, une militante écologique de nationalité Kenyanne et la première femme africaine à avoir obtenu le Prix Nobel de la paix, que j’ai choisie comme modèle. J’ai découvert Wangari quand j’étais encore en 5è des humanités dans un texte de mon cours d’Anglais. Après avoir pris connaissance de son parcours, un nouveau chapitre de ma vie commençait à s’écrire dans mon esprit en ces termes : Je veux devenir Wangari. Depuis ce jour-là, je m’inspire tous les jours de son parcours, et je construis mon rêve et ma passion sur ses pas de scientifique, militante et actrice de développement pour la cause du développement durable.

7SUR7.CD : Nous importons la grande partie des aliments que nous consommons,  créant ainsi un déséquilibre dans la balance commerciale du pays. Pensez-vous que l'agroécologie serait une solution à ce problème ?

Nadège Bope : Nous avons la solution entre nos mains. Nous pouvons décider aujourd’hui à ne plus importer les aliments afin d’assurer nous-mêmes notre sécurité et souveraineté alimentaire. Nous avons des ressources naturelles qui peuvent nous aider à arriver à cette fin et nourrir environ 2 milliards de personnes au monde, selon une étude de la FAO.

7SUR7.CD : Puisque vous y oeuvrez déjà, croyez-vous que ce secteur a-t-il de l'avenir dans notre pays ?

Nadège Bope : La RDC étant un scandale naturel avec un énorme potentiel agroécologique dont plus de 80 millions d’hectares de terres arables, la forêt du bassin du fleuve Congo, 2e poumon écologique au monde, une hydrographie immense, je dirai non seulement que ce secteur a de l’avenir dans notre pays mais aussi il est l’avenir de notre pays à condition qu’il soit pris en compte comme une priorité dans les efforts de croissance économique avec une vision claire de développement, reposant sur une planification incluant les problèmes réels de la population accompagnée d’un vrai engagement et d’une sérieuse volonté politique.

7SUR7.CD : Que pouvez-vous dire à d'autres femmes concernant le travail que vous faites, qu'est l'agroécologie ?

Nadège Bope : Aux jeunes femmes qui se cherchent encore dans la vie, je leur dirai que la terre ne ment pas. Et que l’agriculture est sexy. Qu’elles viennent rejoindre la dynamique pour qu’ensemble nous puissions contribuer à relever le défi de l’insuffisance alimentaire et de la pauvreté dans notre pays. Aux femmes agricultrices qui luttent tous les jours dans les champs en manquant de ressources nécessaires, victimes des inégalités et de l’injustice sociale, je dirai qu’elles tiennent bon, qu’elles ne baissent pas les bras, nous continuerons à militer pour plus de justice en leur faveur et demain sera meilleur.

Interview réalisée par Gloria Mbuya et Bienfait Luganywa