Réforme de la CENI : Les masques des impérialistes sont tombés ! (Tribune)

Lundi 24 août 2020 - 08:18
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Photo droits tiers

Quelques esprits éveillés dans les milieux patriotiques avaient déjà flairé derrière les initiatives sur la « réforme » de la CENI et du système électoral de malins souffleurs étrangers au service des intérêts des ultra-libéraux et néocolonialistes occidentaux. Ces acteurs ont montré le bout de leur nez avec l’arrivée de Bruxelles dans le débat (Union européenne et Belgique, par des « enquêtes » et contacts confiés depuis plusieurs mois à l’Université de Liège) et de Washington (la sortie du porte-parole officieux Herman Cohen) et, tels des éléphants dans un magasin de faïence, ils viennent de bruyamment entrer en scène, de façon ostentatoire et assumée, avec la convocation par leur agent de quelques ténors de la politique congolaise au fameux « Forum » dès ce lundi 24 août 2020.

Du coup, a volé en éclats et est crevé comme une baudruche le bruyant et médiatique « Appel » dit « des 13 », avec tout ce qui était présenté comme réflexions et idées propres de ses initiateurs.

L’INITIATEUR ET L’ACTEUR DE LA « REFORME » C’EST BIEN L’OCCIDENT

Oui, les vrais auteurs des initiatives visant la « réforme » de la CENI et de la législation électorale, sont bel et bien ailleurs qu’en RDC, Washington ayant parlé, Bruxelles commis à la mise en œuvre et agissant par l’agent Liège Université.

Oui les Congolais, tous bords confondus, CENCO, « grands partis politiques », « grands leaders, société civile, e tutti quanti, ne sont que des convoqués, tandis que sont ignorés l’Appel et ses auteurs. L’« Empire» ayant parlé, la colonie périphérique se tait et s’exécute.

Le décor est planté pour l’ouverture et le déroulement du Forum belge sur les lois congolaises régissant les élections congolaises, par les représentants de l’Occident qui en tiennent les manettes.
La lecture des « termes de référence » et de la « Note d’orientation » imposés par l’Occident montre en effet que les « acteurs » ne sont pas les partis et leaders congolais présélectionnés, pudiquement présentés par l’organisateur unique comme « responsables des partis et groupements » ayant « indiqué leur volonté de contribuer au cadre de concertation et aux travaux » : - FCC - MWILANYA Néhémie, Coordonnateur ; - UDPS – KABUND Jean-Marc, Président a.i ; - UNC – BOJI Aimé, Secrétaire général a.i ; - Ecidé – FAYULU Martin, Président national ; - Nouvel Elan - MUZITO Adolphe, Président national ; - Ensemble pour la République – KATUMBI Moïse, Président national ; - MLC – BEMBA Jean-Pierre, Président national.

Nos leaders nationaux connus et reconnus ainsi ignorés comme concepteurs et acteurs de nos lois parmi les plus importantes, réduits au rang de simples participants, destinataires d’initiation et de formation aux lois et techniques électorales, auxquels on va apprendre le B-A BA des élections.

Oui, vous avez compris, nous ne sommes pas en 1957 ou 1960, alors que les Congolais s’initiaient à leur première expérience des élections, ni même en 2006 à la suite de l’adoption de la nouvelle constitution et des lois sur la CEI et sur les élections. Nous sommes bel et bien en 2020, la veille d’une quatrième expérience électorale en démocratie. Moralité, l’Occident a décrété que les Congolais n’ont encore rien compris du système sophistiqué des élections démocratiques et qu’il est temps de les instruire.

Il s’agit en effet, selon les documents de l’organisateur européen, d’un « séminaire » de formation et de « renforcement » des capacités, dans le but de susciter le consensus entre les participants. Une panoplie de « experts » choisis par l’organisateur occidental va inculquer les connaissances nécessaires à ces leaders congolais, en droit électoral, « droit et systèmes électoraux, droit constitutionnel, renforcement des capacités ».

DEHORS, LES INSTITUTIONS DE LA RÉPUBLIQUE

Quand on parcourt la liste des « partenaires » pour ce « forum », on y trouve :

1.Missions nationales d’observation électorale (AETA, Commission Episcopale Justice et Paix, Eglise du Christ au Congo, Synergie des Missions d’observation citoyenne des élections – SYMOCEL) ; avec l’attention particulière à « veiller à ce que le rapport du Forum du Consensus de la Réforme électorale puisse intégrer les préoccupations de la Société civile et valider les 4 propositions issues de ce dit Forum en fonction des standards internationaux des élections » ; ​                   

2. Partenaires bilatéraux et multilatéraux de la RDC : Jouer un rôle d’opposabilité des conclusions du Forum… »  

3. Université de Liège (Belgique) : Sous la direction du Professeur Bob Kabamba, Organiser, superviser les travaux préparatoires, travaux du Forum du Consensus, rédaction des différents rapports.

Rappelons que dans tous les Etats normaux, les premiers acteurs de la législation, quelle qu’elle soit, sont les institutions étatiques, parlement et gouvernement ; en Belgique justement, par exemple, c’est la majorité parlementaire, presque toujours une coalition, c’est cette dernière qui est la matrice de toutes les lois et réformes concernant le fonctionnement de l’Etat et la gouvernance de la société, spécialement la matière politiquement cruciale et stratégique qui touche aux élections.

Au contraire, l’initiative occidentale ne fait « agir » qu’une nébuleuse sans légitimité ni qualité, le magma fait de leaders et partis politiques de son choix, d’une constellation appelée société civile, sans reconnaître ni attribuer aucun rôle aux institutions congolaises, méprisées au point de n’être même pas indirectement visées, citées nulle part et à aucun niveau de la « réflexion ».

On voit d’ailleurs, que pour l’organisateur délégué belge, l’opposabilité, c’est-à-dire l’autorité ou le caractère obligatoire des résultats du « Forum » ne dépend pas de leur validation par prise en charge par les institutions de la République, mais par la « garantie d’opposabilité », office exercé par les « Partenaires bilatéraux et multilatéraux de la RDC », chargés de « jouer un rôle d’opposabilité des conclusions du Forum… » (Je cite ici les documents de l’agent commis à l’ouvrage, Liège Université).

PRIME AUX APPETITS DES POLITICIENS ET ABSENCE TOTALE DU « PEUPLE »

Les documents liégeois sont clairs :
« Tout processus électoral doit être approprié par toutes les parties prenantes en général et en particulier, par les politiques. Car, c’est par les élections qu’ils représentent la population et exercent le pouvoir, principale motivation » 
« Le Forum du Consensus de la réforme électorale efficiente en RDC ainsi proposé vise entre autres à parvenir à un consensus entre les principales forces politiques. »

« Pour une meilleure efficience démocratique, toute réforme électorale doit être concertée et issue d’un consensus entre parties prenantes. Car, dans un pays en contexte de fragilité comme la Rdc, un processus électoral doit être approprié par les acteurs politiques. »
De fait, une telle réforme ne concerne et n’intéresse que les politiciens, dont, comme le disent ces documents, la « principale motivation » est d’« exercer le pouvoir » ; traduit simplement et empiriquement en français facile, cela signifie que leur principale motivation est le pouvoir, c’est-à-dire les postes, ainsi que les nombreux avantages, position sociale et avantages matériels.

Il est symptomatique que nulle part « électeurs » ou « peuple » ne sont cités, ni encore moins considérés comme devant eux aussi s’approprier le processus électoral, ni intéressés pour participer à la « crédibilisation » du processus, leur  confiance en ce dernier n’étant pas jugé nécessaire ni utile. Electeurs et peuple ne sont que « objet » de la politique, servant à peine aux politiciens pour atteindre leur objectif d’accéder aux postes politiques juteux.

LES ELECTIONS NE SONT PAS UNE FIN EN SOI

L’Occident a faussement présenté les élections comme une fin en soi, toute la vie et l’action politiques ne se manifestant que par les élections, élections à tout prix, élections contre vents et marées. L’Occident, par l’intermédiaire de la France, croyant dans la force magique des élections, avait imposé les élections à un Mali en guerre, divisé et amputé d’une partie de son territoire, ou encore à une République Centrafricaine à feu et à sang, déchiquetée en petits îlots occupés par des groupes et milices armés rivaux.

Depuis, dans ces deux pays pris ici en exemple, les élections ont déjà été organisées à deux reprises, on n’y voit ni démocratie ni paix ni Etat fonctionnant harmonieusement, ni développement ni prise en charge des problèmes existentiels du peuple. Et l’Occident nous enferme dans le piège des élections pour les élections, les élections-fin démocratique en soi, le nec plus ultra, le sésame pour la stabilité, la paix, le développement économique et le bien-être des peuples ; tout dans cette énumération est faux au concret.

N’oublions pas que, suscitant et alimentant à chaque échéance la contestation, utilisant ses divers relais locaux, l’Occident nous a enfermés, entre les élections de 2006 et celles de 2018, dans un seul débat, les élections, pour maintenir ou exclure tel, que tel « dégage » ou « demeure à jamais », etc. Et, là, on est préparé à engager un nouveau cycle de « élections à tout prix », réforme électorale, réforme de la CENI etc., dans un pays où c’est tout l’édifice étatique, branlant et en ruines, qu’il faut restaurer et refonder pour que quelque réforme que ce soit puisse s’accrocher à une réalité et non à une fiction d’Etat.

Ce remake a pour effet, (est-ce aussi pour objet ?) d’annihiler toute chance de réussite du mandat Fatshi, le Président entraîné, avec les autres leaders et, surtout, avec toutes les institutions, dans les chamailleries politiciennes autour du contrôle de la CENI et de recherches des astuces pour avoir une législation électorale égoïstement favorable, etc., pour ne pas avoir le temps de s’occuper du bien-être du peuple.

C’est pour cela qu’en Occident et dans les milieux locaux à sa solde, on parle volontiers de « jeu politique » comme si un pays et un Etat comme les nôtres ont le temps de se permettre le luxe de JOUER. Alors que nous avons à organiser notre société en un Etat et une république modernes, solides garants de l’édification de la Nation et du renforcement de l’unité nationale, capables de performances au service du bien-être du peuple.  

NECESSITE D’UNE COALITION DE PATRIOTES CONTRE LE RETOUR EN FORCE DE L’IMPERIALISME

Certains ont crié « A bas le projet diabolique de l’Université de Liège », l’on sait également que certaines composantes de la société civile ont manifesté leur résistance à ce projet lors des « enquêtes » menées par l’agent belge, aujourd’hui elles ne figurent pas parmi les convoqués de Liège au « Forum ».

Certaines forces politiques dénoncent l’initiative comme inspirée par une force politique avide de contrôle et de la CENI, et du processus électoral et des institutions de l’Etat ; nous notons seulement ce rejet.
Pourtant, tous les détails que nous avons révélés ici à travers les documents officiels de l’organisateur occidental, le financement européen de la phase préparatoire et du déroulement pendant une semaine du Forum lui-même, l’ouverture par un discours officiel de l’Union européenne, enseignements par ses experts et ceux unilatéralement choisis par ses soins et clôture par son représentant, tous ces détails montrent à suffisance la volonté de contrôler les élections et les institutions qui en émaneront.

Contre cet impérialisme méprisant se lèveront les vrais patriotes, le Congo et les Congolais sont capables de se prendre en mains, car l’histoire du Congo se sera plus écrite ni à Bruxelles, Paris ou Washington, mais ICI au Congo par ses propres fils. Fidèles au testament de Patrice.

Tribune du professeur Mampuya

 

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