Afin de consolider la première alternance politique pacifique en RDC, intervenue le 24 janvier 2018, plusieurs observateurs pensent qu'il est temps pour l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis (USA) de lever les sanctions (gel des avoirs et restriction des visas dans les espaces Schengen et américain) prises à l'encontre de certains dignitaires civils et militaires de l'ancien régime, dirigé par l'ex président de la République Joseph Kabila.
Ils estiment que les raisons pour lesquelles ces sanctions avaient été prises, entraves au processus électoral et violations graves des droits humains, sont devenues caduques, avec la récente évolution politique en RDC.
Tenez depuis l'alternance, les exilés politiques les plus emblématiques, que sont notamment Moïse Katumbi et Mbusa Nyamwisi, ont regagné le pays.
L'ancien gouverneur de l'ex province du Katanga, bête noire de l'ancien régime, a vu son avenir judiciaire s'éclaircir, notamment dans l'affaire de spoliation immobilière dans lequel un mandat de prise de corps avait été émis à son encontre.
Les poursuites judiciaires politiquement motivées contre Katumbi sont un lointain cauchemar à la faveur de l'alternance.
Katumbi a également recouvré sa nationalité congolaise d'origine. Oublié la désactivation et le non renouvellement de son passeport congolais au motif qu'il est citoyen italien.
La décrispation politique prônée par le président Félix Tshisekedi est effective à travers notamment la libération des prisonniers politiques. Une vague de 700 prisonniers ont été élargis.
Parmi eux figurent les opposants comme Franck Diongo, Diomi Dongala et Firmin Yangambi.
La détente politique s'observe aussi avec les manifestations publiques.
La plupart des marches ou sit-in de l'opposition et des mouvements d'eveil civique ne sont plus desormais réprimées dans le sang comme par le passé.
Sur le plan médiatique, on perçoit une évolution dans le traitement de l'information par la chaîne publique : RTNC (Radio Télevision Nationale Congolaise).
Le nouveau leadership au sommet de l'État a rouvert la Maison Schengen, devenue Centre européen de visas. Fermée lorsque la crise avait atteint son paroxysme entre le gouvernement congolais et la Belgique, l'ex Maison Schengen délivre à nouveau des visas courts séjours aux congolais désirant se rendre en Europe.
Les nouvelles autorités sont en train de normaliser les relations diplomatiques entre la RDC et les pays occidentaux.
C'est dans cette optique qu'un nouveau représentant de l'Union européenne en RDC sera accrédité après l'expulsion de Bart Ouvry, son prédécesseur.
Les sanctions occidentales ont assurément atteint leur objectif : une passation historique et paisible du pouvoir.
Leur maintien à l'heure actuelle est contre-productif.
Les personnalités sanctionnées sont désormais les partenaires du nouveau chef de l'État pro-changement.
Cet attelage ne peut fonctionner de manière optimale que si Félix Tshisekedi convainc l'UE et les USA, à lever les sanctions sans plus tarder.
Cela va normaliser la vie publique en RDC.
D'ailleurs, la puissante église catholique à travers la conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) s'est dite favorable à la levée des sanctions.
Selon le secrétaire général de la CENCO, qui s'est exprimé le 24 juin, les personnalités sous sanctions internationales ne représentent plus un danger pour la nation.
Pour lui, les considérations humanitaires plaident aussi pour cette levée des sanctions.
Cette dynamique doit donc se poursuive, pour que les sanctions soient levées rapidement ou bien, dans le pire des cas, qu'elles ne soient plus reconduites.
CP/ Zéphyrin Kanyinda