En plus d’un usage rationnel de l’énergie, l’initiative aurait l’avantage de dégager la responsabilité sociale aussi bien du producteur que du consommateur. Le client n’aura plus qu’à payer ce qu’il a effectivement consommé. Ainsi, on éviterait le conflit entre la Société nationale d’électricité (SNEL) et ses abonnés.
La période 2014-2024 a été décrétée " Décennie pour l’énergie durable pour tous ". Son lancement a eu lieu le 6 juin dernier à New York, à l’occasion du premier Forum annuel consacré à l’énergie. Depuis près de trois mois donc, le chrono a été mis en marche. Il appartient désormais, à chaque pays producteur ou importateur d’énergie, de mettre en place des politiques nécessaires devant leur permettre de gagner le pari. Ici, le défi à relever pour chaque Etat consiste à fournir à ses citoyens une énergie qui soit non seulement stable, mais aussi de qualité.
En République démocratique du Congo (RDC), potentielle puissance énergétique au cœur de l’Afrique, la décennie 2014-2024 se veut également celle d’une " autopsie " profonde de l’ensemble du circuit. C’est-à-dire la production, le transport ou distribution et la consommation. Ce, dans la mesure où l’énergie énergie demeure le centre névralgique de nombreux défis. L’idéal commun est sans doute de produire et distribuer une énergie durable pour tous. Moins qu’un simple défi, cela suppose que les différents Gouvernements doivent réfléchir sur l’usage de l’énergie électrique. En termes clairs, les Etats doivent mener des réflexions approfondies sur la manière dont ils transforment, consomment et, le cas échéant, " gaspillent " l’énergie.
Aux yeux de certains analystes, " la responsabilité sociale des entreprises, les critères des investisseurs et les décisions politiques, en particulier, doivent se libérer de l’opportunisme et du cynisme et s’engager avec sincérité et responsabilité pour le bien-commun à long terme ".
QUAND LES AMPOULES ECLAIRENT LE SOLEIL A KINSHASA
En RD Congo l’énergie électrique demeure encore un luxe inaccessible pour des milliers de foyers. Dans quelques rares villes du pays où les services de la Société nationale d’Electricité (SNEL) sont opérationnels, on assiste à un conflit permanent entre le distributeur et ses abonnés. C’est le cas de la ville de Kinshasa, capitale du pays où les agents de la Snel sont déclarés persona non grata dans la plupart des quartiers populaires. Dans ces entités, les consommateurs du courant électrique accusent la Snel de surfacturation. Le plus souvent, ils disent ne pas payer ce qu’ils ont effectivement consommé. Peut-être qu’ils ont raison, quand on considère les coupures intempestives régulièrement observées dans le circuit de distribution.
Cependant, au-delà de ce qui parait comme une révolte légitime, ces abonnés de la Snel se donnent très peu la peine de dégager leur responsabilité sociale quant au " déficit " qu’ils dénoncent dans la distribution d’énergie électrique. Sinon, comment peut-on comprendre qu’au même moment qu’on fustige la mauvaise qualité du courant électrique à Kinshasa, les ampoules sont allumées à longueur de journée dans la plupart des quartiers populaires de la ville, comme si elles éclairaient le soleil. Voilà un comportement qui voile un certain incivisme ambiant qui ne dit pas son nom.
Compte tenu de cette triste réalité, des voix s’élèvent de plus en plus pour suggérer à la Snel, d’instaurer des compteurs prépayés. L’avantage, c’est que cette politique mettrait définitivement fin au sempiternel conflit entre la Snel et ses abonnés. Au demeurant, chaque client aurait l’entière responsabilité sociale de gérer librement le volume d’énergie souscrit. Un peu comme le font les opérateurs Gsm avec les cartes prépayées. Dans certains coins de la ville où ces compteurs ont été placés à titre expérimental, l’initiative serait bien accueillie. Reste que le fournisseur étend cette stratégie sur l’ensemble des réseaux de ses abonnés aussi bien de Kinshasa que d’ailleurs. Laurel KANKOLE