Sauf cas de force majeure, c’est ce mercredi 15 avril 2015 que les Brtc (Bureaux de réception et traitement des candidatures) de la Céni enregistrent les candidatures pour les élections provinciales devant se dérouler le 25 octobre prochain. Jusqu’au 5 mai, les personnes physiques et morales disposées à y concourir vont devoir se déployer pour le dépôt des dossiers. A Kingakati où ils se sont retrouvés le dimanche 12 avril dernier, les sociétaires de la Mp ont levé l’option d’une participation conséquente. L’enjeu est de taille. Des provinciales dépendent, en effet, l’élection des sénateurs et celle des gouverneurs de province. A l’Opposition, certains partis politiques ne veulent pas rater le coche. Cas du Mlc de Jean-Pierre Bemba. Son bureau politique a décidé de placer ses candidats à tous les scrutins. Le parti a d’ailleurs demandé à la Céni de privilégier les provinciales. Les Bembistes se souviennent d’un certain 30 juin 2006...
30 juin 2006. Salle des conférences internationales du ministère des Affaires étrangères. La coalition des forces politiques et sociales qui réclament un dialogue (!) avant la présidentielle et les législatives fixées au 30 juillet s’y réunit pour solliciter le report des scrutins.
En font partie, entre autres, le Rcd d’Azarias Ruberwa, le Mlc de Jean-Pierre Bemba, l’Udémo de François Joseph Nzanga Mobutu, les Fonus de Joseph Olenghankoy, l’Urec d’Oscar Kashama, la Dc d’Eugène Diomi Ndongala. Toutes affichent la même détermination : pas d’élections sans le dialogue préalable.
La campagne électorale étant prévue du 29 juin au 28 juillet 2006, Joseph Kabila démarre la sienne avec l’apport de l’Amp, mise sur pied sous peu.
Pendant que tous les candidats opposants au Raïs se concertent au ministère des Affaires étrangères, l’un d’eux quitte furtivement les lieux à la pause de midi. Il prend la direction de l’aéroport international de N’djili. Il s’agit, on s’en doute, de Jean-Pierre Bemba Gombo. L’homme a soudain conscience de s’être laissé embarquer dans une distraction. Il talonne Joseph Kabila et entame sa propre campagne.
Résultat : la coalition volant en éclats, tous les autres protagonistes l’imitent.
REFUS DE BOIRE LE CALICE JUSQU’A LA LIE
Presqu’une décennie après, l’histoire est en train de se répéter.
Publiant son calendrier électoral global le 12 février 2015, la Céni prend soin d’aligner les préalables et d’indiquer qui fait quoi. Le 12 avril dernier, elle annonce pour ce mercredi 15 avril 2015 le démarrage des opérations d’enregistrement des candidatures pour les provinciales.
Que constate-t-on, entre-temps, côté Opposition ?
Déjà, l’Udps décide plutôt de pleurer ses morts. Elle organise d’ailleurs un deuil de 40 jours et une marche le 24 avril 2015, à l’occasion de la 25ème année du déclenchement du processus démocratique, mieux de la disparition du Mpr Parti-Etat.
Elle se dit non concernée par la procédure entamée.
Quant aux autres forces majeures, comme l’Unc de Vital Kamerhe, l’Ecide de Martin Fayulu, le Mpcr de Jean-Claude Mvuemba, le Rcd/Kml, les Fonus de Joseph Olenghankoy, le Mlp de Franck Diongo etc. elles se caractérisent par un silence asourdissant. Elles n’ont encore rien dit.
Du moins jusqu’au moment où cette chronique est mise en ligne. Elles attendent probablement voir, conscientes du fait de donner leur caution à un précédent fâcheux. En effet, si elles s’y engagent, elles ne pourront plus prétexter de tout amendement du calendrier électoral.
Or, elles en font une question d’honneur parce qu’elles estiment ce calendrier « serré », « non-consensuel », « irréaliste », « inconstitutionnel » et « dangereux » !
Elles refusent de boire le calice jusqu’à la lie.
SALUT OU SUICIDE COLLECTIF
Qu’est-ce qui risque alors de se passer d’ici au 5 mai 2015, c’est-à-dire dans les vingt jours décisifs et déterminants à venir ?
Primo, l’Udps est appelée à gérer intelligemment le précédent fâcheux qu’est la fronde des députés élus ayant osé braver la consigne du lider maximo en s’en allant valider leurs mandats à l’Assemblée nationale. Ces députés-là se sont constitués en groupe parlementaire légal dénommé « groupe parlementaire Udps et Alliés ». Une structure qui fonctionne avec beaucoup plus de légitimité que le parti.
L’état de santé d’Etienne Tshisekedi n’étant toujours pas rassurant (n’en déplaise à Félix-Antoine Tshisekedi qui soutient le contraire), bien des Udépésiens pourraient se laisser tenter en se portant candidats aux provinciales. Ils pourraient utiliser le label du parti.
Secundo, les autres forces politiques de l’Opposition n’en sont pas moins concernées. Des velléités « souverainistes » ne sont pas à exclure. Les militants de l’Unc/Mbudi par exemple, trahis par Vital Kamerhe dans le cadre du procès opposant leur « président » à Wivine Moleka, ne sont pas amnésiques. Ils n’apprécient pas le lâchage dont ils sont l’objet de la part du chef qui, dans son obsession de se tirer seul d’affaire, les a littéralement sacrifiées. Il a fait dire à ses avocats qu’ils l’avaient induit en erreur !
Tertio : l’incertitude de la « piétaille » de laquelle il faut dégager le Mlc. Ce parti s’est résolu à participer aux provinciales 2015.
Moralité : l’alternative entre entre se jeter à l’eau (donc s’appliquer le calendrier de la Céni) ou poursuivre une résistance irrationnelle dans l’espoir soit du fameux dialogue, soit de la révision du calendrier électoral global.
Finalement, le 15 avril 2015 risque d’entrer dans l’histoire de la RDC comme la date du salut ou du suicide collectif pour les forces politiques et sociales en présence, celles de l’Opposition principalement.
D’ici au 5 mai 2015, la fosse commune pourrait changer de nature...
Omer Nsongo die Lema