
Le président national des Forces du futur, Z’Ahidi Arthur Ngoma, a profité de la cérémonie d’échanges de vœux avec les cadres et militants de son parti pour rappeler ce que représente le dialogue politique national convoqué par le chef de l’Etat Joseph Kabila.
Pour l’initiateur du Camp de la patrie, ce forum est " la voie pour une gestion consensuelle et souveraine de notre destin solidaire ". Dialoguer, explique Z’Ahidi, " c’est avant tout reconnaître que sa pensée n’est pas une fidélité à l’Eternel, que personne humaine, vous pouvez vous tromper, l’erreur étant par ailleurs consubstantielle à la vérité. Réduire la part d’erreur c’est réfléchir ensemble, en ayant à l’esprit qu’accéder à la différence de l’autre ne veut pas forcément dire abdiquer de sa propre spécificité. "
En lieu et place de polémique, l’exercice durant le dialogue consiste, selon le président des Forces du futur, " à réfléchir sur nous-mêmes, sur notre aptitude à dégager, pour l’amour de la patrie, des formules pacificatrices de l’antagonisme national ". Son souci, voir les Congolais agir pour que " notre pays cesse de vieillir sans grandir ".
Ceux qui ont effectué le déplacement à la Salle Le Christalà Lingwala où avait lieu la cerémonie n’ont pas été déçus. Z’Ahidi est resté égal à lui-même. Même s’adressant à un auditoire où il y a des Congolais lambda, l’homme vole toujours haut. Chez lui, il y a toujours cette primauté de l’esprit sur la matière.
Lire ci-dessous, l’intégralité du message de vœux de Nouvel an du président national de Forces du Futur aux membres du parti. Didier KEBONGO
Message de vœux de nouvel an du Président National de Forces du Futur aux membres du parti.
A cet instant, devant cette auguste assemblée, j’entends cet écho de la grande espérance qu’un jour finira par venir où la coalition puissante des forces nationales de l’esprit, de l’intelligence et de la morale sortira notre peuple de l’enveloppement pour mettre en mouvement son développement. Ce signal fort, je le tiens de votre force de conviction quand, comme aujourd’hui, vous créez la vie là où elle est censée ne plus exister. Je vous en exprime, mes chers Compagnons, l’hommage de ma reconnaissance.
L’année dernière, nous avons commémoré les 55 ans de l’accession de notre pays à l’indépendance. Que dire ?
La réflexion s’arrêtera toujours, avec émotion et avec reconnaissance, sur ce magnifique combat pour la liberté, livré par nos aînés ; ce repère important de l’histoire positive de notre pays.
Et, comme toujours, j’imagine la main de l’artiste qui tremble devant cet instant magique où l’utopie se fait réalité : l’accession de notre pays à la souveraineté internationale ; notre accession à la dignité de l’être ; notre accession à ce droit aux droits de l’homme ; notre accession à l’expectative légitime au bonheur, pour notre peuple, bien-sûr, mais aussi pour les rêves croisés du continent noir. C’était ça et c’est ça l’indépendance du Congo-Léopoldville et ses promesses pour l’avenir.
Cela dit, le temps a passé et nous voilà devant un terrible constat d’évidence : le pays a vieilli sans grandir !
Bien sûr, il y a dans tout cela la revanche des derniers carrés de l’humiliation de l’homme.
Mais, comment ne pas se l’avouer, il y a aussi et, peut-être, surtout beaucoup d’interrogations sur nous-mêmes.
Qu’avons-nous fait des sacrifices consentis par nos martyrs ? Ces hommes et ces femmes dont les voies se sont éteintes ; ces hommes et ces femmes qui ont écrit de leur sang notre serment de liberté. S’ils ont livré le combat pour l’indépendance au nom des valeurs républicaines, nous n’avons pas fondé sur elles notre gouvernance du pays. Et, ce n’est pas tout. Il y a ces autres interrogations que l’esprit refuse : notre inaptitude à réunir nos volontés dispersées, fût-ce face aux questions existentielles du pays ; notre inaptitude à conjurer le pillage de nos ressources naturelles, parce que nous en sommes nous-mêmes les marchands contre des palliatifs à court terme ; notre inaptitude à rompre avec ce confort bien étrange, que nous donne une certaine vision du monde qui, au-delà des moyens de vivre, ne s’embarrasse guère de raisons de vivre ; enfin, et par-dessus tout, notre refus d’intégrer ce fait d’évidence que pour construire la Nation comme pour Pélever, il nous faut investir dans l’homme, dans la femme et dans la jeunesse de ce pays, qui en est l’avenir.
Le tableau est sombre. Mais, comme je l’ai souvent dit, il ne condamne pas. La volonté des hommes peut toujours changer le cours des choses.
Aux Forces du Futur nous disons que nous n’avons pas à faire du passé une projection fataliste sur l’avenir ; que tous nos défis sont devant nous, dans la mémoire du futur, qui nous invite à la conscience de nos responsabilités partagées ; qui nous invite à sortir des mythes et des prophéties ; qui nous invite à comprendre que le seul combat qui vaille est de redonner à notre peuple de nouvelles raisons de croire en lui-même et d’entreprendre.
Voilà une réflexion qui s’inscrit dans la vocation native de notre Mouvement. Mon épouse, Dieu ait son âme, me disait que les " Forces du Futur, c’est pour que le pays ait un futur ". Y a-t-il tâche plus exaltante ?
Vingt-deux ans de combat politique, vous avez apporté la preuve de votre fidélité à vous-mêmes et aux valeurs de la République. C’est, pour nous tous, un motif d’encouragement et un sujet d’espérance. C’est là notre héritage commun, l’héritage de ceux qui viennent de nous rejoindre, comme de ceux qui, demain, viendront renforcer nos rangs.
Vous avez, sous ce thème qui vous est cher, " le Camp de la Patrie ", arraché le Dialogue entre Congolais, à Sun City, Afrique du Sud, des griffes des rapaces, avides de dévorer le cadavre de notre beau et grand pays.
Vous avez, en toutes circonstances, affirmé la primauté de l’esprit sur la matière.
Ainsi, vous avez consolidé votre cohésion en tant que groupe, loin d’une certaine culture politique chère non pas aux " acteurs " politiques mais aux " opérateurs " politiques qui peuplent notre pays.
Enfin, attentifs à la famille congolaise en quête de délivrance, vous avez défini un programme d’action, un projet de société socialement finalisé ou, comme j’aime le dire, un projet de civilisation, une Charte constitutive et des Fondamentaux qui balisent le chemin à parcourir et donnent du sens à vos options politiques.
Voilà pourquoi, durant la Transition vers la démocratie, quand il vous a été donné l’opportunité de participer à la gestion du pays, vous avez défini et mis en œuvre des projets sociaux que, jusqu’à ce jour, le peuple congolais n’a pas oubliés. Il en parle comme d’autres respirent et en appellent à votre exemplarité.
Votre exemplarité, le mot prend tout son sens particulièrement maintenant où, très heureusement, le Chef de l’Etat vient d’inviter le pays au dialogue pour mieux gérer les échéances électorales prochaines.
C’est quoi dialoguer ? C’est avant tout reconnaître que sa pensée n’est pas une fidélité à l’Eternel ; que personne humaine, vous pouvez vous tromper, l’erreur étant par ailleurs consubstantielle à la vérité. Réduire la part d’erreur c’est réfléchir ensemble, en ayant à l’esprit qu’accéder à la différence de l’autre ne veut pas forcément dire abdiquer de sa propre spécificité. En ces moments de toutes les transitions pour notre pays comme pour le monde, le dialogue inclusif est, sans conteste, la voie pour une gestion consensuelle et souveraine de notre destin solidaire.
En ces moments de toutes les transitions parsemées de méfiances, la tâche n’est pas aisée ; mais, comme nous enseignent les sages, ne disons pas que le chemin est difficile, car c’est le difficile qui est le chemin.
Très chers Compagnons, l’Histoire nous apprend que la liberté et son utopie créatrice, la démocratie, c’est tout à la fois un droit et une responsabilité ; en fait, un combat de tous les jours.
La préoccupation est au cœur du dialogue auquel nous sommes conviés. Les points proposés par votre Mouvement politique à ce dialogue, vous les connaissez : ils ne concernent que l’organisation des élections et toutes les questions y afférentes.
L’exercice n’appelle ni à la polémique, ni à nos virtualités bellicistes, mais à une entreprise encore plus difficile : réfléchir sur nous-mêmes, sur notre aptitude à dégager, pour l’amour de la patrie, des formules pacificatrices de l’antagonisme national.
Alors, il nous faut convoquer l’intelligence et faire l’économie de la haine ; il nous faut nous élever pour mieux voir et, en dépit de voies étroites que nous offre notre environnement international fantasque et récessif, il nous faut agir pour que notre pays cesse de vieillir sans grandir
Excellences, Mesdames et Messieurs, très Chers Compagnons,
En cette année nouvelle 2016, je voudrais vous renouveler mes vœux les meilleurs, pour vous-mêmes et pour vos membres de famille ; et, demander à la petite fille nommée Espérance, à laquelle l’auteur reconnaît des vertus théologales, de vous accompagner dans vos destins individuels et collectifs.
Que Dieu bénisse notre chère Patrie !
Z’Ahidi Arthur NGOMA Président National