Une fierté pour le théâtre congolais

Mercredi 25 novembre 2015 - 11:57

Annie Biasibiasi parle de l’apport de la femme dans l’art de la scène

« Le jour où la femme artiste congolaise reconnaîtra ses valeurs, elle saura combien le monde attend beaucoup d’elle ». Cette déclaration émane d’une femme metteur en scène, Annie Pierrette Wumba Biasibiasi. Elle figure parmi les artistes congolaises qui font la fierté du théâtre tant populaire que classique de la RD Congo. Elle a pris une part active à plusieurs rencontres culturelles de grande envergure sur place au pays tout comme à l’étranger. Elle est d’avis que le phénomène «Nzozing» a terni la bonne image de l’artiste comédienne congolaise.

Elle a fait preuve de ses talents d’artiste comédienne notamment dans la pièce «La passion d’une mère» du groupe Simba où vous avez incarné le rôle d’une mauvaise belle-mère. Madame Annie Pierrette Wumba Biasibiasi est plus connue par le nom d’Annie Biasibiasi. Dans les séries dramatiques, on le colle  plus le nom de maman Abia. Elle a fait ses études supérieures en Art dramatique, option Mise en scène à l’Institut national des arts (INA). Pour le moment, elle  joue à «Ngoon Théâtre» pour le classique et au groupe «Simba» pour le théâtre populaire.

D’après Biasibiasi,  les femmes artistes congolaises ont une part importante de responsabilité dans la lutte contre la guerre et violences qui nous sont faites comme le dit l’adage, « éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation ». Dans son répertoire de maxime, Annie Biasibiasi évoque que « derrière un grand homme, il y a toujours une grande dame ».  Pour l’oratrice Ces deux maximes prouvent à suffisance que  le rôle d’une femme dans la société est très important aux côtés d’un homme. Pour revenir à l’artiste femme,  elle avance que celle-ci est considérée comme une personne éduquée à même de transmettre son éducation aux autres. « Le jour que la femme artiste congolaise reconnaitra ses valeurs, elle saura combien le monde attend beaucoup d’elle », indique-t-elle.

Evoquant  les conditions de travail de l’artiste femme congolaise,  l’artiste déplore du fait que la femme artiste congolaise ne reconnait pas encore ses valeurs comme évoqué si haut.

« Elle ignore le pourquoi de sa présence dans l’art car elle ne donne pas assez. Elle préfère plutôt s’exposer qu’à transmettre ses vraies valeurs. A titre d’exemple, le phénomène nzonzing (ndlr: une pratique qui consiste à réunir des artistes œuvrant dans différentes structures pour la réalisation d’une ou des œuvres d’esprit moyennant des espèces sonnantes) qui, du reste, permet à l’artiste homme ou femme à gagner tant soit peu sa vie. Mais cette pratique ternit l’image du théâtre congolais dans la mesure où  ces gens qui viennent vers nous, s’enrichissent derrière notre dos », a-t-elle déploré.

Face à cette triste réalité, l’oratrice constate encore que  la femme est abusivement employée. « Elles sont exploitées  comme objet de décoration voire du plaisir alors qu’au-delà de cet aspect décoratif, la femme a une mission cathartique. C’est elle qui élève la famille, aide la société à s’élever », a-t-elle insisté…Partant de sa carrière, Annie Biasibiasi soutient que La femme doit refuser d’être spectatrice ; elle doit plutôt se trouver en scène comme une actrice. Elle doit être là où se prennent les grandes décisions.

(Saint Hervé M’Buy)