
Reçu le lundi 8 février par le facilitateur désigné par l’Union africaine, le député Steve Mbikayi a de nouveau fait parler de lui au siège local de l’institution continentale située le long du Boulevard du 30-Juin, à Gombe. Au-delà de son traditionnel appel au dialogue, l’élu de la Tshangu a démontré, cartes sur table, à l’ancien Premier ministre togolais qu’aucun parti ne peut se taper le luxe de bloquer le processus du dialogue. Car, aucune formation politique n’a, à elle seule, 20% de députés à l’Assemblée nationale. Ce qui, par voie de conséquence, appelle à la fédération des forces pour trouver des solutions idoines à la crise congolaise.
La Nouvelle classe politique et sociale/Opposition nationaliste (NCPS) conduite par son porte-parole, Steve Mbikayi, a été reçue, le lundi 8 février 2016, par l’Envoyé spécial de l’Union africaine, Edem Kodjo. Au menu de leur entretien le dialogue politique, le processus électoral, la crise politique, le vide après 2016 ainsi que la position radicale de certains partis politiques de l’opposition. Au cours d’un échange d’environ 45 minutes, la NCPS a déballé son plan de sortie de crise avec, en toile de fond, l’idée d’une transition consensuelle qui peut, selon Steve Mbikayi, éviter le chaos au pays.
Au terme de cette entrevue, le porte-parole de la NCPS/ Opposition nationaliste a déclaré devant la presse qu’ils ont présenté à Edem Kodjo la vision de sa plate-forme par rapport u processus électoral. «Nous l’avons d’abord aidé à comprendre la configuration actuelle de.la scène politique congolaise où il n’y a aucune force qui, à elle seule, peut bloquer tout un pays. Nous lui avons démontré que dans notre Assemblée nationale, il n’y a aucune force politique qui a plus de 20% de députés. Alors ici, on a besoin du concours de tout le monde, c’est-à-dire, toutes les forces politiques », a indiqué Mbikayi.
Elections, pas de précipitation...
Conscient des enjeux du dialogue, la NCPS soutient l’hypothèse selon laquelle toutes les parties doivent participer, à part gale, à ce forum. Cela, pour qu’ensemble, des solutions soient trouvées au problème qui ronge la République, notamment celui du processus électoral. « Nous avons besoin d’un consensus, alors on doit arrêter de croire que le dialogue est une affaire de quelques forces politiques seulement. Nous lui avons fait comprendre que nous devons éviter la précipitation. Nous avons, par la même occasion, démontré que depuis 1965, il n’y a jamais eu des bonnes élections. Ce sont plutôt des mascarades d’élections. Jamais il n’y a eu des élections à la base, c’est toujours au sommet. Il faudrait que cette fois, après le dialogue, qu’on puisse mettre fin à cette crise de légitimité, ne pas confondre vitesse et précipitation. S’asseoir et établir un calendrier consensuel et réaliste. Nous lui avons dit aussi que si l’on tient à organiser les élections dans les délais constitutionnels u stade actuel, on aura rien changé. », a-t-il fait remarquer.
A en croire son condensé à la presse, le porte-parole de la NCPS et président du Parti Travailliste a indiqué que le facilitateur a été étonné de sa franchise. « Monsieur Edem Kodjo a été surpris de .notre franchise et notre réalisme. La CENI a une part de responsabilité et le reste, c’est la classe politique congolaise qui va en décider. Il s’est dit un pu surpris de certains préalables posés ci et là qui semblent irréalistes et qui relèvent de l’idéalisme et de la rêverie. Il a été très intéressé par le Congo, lui-même dit qu’il a été lumumbiste quand il était aux études et il porte le Congo à cœur », a-t-il rapporté.
Transition, l’idée fait chemin...
Lors de ces échanges, la NCPS a également défendu son idée d’une transition consensuelle, c’est-à- dire, une cohabitation de compromis. «Nous lui avons demandé de mettre sur pied le comité préparatoire avant de rentrer, parce que même les amis qui sont contre le dialogue mais qui veulent nous rejoindre hésitent encore parce que les choses sont tirées en longueur. Nous sommes bloqués. Nous lui avons dit notre proposition pour voir comment allons- nous procéder pour avoir ce comité préparatoire. Nous avons défendu notre proposition d’une transition consensuelle basée sur ce que nous appelons cohabitation de compromis. Il a trouvé que c’était une idée réaliste, mais cela relève d’un consensus de tout le monde. Lui, n’étant que médiateur ou facilitateur, il va faire ce que la classe politique congolaise va décider », a-t-il rajouté.
Un dialogue paritaire
Dans son récit à la presse, Steve Mbikayi s’est aussi opposé farouchement à un dialogue où les « gouverneurs » et les «chefs coutumiers» acquis au régime de Kinshasa vont remplir la salle. Il veut plutôt un dialogue paritaire où le nombre de participants sera égal. « Nous lui avons fait comprendre que nous voulons que ce dialogue soit paritaire, le même nombre qu’il faudra du côté de la majorité que cela soit de même du côté de l’opposition. Il ne faudrait pas que le pouvoir nous amène toute une liste de ses membres y compris des chefs coutumiers » a-t-il dénoncé avant de prévenir : « «Nous n’irons pas dans un dialogue où la Majorité Présidentielle va amener plein des gens dans la salle comme lors des Concertations nationales tenues en octobre 2013, où on avait des gouverneurs de province, chefs coutumiers qui défendent la même opinion que le camp présidentiel. Nous voulons que le’ dialogue soit paritaire. Qu’il y ait le même nombre de personnes côté Majorité Présidentielle et côté Opposition».
Par Dido Nsapu