RETOMBEES DU CONGRES EXTRAORDINAIRE DU PARTI LE MSR SE MÉFIE DU DIALOGUE

Lundi 9 novembre 2015 - 06:07

Le parti cher à Pierre Lumbi demande à la CENI d’assumer son indépendance en publiant, toutes affaires cessantes, un calendrier électoral réaménagé 
qui tienne compte du délai constitutionnel.

Le Mouvement social pour le renouveau (MSR) n’ira pas au dialogue. Ainsi en a décidé le Congrès extraordinaire du parti qui s’est réuni pendant trois jours à Kinshasa depuis le 5 novembre. Les congressistes, venus des quatre coins du pays, jugent ce forum inopportun. Raisons avancées, les thèmes inscrits relèvent bien de la compétence des institutions existantes. Il en va par exemple de la question du financement des élections. Le MSR ne comprend pas pourquoi cela doit faire l’objet des pourparlers dès lors qu’un budget a été voté à cet effet. Même alors, le parti rappelle que la Communauté internationale est claire à ce sujet, elle dispose de l’argent pour les élections et n’attendrait qu’un calendrier réaménagé et qui tienne compte du délai constitutionnel pour délier le cordon de la bourse.

Quant au calendrier électoral, les congressistes font remarquer qu’on n’a pas besoin d’aller dans une réunion avec des politiciens pour l’élaborer. C’est une tâche de la CENI. A ce propos, le MSR rappelle que les membres de la CENI n’appartiennent plus à leurs formations politiques quand ils prêtent serment. Ils doivent jouir d’une totale indépendance pour faire leur boulot. 
Dans le même ordre d’idées, le MSR estime que l’enrôlement des nouveaux majeurs, la tenue du fichier électoral relève de la compétence exclusive de la Commission nationale électorale indépendante. Ce fichier, assurent les Congressistes, peut grossir avec les nouveaux majeurs, les militaires démobilisés et que l’on réinsère dans la vie active, ou simplifier avec les décès. Et non rester figé tel qu’est le fichier électoral actuel. Pour le corriger, assure le MSR, pas besoin d’aller au dialogue. 
En un mot comme en cent, les Congressistes dénoncent l’instrumentalisation de la CENI. A leurs yeux, la politisation de la centrale électorale ferait qu’elle soit privée de son indépendance. Chercher à débaucher des gens est une démarche cavalière. Le Congrès exhorte la CENI à ne céder à aucune manœuvre de pression et assumer son indépendance en publiant, toutes affaires cessantes, un calendrier électoral réaménagé qui tienne compte du délai constitutionnel. Il s’étonne qu’on ne veuille pas aller aux élections, " alors que le pouvoir dispose de tout pour organiser ces scrutins. De qui ou de quoi a-t-on peur, " s’interrogent les Congressistes.
Ces derniers ont également levé l’option de présenter des candidats à tous les niveaux, sauf à la présidentielle. " Le Congrès donne mandat au Bureau politique du parti de procéder, de concert avec les partenaires du G7, au choix et à la désignation d’un candidat unique à l’élection présidentielle " le moment venu, expliquent-ils. 
Le MSR trouve que le doublon des partis politiques est une distraction, le problème de fond que soulève la lettre du 14 septembre dernier demeure entier. Lire ci-dessous, l’intégralité de la déclaration politique du 2ème Congrès du MSR. Didier KEBONGO

DECLARATION POLITIQUE DU IIème CONGRES DU MOUVEMENT SOCIAL POUR LE RENOUVEAU
Nous, Membres du Mouvement Social pour le Renouveau (MSR),
Réunis en Congrès extraordinaire au Centre Catholique NGANDA à Kinshasa, du 05 au 07 novembre 2015, sous le thème principal : "Le MSR face au destin de la Nation Congolaise" ;
Après analyse de la situation générale du pays, dégageons le constat que la République Démocratique du Congo traverse une situation sociale et politique difficile, à cause d’une volonté délibérée et déterminée de liquider les valeurs républicaines qui constituent le socle de notre nation ;
Conscients des attentes et aspirations profondes du peuple et de notre responsabilité de citoyens, le Congrès du Mouvement Social pour le Renouveau fait la déclaration politique suivante :
o Le Congrès prend acte de l’exclusion du MSR de la Majorité présidentielle et affirme en conséquence son appartenance à l’opposition politique.
o Le Congrès félicite les partis politiques membres du G7 pour leur courage et leur détermination à assumer leur exclusion de la majorité présidentielle et à poursuivre sans relâche le combat du respect de la Constitution et la tenue des élections dans le délai constitutionnel.
o Rappelant l’ambition légitime de tout parti politique de conforter son leadership dans l’objectif de conquérir le pouvoir ; le Congrès a décidé que le MSR présente ses candidats à tous les niveaux du scrutin à l’horizon 2016. A cet effet, le Congrès donne mandat au Bureau politique du Parti de procéder, de concert avec les partenaires du G7, au choix et à la désignation d’un candidat unique à l’élection présidentielle.
o Le Mouvement Social pour le Renouveau constate avec consternation que le processus électoral enclenché par la CENI avec la publication du calendrier électoral global est bloqué. En effet, chaque jour qui passe apporte plus de confusion que de clarté quant à la tenue des prochaines élections tant attendues par le Peuple congolais. Le Congrès du MSR fustige l’absence manifeste d’une volonté politique affirmée des parties prenantes en charge de la facilitation de l’activité de la CENI, en l’occurrence le Président de la République, le Parlement et le Gouvernement.
o Concernant la CENI, le Congrès constate et s’insurge contre les intrusions de la majorité présidentielle dans le fonctionnement de la CENI, hypothéquant ainsi l’indépendance et la neutralité de cette institution d’appui à la démocratie. Ces intrusions visent à prendre en otage cette institution d’appui à la démocratie et à gêner l’organisation régulière de l’ensemble des scrutins
Le Congrès rappelle à la majorité présidentielle les dispositions de l’article 13 alinéa 1er, des articles 18 et 22 de la loi N°13/012 du 19 avril 2013 portant organisation et fonctionnement de la CENI qui consacre l’indépendance totale de la CENI.
Le Congrès exhorte la CENI à ne céder à aucune manœuvre de pression et à assumer son indépendance en publiant, toutes affaires cessantes, un calendrier électoral réaménagé qui tienne compte du délai constitutionnel.
o Concernant les nouvelles provinces, le Congrès constate que l’installation de nouvelles provinces est chaotique. Les assemblées provinciales sont indûment interdites de fonctionner et en lieu et place de l’organisation des élections de gouverneurs de provinces c’est plutôt la nomination des commissaires spéciaux et des commissaires spéciaux adjoints qui a été privilégiée. Le Congrès dénonce cette nomination faite en violation manifeste de la Constitution et des lois de la République en l’occurrence la loi portant la libre administration des provinces, la loi de programmation et la loi électorale.
o Pour ce qui est des droits humains et des libertés fondamentales, le MSR dénonce avec véhémence les menaces, les arrestations arbitraires et le harcèlement dont les paisibles congolais en général, et les acteurs politiques en particulier sont régulièrement victimes de la part du pouvoir et de ses services spécialisés.
Le Congrès déplore la confiscation abusive des médias publics au profit exclusif de la majorité présidentielle. Il condamne le lynchage médiatique des leaders du G7 en particulier et ceux de l’opposition en général. Il s’insurge contre les tracasseries et pressions exercées sur les journalistes et les maisons de presse.
Le Congrès dénonce, en outre, le non respect des dispositions pertinentes de la constitution relatives à l’organisation des manifestations publiques.
Seuls, les Partis politiques et les organisations de la société civile proches de la majorité présidentielle jouissent de cette faculté.
o Au sujet de la participation au dialogue, le Mouvement Social pour le Renouveau, estime que ce forum tel que proposé, à ce jour, par la majorité présidentielle est inopportun pour les raisons ci-après : 
" Les matières proposées pour ce forum relèvent de prérogatives d’autres institutions constitutionnelles ;
" Ces assises politiques présentent les contours d’un schéma de violation de la constitution et de légitimation d’une transition destinée à un partage du pouvoir au détriment de la démocratie ;
Le Congrès attire l’attention du peuple congolais qu’adhérer à un tel schéma s’apparente à un acte de haute trahison.
o Face à la misère et à la pauvreté de la population, le congrès recommande aux élus du MSR en particulier et à tous les autres élus en général, toutes tendances confondues, de ne ménager aucun effort pour que le budget 2016 actuellement sous examen à l’Assemblée Nationale mette un accent particulier sur l’organisation des élections et le social de l’ensemble de la population, et de manière spécifique qu’il soit porté une attention particulière aux fonctionnaires de l’Etat, aux agents des services spécialisés, aux militaires ainsi qu’aux policiers.
Peuple congolais, lève-toi, cette affaire te concerne Peuple congolais, lève-toi, cette affaire te concerne Peuple congolais, lève-toi, cette affaire me concerne.
Ainsi fait à Kinshasa, le 07 novembre 2015
Pour le Congrès
ESUKA Jean-Claude
Secrétaire Rapporteur
André MALANGU 
Président