RDC: suspension d'une radio après des violences dans l'ouest (officiel)

Samedi 25 avril 2015 - 18:48

L'organisation congolaise de défense de la presse, Journaliste en danger (JED), a dénoncé pour sa part l'interdiction temporaire d'émettre de trois radios, soit, selon elle, toutes les stations couvrant cette ville sur le petit bout de côte atlantique du pays.

Les autorités locales ont "été dans l'obligation de fermer [une] radio qui est une +Radio Mille Collines+", a déclaré à l'AFP un haut responsable congolais, faisant référence à la radio de Kigali qui a joué un rôle déterminant dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994.

Après le meurtre de cinq personnes en quelques jours, la population de Moanda a manifesté son mécontentement contre l'insécurité.

"Il y a eu des marches de protestation que le gouvernement juge tout à fait légitimes", a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement Lambert Mende.

La société civile locale a accusé des militaires ou d'ex-rebelles de l'est du pays, cantonnés dans la base militaire proche de Kitona, d'être responsables des meurtres.

Les autorités estiment que les radios locales ont contribué à répandre cette idée et à se substituer à la justice.

Selon le haut responsable congolais, les manifestations ont tourné à l'émeute jeudi avec l’incendie d'un bâtiment officiel et le meurtre d'un "fonctionnaire" brûlé vif par la foule.

"C'est tout à fait inacceptable", estime M. Mende, "certaines radios en ont profité pour monter la population contre les militaires". Le porte-parole du gouvernement et ministre des Médias affirme que les autorités locales peuvent ou se doivent de "prendre des mesures conservatoires".

"Mais cela ne va pas durer", ajoute-t-il, "je pense que cela va se terminer par une levée de la suspension".

Selon JED, l'interdiction d'émettre des trois radios de la ville a été décidée par l'Agence nationale de renseignement (ANR).

Dénonçant la "propension des services de sécurité à s’immiscer constamment dans le travail de la presse", l'ONG demande au ministre de l'Intérieur, Évariste Boshab, "d’ordonner la réouverture immédiate de tous ces médias".

La situation a été jugée suffisamment sérieuse à Moanda pour que M. Boshab, le chef de l'ANR, Kalev Mutondo, et le commandant de la police nationale congolaise, le général Charles Bisengimana, se rendent sur place vendredi.

 

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