RDC - Fonctionnement des nouvelles provinces : mystère autour des frais de septembre et octobre, Banamuhere tente de sauver les meubles …

Jeudi 26 novembre 2015 - 05:51

La nomination des commissaires spéciaux du gouvernement destinés à  administrer les nouvelles provinces avait été accueillie de façon mitigée dans les milieux politiques. Si du côté de la Majorité, cette nomination a constitué une aubaine pour des raisons évidentes, elle a suscité des craintes dans le camp de l'Opposition et de la société civile.

Moins d'un mois après l'installation des commissaires spéciaux, certaines craintes – hélas -  commencent à se vérifier au grand dam de plus d'un observateur. Il s'agit du mystère autour es frais de fonctionnement destinés aux anciennes provinces démembrées et gelés dans des comptes de certaines banques des chefs-lieux des anciennes provinces.

Pour la petite histoire, c'est au mois de septembre 2015 que le gouvernement central a décidé de ne plus transférer aux gouvernements sortants des anciennes provinces démembrées les frais de fonctionnement destinés à payer les salaires des agents et à supporter certaines dettes courantes.

A ce jour, après la série des remises et reprises supervisées par le gouvernement central dans les chefs-lieux des anciennes provinces démembrées, d'aucuns s'interrogent sur le sort de ces fonds évalués à des dizaines de millions de dollars américains.

A première vue, l'on serait tenté de penser que ces fonds seraient mis à la disposition des commissaires spéciaux qui administrent les nouvelles provinces. Mais, cela ne serait pas logique étant donné qu'entre août et septembre 2015, les anciennes provinces aujourd'hui démembrées fonctionnaient sous la supervision des gouverneurs sortants.

Les frais de fonctionnement destinés aux commissaires spéciaux récemment installés ne seront versés qu'à compter du mois de décembre 2015, car la remise et reprise a eu lieu au cours de la deuxième moitié du mois de novembre courant.

Après ce chavirement du navire « Décentralisation » en RDC, certaines autorités seraient-elles en train d'orchestrer un énième coup afin de faire main-basse sur ces fonds § Pour les justifier par leur affectation aux services des nouveaux animateurs des nouvelles provinces incapables de revendiquer, puisque dépourvus de légitimité ?

D'aucuns ne se posent la question de savoir comment ce dossier lui est ravi pour être confié au ministre de la Décentralisation, Banamuhere.

Très plausible, ce scenario est déjà évoqué dans divers milieux politiques et  par plusieurs analystes qui ont encore frais dans leur mémoire le spectaculaire détournement des 800.000  dollars américains destinés aux députés provinciaux de l'ex Province Orientale pourtant sortie par la présidence de la République, mais aussi d'un mois d’émoluments des députés nationaux.

Le chef de l'Etat serait-il sorti de son sommeil pour s'investir afin de sauver ce processus ? Le PPRD est un des témoignages forts : ans un laps de temps incroyablement bref,  Mova Sakanya le métamorphose en se battant comme le diable dans un bénitier pour relever le niveau du parti présidentiel. Kabila a-t-il raison d'affirmer sans détour qu'il n'avait pas 15 personnes pour l'aider ?

Sauver la situation de crise

Dans toutes les provinces démembrées, les agents des gouvernements provinciaux sortants ont revendiqué leurs arriérés de salaire gelés par Kinshasa ainsi que leurs indemnités de sortie.

A Kisangani, ils sont allés plus loin et ont même initié une action de mise sous séquestre des fonds estimés à plus de deux milliards de francs congolais destinés à leurs arriérés de salaire.

Saisie de cette situation, la hiérarchie vient de retirer au vice-Premier ministre de l’Intérieur le dossier pour le confier au ministre Salomon Banamuhere qui s'est rendu déjà à Kisangani afin de tenter de sauver la situation de crise qui risque d'entacher l'installation des nouvelles provinces.

Ce remue-ménage discrédite de plus en plus tout le processus. En effet, comment peut-on laisser des agents travailler durant  trois ans sans indemnités de sortie et durant plus de deux mois sans salaires car l'on veut tout empocher à des fins personnelles?

Tous ces soubresauts ne sont que la démonstration  du recul pris par rapport à la décentralisation. Lorsque les assemblées provinciales sont mises en congé tacite, personne ne peut contrôler la gestion des deniers publics provinciaux.

La nomination et l'installation des commissaires spéciaux, tout en constituant une antithèse du régionalisme politique adopté en février 2006, est indubitablement un recul géant dans la marche de notre peuple vers la Décentralisation et son rapprochement de ses gouvernants qu'elle implique.

Le prochain dialogue politique devrait se pencher sur cette question afin de revenir très rapidement à l'ordre constitutionnel. Car, les élections ne doivent nullement pas être organisées par des commissaires spéciaux qui ne sont rien d'autre que des chargés des missions du ministre de l'intérieur dans 21 provinces du pays et par des Gouverneurs illégitimes sur 5 provinces.