RDC : après les massacres, Beni commence à se défier des autorités

Lundi 20 octobre 2014 - 08:57

Beni (RD Congo) (AFP)

Les habitants de Beni, dans l’Est de la République démocratique du Congo, commencent à se défier des autorités locales après une succession de massacres de civils commis dans la région par des rebelles ougandais.

"Je vous assure que toutes les mesures de sécurité sont prises.Restez calmement dans vos maisons, les autorités maîtrisent la situation".Le message passé dimanche matin à la radio par Nyonyi Masumbuko, maire de cette ville du Nord de la province du Nord-Kivu, ne convainc guère.

Dans le centre, quelques dizaines d’habitants ont justement déserté leur domicile des quartiers de la périphérie nord, bien souvent avec des effets personnels, sacoches, sacs à dos ou matelas.

"Je quitte mon quartier parce qu’on y a jeté des tracts qui disaient qu’ils allaient venir y tuer les gens", explique Solange Sekera, mère de famille de 27 ans suivie de ses trois enfants.

"Ils" ? Les rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), qui sèment la terreur dans les environs.En une quinzaine des jours, ces miliciens, que le gouvernement et l’armée disaient avoir quasi mis hors d’état de nuire, ont tué sauvagement environ 80 personnes.

Ils ont même poussé l’audace jusqu’à attaquer les faubourgs de Beni, agglomération de 500.000 habitants, fief de la tribu Nande et place commerciale importante de la région des Grands Lacs où sont cantonnés de nombreux militaires, mais personne ne les a arrêtés.Résultat : 30 personnes, hommes, femmes et enfants, tuées à l’arme blanche dans la nuit de mercredi à jeudi.

Ni Mme Sekera ni les autres fuyards interrogés par l’AFP n’ont vu les fameux tracts, mais qu’importe, la peur est là : au pays de la rumeur, il est acquis que les funestes feuilles ont été "signalées" dans deux communes de l’agglomération.

Dans les rues de la ville, deux journalistes de l’AFP arrivés la veille notent la présence de soldats et policiers, mais rien qui ressemble vraiment à un renforcement de la présence visible des forces de l’ordre.

 

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