Dans sa réponse à la question orale avec débat sur le dédoublement de l’Inspection Générale dont il serait auteur, Jean Nengbangba, Ministre de l’Enseignement Technique et Professionnel, a ébloui la Chambre Basse du Parlement. Dans sa réplique, il a indiqué ne pas agir d’Autorité, mais, se plier à la première exigence lui imposée par le Premier Ministre dans sa lettre de mission. Ladite lettre l’enjoint de mettre en place les cadres et structures organiques de l’Inspection Générale et du Secrétariat Général de son ministère. Manifestement satisfait, l’initiateur de la question orale a indiqué que la réplique du Ministre a brisé les barrières qui séparent Opposition et Majorité dans cette Assemblée réputée pour son clivage prononcé depuis sa constitution en 2011.
Comme prévu, Jean Nengbangba est passé le vendredi 20 novembre à l’Assemblée Nationale afin de répondre à la question orale lui adressée par le Député Roger Mpanano. Il s’agissait, en effet, d’éclairer la lanterne de la Représentation nationale sur existence d’une ordonnance-Loi qui abroge celle qui crée le corps des inspecteurs, consacrant l’unicité du corps des inspecteurs pour l’enseignement au Congo Démocratique. Aussi, voulait-il savoir si le Ministre de l’ETP a évalué l’impact budgétaire de la prise en charge des rémunérations du personnel administratif d’appoint à engager et de la prise en compte de la transversalité des tâches dévolues aux inspecteurs de l’enseignement général et ceux de l’enseignement technique et professionnel dans le cadre du contrôle des évaluations pédagogiques.
Dédoublement de l’Inspection Générale
Jean Nengbangba était à l’aise, dans son speech. A l’en croire, en principe la question ne devrait pas se poser puisque l’acte récriminé a été reporté, pour des raisons de conformité. Seulement, l’intention de disposer d’une Inspection propre à l’Enseignement Technique et Professionnel demeure et, cela, pour des raisons idoines. Car, le secteur de l’enseignement en République Démocratique du Congo est régi par la loi cadre n°14/004 du 11 février 2014 de l’Enseignement National qui stipule en son article 149 : «il est institué un corps des inspecteurs au sein de chaque Ministère ayant l’Education Non Formelle dans ses attributions». Et, l’article 112 de la même Loi précise que «l’éducation Non Formelle comporte les activités ci-après : le rattrapage scolaire, l’alphabétisation, l’apprentissage, la formation professionnelle ainsi que l’éducation professionnelle permanente». L’article 241, quant à lui, abroge les dispositions antérieures dont celles citées par le Député, inscrit dans l’Ordonnance qu’il a évoquée, qui consacre un corps d’inspecteurs unique.
S’il est vrai que l’Ordonnance n°78-375 du 06 septembre 1978 avait créé le corps des Inspecteurs et a été revue par celle n°91-231 du 15 août 1991, il faut retenir qu’elles ont été prises dans des circonstances où il n’y avait qu’un seul ministère chargé de l’Enseignement au niveau maternel, primaire, secondaire et professionnel. D’où, un seul corps des inspecteurs était placé sous la tutelle d’un seul Ministre.
Ainsi, le Ministre de l’ETP n’agit pas d’Autorité, mais se plie à la première exigence lui imposée par le Premier Ministre dans sa lettre de mission. Cette dernière l’enjoint de mettre en place les cadres et structures organiques de l’Inspection générale et du Secrétariat Général de son ministère. Lequel travail est en cours au niveau d’une commission interministérielle regroupée sous la coupe du Vice-premier Ministre en charge de l’emploi, du travail et de la prévoyance sociale, Président de la commission socioculturelle du Gouvernement.
Il convient de souligner que l’évolution institutionnelle dans l’organisation de l’enseignement technique et de la formation professionnelle en RDC place la commission interministérielle de l’ETP au cœur d’une stratégie de mutualisation et de synergie entre les ministères impliqués dans cette problématique.
En somme, ce Ministère est en droit de disposer de son propre Secrétariat Général et de sa propre Inspection Générale en vue d’asseoir sa politique. Le contraire serait bloquer la machine mise en route par le Chef de l’Etat dans la création de ce Ministère devant soutenir le projet de la Révolution de la Modernité.
Impact budgétaire
A cette question, Jean Nengbanba informe qu’il n’y a pas d’impact budgétaire. Au sein du défunt Ministère de l’EPSP, il y avait un personnel spécifiquement affecté à l’enseignement technique et Professionnel. Ce personnel, rodé d’avance en la matière, revient de droit au ministère de l’enseignement Technique et professionnel. Cela étant, ces agents sont matriculés et touchent régulièrement leurs salaires.
Concernant les tâches des Inspecteurs dans le cadre du contrôle et des évaluations pédagogiques, la différence est nette. Au niveau de l’ETP, les enseignements dispensés et leurs évaluations sont focalisés principalement sur la pédagogie par approche par compétence (APC). Tandis que ceux de l’EPS-INC emploient la Pédagogie Par Objectif (PPO). Deux modes opératoires totalement distincts et qui nécessitent que l’ETP soit doté de son Inspection propre telle que voulu par le Premier Ministre.
Attributions et compétences des deux ministères
Dans sa conclusion, l’auteur de la question orale avec débat a sollicité de la plénière une recommandation devant exiger la séparation distincte et totale des deux ministères pour permettre à la représentation nationale de suivre, sans se tromper, l’évolution de l’un et l’autre. Mais, pour plus de précision, le Président de la chambre basse a mis sur pied une commission des Députés qui devra collecter toute les informations possibles sur l’évolution du dossier de la part autant du ministère de l’ETP que celui de l’EPS-INC. Tout comme celle de la commission interministérielle en charge de la mise en œuvre du cadre organique du ministère de l’ETP. Car, tout le monde veut y voir clair même s’il a fallu 9 mois pour que les yeux s’y penchent.
Judith Asina