Projet de Budget 2016 : tirs croisés sur Matata

Mardi 27 octobre 2015 - 14:57

[caption id="attachment_36161" align="alignleft" width="510"]Image retirée. Projet de Budget 2016 : tirs croisés sur Matata[/caption]

Le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, a présenté, hier lundi 26 octobre, le projet du budget de l’Etat pour l’exercice 2016 devant la Représentation nationale.

L’intervention du chef du gouvernement comportait deux volets, à savoir : l’exécution du budget 2015 au premier semestre et la présentation du projet de loi de finances de l’exercice 2016.

Concernant le premier point, le Premier ministre a renseigné que les recettes globales réalisées fin juin 2015 s’élevaient à 2.866 milliards de FC contre plus de 4 milliards de l’enveloppe totale. Soit un taux d’exécution de 67,5%.

L’exécution de ces recettes se ventile de la manière ci-après :

- 750 milliards de Francs congolais alloués à la consolidation de la paix, stabilité, promotion de l’emploi, investissement, etc. Programme exécuté à 72,6% à ce jour;

- 637 milliards de Fc pour l’amélioration du cadre de vie et des conditions sociales. Cette rubrique concerne essentiellement deux secteurs : la Santé avec 96,5 milliards de Fc consacrés à la réhabilitation et construction des institutions sanitaires ; et l’Education avec 551 milliards alloués notamment à la construction, réhabilitation et équipement des établissements scolaires à travers le pays ; etc.

D’autres rubriques ayant servi à la consommation de ce montant ont été également énumérées. Avant que le 1er ministre ne promette que le gouvernement va continuer à honorer ses engagements, notamment le paiement régulier du personnel diplomatique, des obligations de la RDC auprès des institutions régionales et internationales auxquelles le pays a librement souscrit.

6 axes prioritaires du budget 2016

D’abord, le 1er ministre a te nu à souligner que le projet de budget 2016 a été élaboré dans un contexte particulier marqué par le ralentissement de l’activité économique au niveau mondial, la création de nouvelles provinces, la chute des cours du cuivre et cobalt, la chute du prix du pétrole, etc.

Il a rappelé les mesures prises par son gouvernement en vue de faire face à la situation.

Par ailleurs, Matata Ponyo a d’emblée souligné que le projet du budget dont il allait procéder à sa présentation en vue de solliciter son approbation par l’Assemblée nationale est revu à la baisse par rapport à celui de l’exercice en cours. Il a cité la chute des cours des ‘minerais et du pétrole comme les principales causes.

Pour contourner cette difficulté, a-t-il indiqué, le gouvernement compte concentrer des moyens pour le développement des secteurs de croissance, à l’instar de l’agriculture, l’énergie renouvelable, etc.

Le premier ministre s’est employé à donner les différents chiffres des rubriques du budget 2016 estimé à environ 9 milliards de dollars américains.

Six axes dits prioritaires constituent le canevas des dépenses du budget 2016:11 s’agit de:

- La poursuite des réformes institutionnelles ;

- La consolidation de la stabilité du cadre macroéconomique et la création d’emplois;

- La poursuite de la construction et modernisation des infrastructures de base;

- L’amélioration du cadre de vie et des conditions sociales;

- Renforcement du capital humain et l’éducation à la citoyenneté;

- Renforcement de la diplomatie et la coopération au développement.

Elections

A propos de l’organisation des élections dont l’année 2016 est considérée par d’aucuns comme une année essentiellement politique, le gouvernement a prévu 537,8 milliards de Fc, dont 500 milliards des recettes propres et 37 milliards des apports extérieurs, pour l’organisation des élections.

Pour gagner ce pari, celui de mobilisation des recettes pour constituer l’enveloppe budgétaire, Matata Ponyo en appelle à l’implication de tous les services générateurs des recettes, à la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale, etc.

Un débat houleux

Mbatshi Batshia fustige de promesses non tenues

Prenant la parole, le PPRD Simon Mbatshi Batshia s’est montré particulièrement dur dans ses critiques contre le projet du budget 2016.

D’entrée de jeu, il a annoncé les couleurs en disant qu’il allait pour une fois déroger à la règle, celle de toujours féliciter le 1er ministre à chaque dépôt du projet de loi de finances. Parce que, dit-il, cela fait qu’on oublie l’essentiel notamment les promesses faites par le même chef du gouvernement pour le financement du programme quinquennal 2012-2016, lors de son entrée en fonctions.

Il a rappelé que ledit programme prévoyait, suivant les promesses du premier ministre devant la Représentation nationale, la mobilisation d’environ 5 milliards USD en recettes ordinaires pour 2012, 7 milliards pour 2013, 10 milliards pour 2014, 12 milliards pour 2015, et 14 milliards pour 2016.

Hélas, constate-t-il, toutes les réalisations de 2012 à 2014 ont été en-dessous des prévisions contenues dans le programme quinquennal!

La deuxième préoccupation de l’élu du Bas-Fleuve était axée sur les divers paradoxes dont le gouvernement fait montre. A titre d’exemple, il e énuméré entre autres: un faible taux d’inflation pendant que le pouvoir d’achat de la population reste insignifiant un taux de croissance élevé (9,2% et bientôt à deux Ç chiffres) contrastant avec une pauvreté qui ne recule pas et n’ayant aucun impact sur la création d’emplois ; un taux de croissance élevé qui n’augmente pas les recettes fiscales ; une liquidation insuffisante de la dette sociale ; des taux bancaires élevés (19 à 20%) contrastant avec un faible taux directeur de la Banque centrale (2%).

Enfin, le dernier paradoxe relevé par l’intervenant est la révision à la baisse, soit 0,7%, du budget 2016 par rapport à celui de 2015.

Christian Mwando pour le rejet comme sanction

Comme il fallait s’y attendre, un débat houleux s’en est suivi à l’exposé du Premier ministre. Rien n’a échappé à la q des députés sur le projet de loi de finances 2016 lui présenté par le chef du gouvernement pour approbation.

Il ne faut pas toujours se contenter de critiquer et au finish adopter, sans ne moindre sanction. Il faut Ç parvenir, ne fut-ce que cette fois-ci, à sanctionner le gouvernement par le rejet pur et simple de son projet non adapté aux réalités du pays. L’exigence est du député Christian Mwando qui a dénoncé, chiffres, à l’appui et sans document, la mauvaise gouvernance Dépassement réguliers et permanents, des dépenses non prévues, le non respect des rubriques libellées… figurent parmi les critiques émises par l’intervenant.

A.C. Lubaya fustige des incohérences et imperfections

L’élu de Kananga André Claudel Lubaya se dit estomaqué de constater, en parcourant le volume des documents leur remis par le gouvernement, des incohérences dont il a avoué de pas comprendre le sens. Par exemple, parlant de la province du Kasaï Central, le gouvernement prévoit, de construire un tribunal de paix dans le territoire de Feshi alors que celui-ci appartient plutôt à la province du Kwango ; le même gouvernement envisage de construire’ le stade de Kashala Bonzola dans la ville de Mbuji-Mayi en parlant du Kasaï Central... il a dit avoir relevé une centaine d’inconguités dans le document. Ce qui l’amène à conclure que les dirigeants ne lisent pas les documents sur lesquels ils ‘apposent leurs signatures.

Image retirée.

 

 

D’autres critiques ont été aussi émises. C’est le cas du député Muhindo Nzangi qui veut savoir pourquoi n’a- t-on pas prévu des indemnités de sortie du chef de l’Etat, alors qu’on en a prévu pour toutes les autres institutions dans le budget 2016. La mécanisation des fonctionnaires et agents de l’Etat ainsi que des nouvelles unités ayant passé plusieurs années sans être rémunérés, le niveau trop bas de l’instruction, la précarité des soins primaires de santé, le chômage toujours galopant.., figurent également parmi les nombreuses critiques émises par des députés lors du débat général sur la loi de finances de l’exercice 2016.

 

Le ministre a quarante huit heures pour répondre aux préoccupations des élus. C’est donc demain mercredi 28 octobre que Matata Ponyo reviendra à l’hémicycle de Lingwala pour éclairer la religion des députés. Au cours de la même plénière, le ministre de la Justice est attendu pour apporter la lumière exigée dans l’affaire Kalala Tshibangu.

 

Par DOM