Depuis le début de l’année, les mises en garde de l’UE (Union Européenne) aux autorités de la République Démocratique du Congo au sujet du blocage du processus électoral, des tentatives de violation de la Constitution et du non-respect des droits de l’homme ne se comptent plus. Cette fois, en l’espace d’une semaine, cette institution internationale partenaire de notre pays est montée au créneau trois fois de suite pour exiger, en des termes de plus en plus durs et pressants, la relance du processus électoral par la publication d’un calendrier électoral réaménagé et réaliste, qui soit en phase avec les délais constitutionnels, ainsi que la cessation des violations des droits de l’homme, caractérisées par la restriction des libertés d’expression, de manifestation et de réunion, l’interdiction des manifestations publiques pacifiques ou leur répression violente par les forces de sécuritaire, le harcèlement des opposants ou des professionnels des médias voire leur arrestation arbitraire, la fermeture des médias privés, l’impossibilité d’accès pour les opposants aux médias publics, etc.
Leur exigence du respect strict de la Constitution en ce qui concerne l’organisation des élections présidentielle et législatives nationales s’apparente à un refus catégorique de toute velléité de « glissement » du processus électoral, synonyme du dépassement du mandat du Chef de l’Etat actuellement en fonctions. L’Union Européenne en appelle même au sens de responsabilité du gouvernement quant à la mise à la disposition de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) des moyens requis pour la tenue des scrutins.
Les Occidentaux ne font plus par ailleurs mystère de leur volonté de participer aux frais d’organisation des élections. L’unique condition posée à ce sujet est que le gouvernement congolais leur produise un chronogramme précis de décaissement des fonds en faveur de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante).
Les messages en direction de Kinshasa ne cachent rien de la préoccupation des partenaires occidentaux de voir l’espace politique et médiatique congolais répondre aux standards internationaux en périodes de pré-campagne et de campagne électorale, notamment à travers la libre circulation des idées et la libre participation de tous au débat d’idées. Dans l’esprit de l’Union Européenne, croit-on savoir, l’environnement politique congolais, fortement vicié, doit être débarrassé de toutes les antivaleurs qui étouffent les idées des citoyens au sujet de leurs attentes politiques, économiques et sociales. Dans le même ordre idée, elle voudrait voir tous les hommes et femmes ayant des ambitions politiques partager librement leurs projets de société avec leurs concitoyens.
Dans cette optique, elle ne voudrait voir personne inquiété, emprisonné ou éliminé physiquement à cause de ses idées sur l’avenir et le devenir de la nation ou ses critiques des actions des gouvernants actuels. Bref, elle se positionne clairement pour l’émergence d’une société ouverte en République Démocratique du Congo, gage de la cohésion nationale, de la paix et du développement durables.
Prévenir des situations incontrôlables
En 2002 -2003, les occidentaux avaient réussi le difficile pari de la réunification politique et administrative de la RDCongo, de la transformation des mouvements rebelles en partis politiques et des seigneurs de guerre en animateurs des institutions de la République au terme du dialogue intercongolais et de l’organisation d’élections tant soit peu multipartite, même si la transparence n’était pas au rendez-vous. C’était après cinq ans de guerres fratricides, de massacres de populations civiles (plus de cinq millions de victimes), de destructions sans nombre des infrastructures de base, de partition de fait de l’Etat congolais…
Ceux qui avaient porté à bouts de bras le processus électoral de 2006 connaissent mieux que quiconque les conséquences qui pourraient découler de la non tenue d’un certain type de scrutins, notamment présidentiel et législatifs, dans les délais constitutionnels, de la modification intempestive des règles du jeu mais surtout de leur report sine die. Au regard de ce qui est arrivé au Burundi voisin et de la fragilité de l’Etat congolais sur tous les plans, le blocage prolongé du processus électoral n’est pas à souhaiter, car susceptible des provoquer des situations incontrôlées et incontrôlables.
En interpellant les décideurs congolais à répétition, ils voudraient sans doute attirer leur attention sur le risque de continuer à jouer avec le feu dans un pays dont la survie passe incontestablement par un processus électoral transparent et apaisé, à organiser dans les délais constitutionnels. Au regard de ce qui précède, le « glissement » non consensuel serait la recette de tous les dangers. Kimp