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Dr Sondji. Le vieux briscard révélé à l’époque de la transition sous Mobutu et pendant la Conférence nationale souveraine -CNS- se fait encore parler de lui dans une longue réflexion, où il accuse le Président de la République Joseph Kabila d’être le principal obstacle à la démocratisation en RD-Congo.
C’est à la date du 24 février 2013 que le Président Joseph Kabila était le premier, avec 14 autres Chefs d’Etats de la région ou leurs représentants, ainsi que des représentants des certaines institutions internationales, à apposer sa signature au bas du document que nous désignerons par «Accord-cadre d’Addis-Abeba».
Avant de décrire les péripéties qu’a connues la mise en œuvre de cet Accord-cadre, spécialement de son volet «Dialogue», dialogue ardemment voulu par les uns et redouté par d’autres, pour une meilleure intelligence, il est nécessaire de commencer par donner quelques éléments liés au processus électoral du 28 novembre 2011.
Il est de notoriété publique que le processus électoral chaotique, entamé le 28 novembre 2011, avait plongé notre pays dans une crise constitutionnelle et institutionnelle majeures. Son interruption par le pouvoir en place constituait une reconnaissance implicite de cette mauvaise organisation.
Malgré ce désordre électoral la CENI avait quand-même proclamé Joseph Kabila comme Président élu, de même que la plupart de ceux qui forment aujourd’hui l’Assemblée nationale.
Dans son journal en ligne, «Le Soft» n°1154 du vendredi 2 mars 2012, Kin-kye Mulumba, son éditeur, devenu quelque temps après ministre des PTT et de Nouvelles technologies de l’information, écrivait, je cite: «Sur les 500 membres qui composent l’Assemblée nationale issue des élections du 28 novembre 2011, tout au plus une centaine ont été effectivement élus. Les 400 autres sont soit des «compiles» soit des «désignés». Fin de citation.
Dès le départ donc la légitimité de ces deux institutions était sujette à caution. La contestation de cette légitimité devenait le premier élément constitutif de la crise.
Lors de ce processus électoral, au moins 7 dispositions légales avaient été violées. Si le système judiciaire avait correctement assumé son rôle les élections auraient dû être annulées. Le dysfonctionnement du système judiciaire constitue le second facteur de la crise.
Dans les différents rapports, MOE/UE, Centre Carter, Congo/SADC, Eglise Catholique, on pouvait lire, çà et là: «Il y a lieu de conclure qu’ils -les résultats- ne sont conformes à la vérité ni à la justice».
Ci-dessous ce que notait à ce sujet la mission d’observation du Centre Carter, je cite: «L’organisation et la gestion chaotique des élections du 28 novembre 2011 par la CENI ont engendré une crise de légitimité sans précédent dans l’histoire de la RDC. La recherche de solution à celle-ci impose aux acteurs congolais un franc dialogue et un réel consensus… Dans de telles circonstances tendues et compromises, ce n’est qu’à travers un dialogue politique inclusif que les Congolais seront en mesure de revendiquer leurs droits», fin de citation.
Si les Etats-Unis d’Amérique, par la bouche de leur Secrétaire d’Etat d’alors, Mme Hillary Clinton, se déclaraient «profondément déçue de la validation des résultats par la CSJ», pour ce qui est du ministre français des Affaires étrangères, il se contentait de «prendre note» des résultats définitifs de l’élection présidentielle en RD-Congo et «appelait tous les acteurs politiques RD-congolais au calme et au dialogue».
Par ailleurs, l’interruption du processus électoral empêchait le pays de se doter d’autres institutions lui permettant de fonctionner conformément à la Constitution. Il s’agit de l’élection des députés provinciaux qui forment les Assemblées provinciales, lesquelles ont la mission constitutionnelle de mettre en place et de contrôler les Exécutifs provinciaux et d’élire les sénateurs nationaux. C’est-là le troisième élément constitutif de la crise.
Dès ce moment, le pays ne pouvait pas fonctionner suivant les prescrits de la Constitution. La législature était, dès lors et d’office extra-constitutionnelle.
Non élu en 2006 et mal élu en 2011 -pour ne pas dire pas élu non plus-, le Président Kabila ne tirait sa légitimité que de la «Communauté internationale». Cette légitimation par la «Communauté internationale» d’une personne non élue par le peuple RD-congolais est le quatrième facteur de la crise RD-congolaise.
Il est important de relever aussi que la CENI n’était pas prête pour entamer le processus électoral au mois de novembre 2011.
Cela était dû notamment à la mise en place tardive de la CENI -mars 2011-, à la promulgation tardive de la loi électorale révisée, aux contraintes logistiques liées à l’étendue du pays, au calendrier serré, aux choix des fournisseurs -d’abord l’Europe, ensuite l’Asie, et puis l’Afrique-, aux contraintes liées au trop grand nombre de candidats députés.
Face à cette réalité et pour que la CENI entame le processus électoral dans de meilleures conditions, la Communauté internationale avait proposé de reculer les élections présidentielles et législatives au mois de mars 2012 pour organiser les provinciales en juillet 2012.
Le pouvoir, plus que la CENI, avait campé sur ses positions en rejetant la proposition sous prétexte de respecter impérativement les délais constitutionnels.
Au final, si les élections de novembre 2011 avaient effectivement respecté les délais constitutionnels pour les présidentielles et les législatives, mais au prix d’un désordre tel que le processus électoral ne pouvait plus se poursuivre, violant, ipso facto, d’autres délais constitutionnels comme ceux liés aux élections des députés provinciaux et des sénateurs nationaux. Le pays s’enfonçait dans une grave crise institutionnelle et constitutionnelle.
Face à l’imbroglio politique créé par un Président et une Assemblée nationale mal élus, des institutions provinciales et un sénat non renouvelés comme le prévoit la Constitution, toujours la Communauté internationale avait demandé au Président Kabila de surseoir à sa prestation de serment.
Encore une fois, le Président Kabila, ayant rejeté cette idée, avait prêté serment dans les conditions que l’on sait. Des pressions avaient été exercées pour qu’aucun Chef d’Etat étranger n’y assiste, à l’exception du Président Mugabe qui en tiendra rigueur à son ambassadeur, pour ne lui avoir pas décrit la situation réelle qui prévalait à Kinshasa.
De manière évidente, il s’agissait-là d’un premier signal fort dont le Président Kabila aurait dû évaluer la portée à sa juste valeur.
Ayant refusé de reporter les élections, la prestation de serment et en guise d’ultime tentative, il sera recommandé au Président Kabila de former un gouvernement crédible, dirigé par un Premier ministre tout aussi crédible. Un tel gouvernement servirait, à la Communauté internationale, d’interlocuteur, capable de trouver rapidement des solutions à la crise provoquée par le désordre électoral.
Le Président Kabila attendra 5 mois pour nommer Matata Ponyo comme Premier ministre qui formera, dans la foulée, son premier gouvernement.
Tirant sans doute profit aussi de l’anarchie post-électorale et donc du déficit de légitimité du Président Kabila, le M23 déclenchera les hostilités à l’Est, allant jusqu’à conquérir, sans coup férir, la ville de Goma, provoquant un profond sentiment d’humiliation de la nation au sein de la population RD-congolaise. Cela aggravait le désamour qui existait entre le peuple RD-congolais et le Président Kabila.
Avec une certaine habilité, le M23 avait changé son discours dont les revendications étaient jusque-là à caractère ethnique. Cette fois, ses revendications politiques avaient un caractère plus national puisqu’il -M23- dénonçait les dérives du régime de Kabila qu’il voulait renverser. Cela avec, sans doute, le secret espoir de faire accepter sa lutte par un plus grand nombre de RD-Congolais dont il savait que la majorité n’aimait pas Kabila ni… le M23, considérés comme des marionnettes du Rwanda.
Dos au mur, avec une armée inefficace, la Communauté internationale avait contraint un Kabila en position de faiblesse à accepter de négocier avec le M23, à la grande désapprobation de l’opinion RD-congolaise, aggravant du coup l’impopularité dont il était déjà l’objet.
Ces négociations réunissant, outre les belligérants, des Chefs d’Etats de la Région et des représentants des institutions internationales mais aussi des représentants de certains pays hors de la région, avaient abouti à la signature, le 24 février 2013, à Addis-Abeba, de l’Accord-Cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RD-Congo et la «Région», document signé par:
- SE Mr. Joseph Kabila, Président de la RD-Congo;
- SE Mr Parfait Anicet Mbay, vice-Premier ministre de la RCA, au nom de SE Mr le Président Bozize.
- SE Mr Manuel Domingos Vicente, vice-Président de la République d’Angola, au nom de SE Mr le Président José Eduardo dos Santos;
- SE Mr Laurent Kavakure, ministre des Relations extérieures et de la Coopération internationale du Burundi, au nom SE Mr le Président Pierre Nkuruziza;
- SE Mr Denis Sassou N’guesso, Président de la République du Congo;
- SE Mr Paul Kagame, Président du Rwanda;
- SE Mr Jacob Zuma, Président de la République Sud-africaine;
- SE Mr SalvaKiir Mayardit, Président du Sud-Soudan;
- SE Mr Ban Ki-moon, SG des Nations-Unies;
- SE Dr Nkusazana Dlamini Zuma, Présidente de la Commission de l’UA
- SE Mr Armando Emilio Kuebuza, Président de la Commission de la SADC;
- SE Mr Edward Kiwanuka Scekandi, vice-Président de l’Uganda, au nom de SE Mr Yoweri Kaguta Museveni, Président de la Conférence internationale des pays des Grands lacs;
- SE Mr Edward Kiwanuka Scekandi, vice-Président de l’Uganda, au nom de SE Mr Yoweri Kaguta Musevini, Président de l’Uganda
- SE Mr Whyinter Kabinda, ministre de la Justice de la République de Zambie, au nom de SE Mr le Président Michael Chilufya;
- SE Mr Jakaya Mrisho Kikwete, Président de la République Unie de Tanzanie.
- Un engagement renouvelé à:
- Au point 5: Promouvoir la réforme structurelle des institutions de l’Etat, y compris des finances;
- Au point 6: Promouvoir les objectifs de la réconciliation nationale, de tolérance et de la démocratie.
- Invite l’Envoyée spéciale pour la Région des Grands lacs nouvellement nommée, en coordination avec le Représentant spécial pour la République démocratique du Congo avec le concours voulu de celui-ci, à diriger, à coordonner et évaluer la mise en œuvre des engagements nationaux et régionaux pris dans l’Accord-Cadre…
- «Demande au Représentant spécial pour la République du Congo de s’acquitter au moyen de ses bons offices, des tâches suivantes:
- Après avoir détourné pour son compte personnel les fonds secrets du Président Laurent-Désiré Kabila, AKM -Augustin KatumbaMwanke- s’évertue à se convaincre lui-même et à persuader tout le monde que
- Il est l’héritier de Laurent-Désiré Kabila sur le plan politique
- Joseph Kabila, son jumeau à la magistrature suprême, ayant l’héritage du seul domaine militaire
- Conflit entre AKM et Vital Kamerhe pour succéder à Joseph Kabila:
- En 2003-2004, autour des fonctions de vice-Président de la formule 1+4 pour le compte de la mouvance présidentielle.
- En 2006, par trafic d’influence et la course à la suprématie politique individuelle et égocentrique.
- La débâcle électorale enregistrée par le PPRD, avec 25% aux élections législatives et de 48% aux présidentielles
- L’éviction de ces grosses pointures politiques, frustrées et forcées de se présenter en indépendant, sinon de s’aligner carrément ailleurs.
- En 2009, le conflit AKM/VK dégénère, jusqu’à éclabousser la nation entière, les institutions et l’image même du Chef de l’Etat, lors de l’éviction laborieuse de VK de ses fonctions de Président de l’Assemblée nationale.