Dans un Manifeste, des personnalités fortes de la Société civile mettent en garde contre le danger qui guette la RDC.
Plus qu’un cri du cœur, un coup de gueule, il s’agit véritablement d’un manifeste. Toutes proportions gardées, comme celui de 1956. Des Congolais de tous bords décident d’initier un mouvement citoyen en vue de faire prendre conscience au pays tout entier de la menace existentielle qui pèse sur la RDC. C’est, à n’en point douter à cet exercice patriotique que se sont adonnées des figures qui portent dans ce que l’on appelle Société civile. Alors que le pays s’interroge sur son avenir et son devenir, des personnalités liées à des structures ayant pignon sur rue, interpellent le Président de la République, la classe politique, bref tout l’establishment congolais. Aux uns et aux autres, les initiateurs et autres signataires du Manifeste version 2015, demandent de se surpasser en vue de sauver le pays, de sauver la nation qui est en danger. Et l’antidote à cette menace existentielle s’appelle Dialogue citoyen. Un forum dont l’enjeu essentiel devrait être celui de créer les conditions du sauvetage collectif. Pour peu que l’on soit conscient des enjeux de l’heure, on ne peut que souscrire à cet appel. Car, l’avenir du pays est présentement sujet à plusieurs hypothèques. Même la perspective d’élections, paraît aléatoire sans un minimum de consensus national. De ce point de vue, la démarche de ces têtes couronnées de la Société civile mérite bien d’être soutenue par tous ceux qui sont attachés à la cohésion nationale, à la paix et surtout à l’existence de la RDC comme Etat.
Journaliste en danger (JED), Ligue du peuple, Association des Anciens Etudiants de Lovanium-UNAZA-UNIKIN) (ALMA), Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo(CALCC), Réseau d’Organisation des Droits humains et d’Education civique d’Inspiration chrétienne(RODHECIC)Asbl " Débout Congo ", Fondation Entreprendre, ont, au cours d’une rencontre, organisée hier mardi 27 octobre au CEPAS, présenté et signé le " Manifeste de la Société civile congolaise pour le salut pour la Nation pour un dialogue citoyen ".
Dans leur déclaration, les initiateurs de Manifeste à savoir Tshivis Tshivuadi (JED), Didier Mumengi (Ligue du Peuple), Modeste Mbanigaba (ALMA), Crispin Nlanda Ibanda (CALCC), Père Rigobert (RODHECIC), Norbert Yamba-Yamba (DEBOUT CONGO), AL Kitenge Lubanda (Fondation Entreprendre)ont souligné qu’en tant que membres de la Société civileet Forces vives de la Nation, , sont témoins du drame que vivent au quotidien des millions de Congolais : parents, sœurs et frères. Ils déplorent notamment la paupérisation des fonctionnaires et des travailleurs qui, incapables de subvenir à leurs besoins les plus essentiels malgré leur travail, survivent, la mort dans l’âme par la mendicité, la corruption, les pots-de-vin et le petit vol quotidien au travail.
Dans leur déclaration, ils s’inquiètent fortement du désespoir des jeunes et de l’errance de ces enfants va-nu-pieds en guenilles qui envahissent les grands centres urbains en tant que mendiants professionnels, mais aussi en brigands, car ils ne trouvent rien à manger et sont sans avenir, s’exposant en même temps aux risques de violences, et de viol et prostitution. Et d’ajouter : "nous nous indignons contre la banalisation de la guerre et de l’insécurité à l’Est de notre pays , où des pans entiers du territoire national son occupés par des groupes militaires étrangers , qui massacrent à volonté nos compatriotes , pillent nos ressources stratégiques , incendient nos filles, ravagent nos récoltes, détruisent les forêts et les écosystèmes du pays, violent nos filles , sœurs, nos mères et mêmes des grands-mères, sans subir des sanctions à la hauteurs des horreurs qu’ils commettent jour après jour. Nous sentons notre humilité par la persistance de ces maux qui deviennent caractéristiques de la société congolaise, tels que : le génocide silencieux des maladies bénignes, les coupures intempestives du courant, le manque de fourniture d’eau potable, la prolifération des nids-de-poule sur nos routes, l’envahissement de la saleté et de l’insalubrité qui transforment nos rues et bon nombre d’espaces publics en dépotoirs sauvages, la razzia des moustiques dès le crépuscule, la ruée des mouches dès l’aube… "
Les membres de cette société civile pensent que ce drame n’est pas une malédiction. Par contre, il est le contrecoup du déficit de conscience citoyenne de chacun et de nous tous. Mais surtout, soulignent-ils, il est le résultat à la fois de l’égoïsme des élites et des erreurs politiques chroniques.
LE BIEN-FONDE DE DIALOGUE CITOYEN
Selon eux, sans un " dialogue des 4 vérités ", un avenir sombre profile à l’horizon en RDC. Ainsi, ces membres de la société civile notent qu’à travers ce Manifeste, ils lancent un appel pour un " dialogue citoyen ". Ce dialogue est dit citoyen parce qu’il mettra l’intérêt général au centre des négociations. Il est citoyen du fait qu’il exigera un "compromis politique historique ", assorti d’un " agenda électoral viable et accepté patriotiquement pour tous ".
Ce dialogue est citoyen parce qu’il a vocation à donner à la société congolaise un " Pacte républicain ", qui imposera un cadre éthique et un modèle de société à bâtir auxquels aucun responsable politique ou économique ne pourrait et ne saurait déroger. Ce dialogue citoyen, précisent les initiateurs du Manifeste, c’est la voie royale pour sortir le pays de l’impasse où il se trouve à présent. " C’est notre seule chance au changement dans la paix et pour la paix " !, soulignent-ils.
Avent d’ajouter : " En effet, à y regarder de près, la condition sine qua non du sursaut collectif pour le redressement économique et social de notre pays, c’est avant tout un consensus national courageux autour des grandes questions, des valeurs essentielles et des principes -éthiques susceptibles de féconder l’exercice du pouvoir politique et de fonder notre existence en tant que civilisé ".
Dans leur déclaration, les initiateurs et signataires ont exhorté le président de la République à se mettre à la hauteur de ses devoirs du moment, à entendre les cris du peuple en détresse, à mettre en avant, en sa qualité de chef d’Etat, les intérêts de la nation, dont l’existence même est menacée.Ils le prient de prendre des décisions politiques qui s’imposent. Ce, en vue de rédiriger la RDC sur la voie de la cohésion nationale et de la construction du bien-être général.
Aux acteurs et organisations politiques, ils les prient d’assumer pleinement leur rôle des vigiles et gendarmes de l’action gouvermentale.
Outre les noms précités, Jean-Marie Ntantu Mey, Me Alfred Liyolo, Sukari Elombe sont également signataires dudit Manifeste