Musique-Miss Kumbu-ki-Lutete :« Le Congolais doit se remettre en question pour retrouver sa place sur l’échiquier mondial »

Mardi 8 décembre 2015 - 08:02

Plusieurs années après ses débuts en musique en Grande-Bretagne, l’artiste congolaise Miss Kumbu-ki-Lutete a regagné la mère-patrie, la République démocratique du Congo (RDC),  il y a neuf mois exactement. Dans une interview exclusive qu’elle a accordée au journal Le Potentiel, cette technicienne de la musique dresse, à sa manière, le bilan de la musique congolaise.
« La musique congolaise est en perte de vitesse. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui, en revenant à Kinshasa, m’a poussée à attendre neuf mois pour me relancer dans la carrière. Il faut se remettre en question et avoir un point de vue à exprimer. Le grand défi du Congolais, pour qu’il arrive à retrouver la place qu’il aréellement perdue sur l’échiquier international, c’est de se remettre en question »,a déclaré Miss Kumbu-ki-Lutete, au cours d’une interview accordée, le jeudi 3 décembre 2015 , dans sa résidence du quartier Camp Mimosa, à Ngaliema.
Miss Kumbu-ki-Lutetea estime qu’il est anormal, pour un pays aussi riche musicalement que la RDC, que l’on ne puisse pratiquer une sorte de pop africaine.
« Nous avons plus de 450 ethnies, avec des folklores et rythmes qui diffèrent, comment se fait-il que tous ces sons ne se font pas entendre ? Aujourd’hui, ce que l’on entend en RDC, c’est une sorte de pop africaine et la véritable musique traditionnelle congolaise n’est pas répercutée, on ne l’entend pas. Beaucoup ne la connaisse même pas, comparativement à l’Afrique de l’Ouest, où les artistes font le commerce musical sur leurs traditions accompagnées de leurs propres instruments, à l’instar de la Kora. Et pourquoi le Congolais n’envisagerait-il pas de faire les choses autrement ? Le Congolais doit changer de mentalité », s’interroge-t-elle.
Faisant une lecture de l’espace culturel congolais, Kumbu-ki- Lutete, qu’on appelait autrefois Manassé Israëlle Isolele, relève que « la population congolaise sans distinction est motivée à créer et elle s’investit dans des projets qui ont de l’intérêt. Mais, il y a une réalité du business ici qui appartient seule au pays. De même qu’il existe encore en RDC, le système de clan. Cela veut simplement dire qu’il y a la rue, d’une part, et l’élite de la musique, d’autre part. Et, mon impression est qu’il n’y a pas encore trop de rencontre entre les deux mondes », a-t-elle précisé.
Sortie du nouveau single à Kinshasa
« Il y a eu récemment à Kinshasa, le festival international des Francofolies. J’ai regardé les têtes d’affiche, j’étais étonnée de voir ceux qui figuraient à l’affiche! Je respecte tous les artistes, étant donné que ce sont mes collègues, des gens avec qui j’ai travaillé et d’autres mêmes sont mes amis, mais s’il faudrait être honnête », rappelle-t-elle.
Posant la question de « s’il n’existe pas d’artistes peu connus, mais qui ont quelque chose à exprimer par leurs talents et ont quelque chose en partage avec le français », elle pense qu’« il faudrait qu’à un moment, l’artistique et les valeurs qu’on prête à l’artistique puissent permettre à ceux qui les présentent d’être un peu plus visibles ».
Formée à la musique jazz, Miss Kumbu-ki-Lutete a embrassé la carrière à l’âge de 12 ans, comme choriste en Grande-Bretagne. Des années se sont écoulées, cette technicienne avérée de la musique a accumulé savoir et professionnalisme en sillonnant les pays de l’Europe.
N’ayant aucune limite artistique (jazz, rock, rumba, pop, reggae…), Miss Kumbu-ki-Lutete a eu à collaborer avec de grands artistes tels qu’Awilo Longomba, Papa Wemba, Ferre Gola et tant d’autres.
C’est en 2013 qu’elle a entrepris une carrière solo en produisant son premier single « Rupture », depuis Paris en France. Neuf mois après son retour à Kinshasa, Miss Kumbu-ki-Lutete annonce la sortie à Kinshasa de son nouveau single déjà finalisé. Elle estime avoir une contribution à apporter au domaine socioculturel congolais.

 

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