Exigeant l’examen de sa pétition qui s’oppose au rattachement de Ngandanjika et Muene-Ditu à la nouvelle province de Lomami
Dans une lettre ouverte adressée au Chef de l’Etat et dont la Rédaction de La Tempête des Tropiques a réussi à se procurer une copie, M. Mulundu Kabeya Kamuena vient de décider, en sa qualité de digne fils de la province du Kasaï Oriental et de notable du territoire de Ngandajika, d’accuser le Parlement auprès de l’Autorité suprême du pays et de solliciter l’arbitrage de cette dernière au sujet de la pétition de 100.000 signatures qu’il avait déposée au Parlement pour s’opposer au rattachement de Ngandanjika et Muene-Ditu à la nouvelle province de Lomami.
Dans sa correspondance, M. Mulundu Kabeya accuse le Parlement auprès du Chef de l’Etat pour n’avoir jamais examiné cette pétition déposée en bonne et due forme et d’avoir ainsi violé l’article 218 de la Constitution en son point 4.
Farouchement opposé au détachement de Ngandanjika et Muene-Ditu de la province du Kasaï Oriental, tel que l’exige le découpage territorial décrié, l’auteur de la lettre ouverte présente des arguments solides que nous invitons nos lecteurs à découvrir dans cette correspondance dont nous publions l’intégralité ci-dessous.
J’accuse le Parlement national devant le Président de la République
J’accuse le parlement devant le Chef de l’Etat parce qu’il a violé l’article 218.
Cette disposition constitutionnelle,notamment en son point 4, stipule qu’une fraction du peuple congolais (en l’occurrence 100.000 personne) s’exprimant par une pétition, peut demander au Parlement national de modifier une situation qui porte atteinte à ses intérêts.
Ce fut dans ce cadre que nous avons déposé notre pétition auprès de ce pouvoir législatif national pour demander le rattachement du territoire de Ngandanjika à la ville de Mbuji-Mayi.
Après ce dépôt qui a eu lieu lorsque M. Boshab fut le président de l’Assemblée nationale, nous nous attendions à ce que ce Parlement examine cette pétition et reconnaisse son bien-fondé et nous réserve une suite favorable. Ne l’ayant pas fait, ce parlement a méprisé les Baluba du Kasaï Oriental.
Parce qu’il nous a traités avec dédain, nous demandons maintenant non seulement le rattachement du territoire de Ngandanjika à la ville de Mbuji-Mayi, nous réclamons aussi le maintien du territoire de Muene-Ditu à notre actuelle province du Kasaï Oriental.
Nous le demandons parce que notre ancienne province du Sud-Kasaï comprenait outre le territoire de Tshilenge, mais aussi les territoires de Ngandanjika et Muene-Ditu.
Ces 3 régions traduisent les limites réelles entre l’ancienne province du Sud-Kasaï de 1960 et la province de Lomami dont les régions sont Kabinda et Lubao.
Ces limites territoriales entre les 2 entités provinciales furent reconnues en 1960 par le pouvoir central. Les Balubas demandent donc que ces limites territoriales soient respectées par le pouvoir central actuel. Aussi ils continueront à rejeter ce faux principe et non constitutionnel véhiculé par une certaine opinion à Kinshasa, principe selon lequel chaque district se transforme automatiquement en » une province « .
Ce principe est faux et non constitutionnel. Car, la province du Bas-Congo qui a en son sein 3 districts (districts de Cataractes, de Lukaya et de Bas-Fleuve) n’a pas été démembrée en 3 provinces.
L’article 2 de la Constitution qui a créé les 25 provinces ne dit pas non plus que chaque district se transforme automatiquement en une province. Cette disposition constitutionnelle a tout simplement proclamé la création de 25 provinces sans faire aucune référence aux districts.
Les Baluba refusent donc de reconnaître les fausses limites fixées arbitrairement pas le parlement actuel, notamment celles de la province du Kasaï Oriental et celle de Lomami.
Pour nous, les limites réelles sont celles de 1960 qui reconnaissaient à leur ancienne province (remplacée actuellement par la province du Kasaï Oriental) les territoires de Tshilenge, de Muene-Ditu et de Ngandanjika, tandis que la province de Lomami avait ses régions de Kabinda et de Lubao.
Quand nous parlons des Baluba du Kasaï Oriental, nous considérons les 3 groupes ci-après : 1. Les Baluba-Lubilanji, 2. Les Baluba- Kanyoka qui jusqu’en 1851, enfilaient le nom de Baluba (le terme Kanyoka ne fut utilisé que plus tard) et Luba Bakete Nord qui, comme les autres groupes Luba, sont des descendants de Mulopwe Kasongo Muine Kibanza du 2ème empire créé au 16ème siècle au Katanga par le Mulopwe Ilunga Mbidi.
Ces 3 groupes de Baluba ont toujours vécu ensemble depuis qu’ils ont quitté le Katanga et se sont installés au Kasaï au 17ème siècle.
Pourquoi s’acharne-t-on aujourd’hui à vouloir les diviser sous le fallacieux prétexte du principe non constitutionnel et d’un découpage territorial qui ne respectent pas les limites réelles entre ces 2 provinces ? Aussi longtemps que les limites de 1960 entre ces 2 provinces ne sont respectées, le peuple Luba continuera à rejeter ces fausses limites décidées par le parlement, en violation des articles 218 et 2 de la Constitution.
Les autres compatriotes non contents de notre unité recourent à des stratagèmes macabres pour nuire aux Baluba du Kasaï Oriental, en cherchant à les diviser et les affaiblir sociologiquement et économiquement.
Si certaines personnes de ces 3 groupes des Baluba ci-dessus ne comprennent pas encore le cynisme et même le danger qui plane sur les Baluba et nos futures générations et qui parfois passent sur certaines télévisions locales pour dire le contraire de ce que l’écrasante majorité du peuple Luba veut, c’est-à-dire le maintien de nos territoires cités ci-dessus dans les limites de l’ancienne province du Sud-Kasaï de 1960, ils risquent de le regretter amèrement à l’avenir.
Les Baluba ne sont pas des tribalistes. Ils veulent simplement vivre pacifiquement avec tous les Congolais, et ne veulent que leurs droits fonciers leur soient arrachés injustement par les artifices non constitutionnels.
C’est pourquoi ils demandent que les territoires de Tshilenge, de Muene-Ditu et de Ngandanjika continuent à leur appartenir et intégrés dans leur actuelle province du Kasaï Oriental. Et que la province de Lomami se limite à ses régions de Kabinda et de Lubao.
Comme ce fut le cas en 1960. Les Baluba accusent le Président de la chambre basse et celui de la chambre haute du Parlement d’avoir refusé de soumettre aux parlementaires l’examen des désidératas du peuple luba.
Mulundu Kabeya Kamuena