Une motion de défiance suspendue sur la tête de Minaku

Mercredi 5 novembre 2014 - 07:55

(KINSHASA)- Le président de l’assemblée nationale, Aubin Minaku fera l’objet d’une motion de défiance si à la plénière de ce mercredi la majorité rejetait par une motion incidentielle l’examen de l’action dirigée contre le ministre délégué aux finances, Patrice Kitebi. ‘‘Nous disons au président de l’assemblée nationale qu’il a donné sa parole d’honneur à laquelle il doit tenir et respecter. Sinon, nous souhaitons que notre motion soit examinée et que le ministre mis en cause apporte ses arguments de défense sur les faits lui reprochés’’, a prévenu l’opposant John Kolela, l’auteur de la motion de défiance contre Kitebi. Le groupe Udps et alliés a averti le speaker de la chambre basse du parlement que toute manœuvre de contrer la motion de défiance par une motion incidentielle ne restera pas impunie. ‘‘Nous rappelons que notre motion n’est pas une motion d’interpellation où l’on peut examiner l’opportunité de sa recevabilité. Toute tentative
d’empêcher notre motion par des moyens malhonnêtes sera assortie des sanctions’’, a menacé John Kolela. L’opposition accuse le ministre délégué aux finances d’avoir utilisé les crédits alloués au bureau du porte-parole de l’opposition alors que celui-ci n’a jamais été désigné. Outre ce grief, des actes de malversation criante ont été mis à la charge de Patrice Kitebi. Après le dépôt de la motion de défiance, beaucoup de tentatives pour l’étouffer ont échoué, a-t-on appris du leadership du groupe Udps et alliés. Des retraits de signature ont été faits avec la complicité du bureau de l’assemblée nationale, a déploré un député de l’Union pour la nation congolaise de Vital Kamerhe.

L’argent sale a circulé pour corrompre les députés signataires mais les corrupteurs ont échoué de bloquer la motion, a dénoncé Jean Claude Vuemba, le président du Mpcr. Le ministre délégué aux finances, Patrice Kitebi va passer mercredi probablement l’un des moments les plus durs de sa vie politique. Le ministre très proche du premier ministre Matata Ponyo visé par une motion de défiance doit expliquer aux élus où sont partis les 207 sur les 500 millions de FC réservés au fonctionnement du bureau du porte-parole de l’opposition. Les opposants trouvent anormal que l’assemblée nationale veut passer sous silence cette fraude pourtant dénoncée courageusement par la cour des comptes. L’enjeu de la motion, c’est surtout le vote à bulletin secret. Dans la configuration actuelle, la majorité rebellée contre le premier ministre risque de punir son poulain Kitebi en votant en faveur de la motion. ‘‘Nous avons peur de cette motion, il faudra faire un travail de  conscientisation des élus de notre famille politique pour éviter que le ministre Kitebi ne tombe’’, a assuré un cadre influent de la majorité parlementaire. Les anti-Matata veulent lui régler des comptes en sanctionnant Kitebi, a déploré un autre cardinal de la MP. Sanctionner Kitebi voudrait dire sanctionner le premier ministre parce que Kitebi n’est qu’un délégué mais le vrai ministre des Finances, c’est Matata lui-même, a rappelé un opposant signataire de la motion. Sinon, tout porte à croire que les jours de Kitebi au gouvernement sont comptés.

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