Au lieu de mettre en place une diplomatie de développement, il prolonge la vie de l’inopérante diplomatie de représentation…
Un secteur pourtant très vital du devenir national continue d’être ignoré par le grand public congolais. Il s’agit de la partie de la politique gouvernementale qui gère les rapports entre la République démocratique du Congo et les Etats du reste du monde !
Lorsqu’on évoque les rapports d’Etat à Etat, on parle généralement de relations diplomatiques entre les Etats concernés et d’une manière plus simpliste et plus empirique de diplomatie ou l’art de négociations entre gouvernements. Par analogie, le mot diplomatie signifie aussi » tact et habileté » dans la recherche de solutions aux problèmes difficiles qui peuvent se poser à tout moment entre les Etats.
Le champ d’application de la diplomatie est très vaste : problèmes de frontières, problèmes de sécurité, problèmes de commerce transfrontalier, problèmes de coopération au développement, problèmes d’assistance économique et/ou financière, problèmes d’assistance technique, problèmes d’échanges culturels, problèmes de coopération judiciaire, problèmes de défense et de lutte commune contre le terrorisme, etc…etc !
Une diplomatie inadaptée…
La République démocratique du Congo est un Etat dont les nécessités en diplomatie sont très nombreuses et varient du tout au tout. Héritée de l’époque du MPR parti-Etat, sa diplomatie n’est plus adaptée aux exigences du monde de temps présents.
En effet, détruite par de longues années d’abandon sur le tas, la diplomatie congolaise est comparable de nos jours aux légendaires écuries d’Augias dont le nettoyage nécessite le détournement de toutes les eaux du majestueux fleuve Congo !
Selon des rapports officieux sur le fonctionnement des ambassades de la RDC, celles-ci ne seraient plus que de nom. Désertées depuis belle lurette par leurs fonctionnaires qui se seraient convertis à de petits métiers, à la débauche, à la mendicité s’ils n’ont pas trouvé la mort dans le dénuement, ces chancelleries diplomatiques seraient devenues des lieux privilégiés de trafiquants de la drogue, de fabrication de faux documents officiels, de contrefaçon de monnaies mais aussi et surtout d’abris pour des S.D.F. (Sans domicile fixe) de toute provenance !
On signale par ailleurs que de très nombreux fonctionnaires diplomatiques arrivés à la fin de leur mandat depuis plus de deux décennies n’ont pas été rapatriés et leurs enfants devenus majeurs dans les pays d’accueil sont devenus de véritables problèmes pour les gouvernements de ces derniers !
Des Etats généraux des affaires étrangères
A ce jour, Joseph Kabila vient de créer la surprise au sein de la diplomatie de son pays en nommant cinq ambassadeurs. Ils s’agit de : Jean Charles Okoto Lolakombe, Symphorien Mutombo Bakafua Nsenda, Henri Manganya Yanga, Honoré Tati, René Ilume et Zénon Mukongo.
Les quatre premiers nommés de Joseph Kabila sont respectivement affectés comme ambassadeurs de la RDC en République populaire de Chine, en République fédérale du Brésil, au Royaume du Maroc, au Tchad et au Soudan du Sud tandis que le cinquième est désormais le représentant du pays auprès de l’Organisation des Nations Unies basée à Genève (Suisse).
Ceux de nombreux Congolais et des étrangers qui assistent impuissants à la longue agonie de la diplomatie congolaise attestent que Joseph Kabila vient de rater ainsi l’occasion de nettoyer ce secteur combien stratégique de la vie nationale. Au lieu, en effet, de mettre en place une vigoureuse et dynamique diplomatie de développement, il prolonge la vie de l’inopérante diplomatie de représentation qui n’apporte rien de substantiel au pays !
Ceux qui soutiennent la convocation rapide des états généraux des Affaires étrangères insistent sur la mise en place de nouvelles règles devant régir l’échange de missions diplomatiques entre la RDC et les Etats tiers sans pour autant affecter les standards internationaux en la matière.
Ils insistent sur la qualité des intérêts à tirer des relations diplomatiques et refusent d’investir à perte dans un surnombre de représentations diplomatiques qui ruinerait injustement le pays.
Par Kambale Mutogherwa