Majorité : les enjeux politiques toujours sans réponses

Lundi 30 mars 2015 - 09:54

La rencontre du dimanche 22 mars 2015 à Kingakati, entre «Faucons » et « têtes brûlées » (regroupées au sein du G.7: MSR, ARC, PDC, MSDD, Unafec, Unadef, Arco) de la Majorité Présidentielle, n’a toujours pas fini d’agiter l’environnement politique national. Si l’on se félicite, dans le camp des affiliés de Joseph Kabila, de s’être dit des vérités les yeux dans les yeux et d’avoir partiellement lavé le linge sale en famille, sous la modération d’Aubin Minaku après le retrait volontaire du Chef de l’Etat, les observateurs notent quant à eux que nombre de questions politiques sont restées sans réponses.

 

L’on pense notamment à l’ultrasensible question de la succession du Chef de l’Etat, du calendrier électoral, du découpage territorial, du dialogue inclusif réclamé par des forces politiques et sociales de l’Opposition, de l’opportunité du recensement à piloter par le Bureau Central du ministère du Plan et surtout des leçons à tirer des événements du 19 au 21janvier2015 à la suite du vote par l’Assemblée Nationale de l’alinéa 3 de la Loi électorale faisant du recensement et de l’identification de la population des préalables à l’organisation des scrutins de 2015 à 2016.

 

L’après-Kabila toujours flou

 

Un des enjeux politiques qui attend toujours d’être clarifié au sein de la famille politique du Chef de l’Etat est celui de sa succession, pourtant irréversible au regard de la Constitution, qui limite à deux le nombre des mandats résidentiels en RDC, et du calendrier électoral publié par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), qui fixe au 20 décembre 2016 la passation des pouvoirs entre le président élu et son prédécesseur. A 14 mois du dépôt des candidatures pour la présidentielle (06 juin 2016), les lignes auraient dû déjà commencer à bouger dans les rangs de la Majorité Présidentielle, en termes - d’expression des ambitions politiques des « présidentiables ».

Concrètement, des candidats potentiels à la succession de l’« Autorité morale » auraient pu déjà se manifester, même si au niveau de la hiérarchie, on estime que l’heure n’a pas encore sonné pour discuter de l’après-Kabila, qui est encore occupé à servir la patrie jusqu’au dernier jour de son mandat. Compte tenu du « vide. » successoral qui s’accroît au fur et à mesure que l’on s’achemine vers la présidentielle du 27 -novembre 2016, le sentiment que - ressent l’opinion est que les cadres de la Majorité ne seraient pas totalement libérés du charisme, d’un leader qui a du mal à se susciter un dauphin.

 

Du calendrier électoral

 

Aussitôt après la publication du calendrier électoral par la CENI, certains cadres de la Majorité ont rejoint l’Opposition au sujet de la nécessité d’un dialogue autour de ce chronogramme, de manière à organiser en priorité les élections présidentielle, législatives nationales et provinciales, constitutionnellement liées à la légitimité des institutions telles que le Président de’ la République, le Sénat et l’Assemblée Nationale, et à repousser les élections locales au-delà de 2016. Le son discordant entendu du côté des « alliés »‘ du Chef de l’Etat exige une réponse, qui tarde à venir.

 

Cette question qui fâche ne devrait pas rester éternellement en suspens, car de nature à vicier le climat préélectoral et à faire croire que la Majorité roulerait pour le report sine die des élections législatives et présidentielle. C’est le lieu de souligner que sur la liste des contraintes internes liées à la mise en œuvre du calendrier électoral, la CENI épingle comme responsables d’une éventuelle implosion de dates le Gouvernement et la Présidence de la République, autrement dit la Majorité au pouvoir.

 

Découpage territorial

 

Le découpage territorial décidé- en pleine année électorale 2015 apparaît, aux yeux de beaucoup, comme l’agenda caché ficelé par la Majorité présidentielle pour retarder la tenue de tous les scrutins et provoquer des prolongations de facto à du-, rée indéterminée. Comme pour donner raison à ceux qui pensent ainsi, plusieurs têtes pensantes de la famille politique du Chef de l’Etat se sont exprimées publiquement contre sa mise en œuvre. Elles ont eu à démontrer que le pays ne réunit pas encore les conditions financières, sécuritaires et logistiques indispensables à son éclatement en 26 provinces.

 

Cet argumentaire a apporté de l’eau au moulin-des forces politiques et sociales qui pensent que les tenants du découpage précipité du pays -visent à priver le gouvernement des moyens financiers requis pour la tenue des élections locales, municipales, urbaines, législatives et présidentielle. Ici aussi, la Majorité présidentielle donne l’impression de ne pas entendre la voix de ses propres fils et filles qui contestent l’initiative en interne.

 

Evénements de janvier 2015

 

La relecture des événements de janvier 2015 montre que le souverain primaire a. désavoué ses « élus » présents à l’Assemblée Nationale, majoritairement membres de la Majorité présidentielle. Cet avertissement indique que la « majorité silencieuse » a d’ores et déjà rejeté en bloc toute option de référendum constitutionnel, de révision de la loi électoral, de recensement et d’identification de la population, de prolongation des mandats du Chef de l’Etat, des membres des Assemblées provinciales, de l’Assemblée Nationale et du Sénat.

 

Le signal fort émis par la rue se veut à la fois une exigence du respect, des textes dans la tenue des scrutins de 2015 à 2016 mais aussi de leur caractère démocratique, libre et transparent. Le souverain primaire tient à être le seul maître du jeu dans la quête de la vérité des urnes en ce qui concerne les choix des chefs de secteurs et leurs adjoi.nts, des conseillers communaux; des bourgmestres, de conseillers urbains, des maires des villes, des députés provinciaux, des gouverneurs de province, des sénateurs, des députés nationaux et du président de la République.

 

Le grand défi à relever par la Majorité Présidentielle, c’est de démontrer, dans ses stratégies politiques à venir, qu’elle a capté cinq sur cinq le message du souverain primaire. Dans le cas contraire, elle risque d’ai1er de nouveau droit dans le mur, comme en janvier dernier.

KIMP

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