Très populaire partout en RD-Congo, l’absence prolongée de Moïse Katumbi jette, tout naturellement, le trouble dans l’opinion congolaise et internationale. Ce que l’on sait ce que le gouverneur du Katanga est à l’extérieur du pays.
Féru de football, le gouverneur du Katanga Moïse Katumbi Chapwe n’aurait raté pour rien au monde le derby lushois entre son équipe, le célèbre Tout-Puissant Mazembe, qui affrontait le week-end dernier son rival local le Football Club Lupopo. Pourtant sa place est restée désespérément vide au stade. En tant normal il arrête tout, alors tout, pour retrouver un peu de sérénité avec le football, sa passion. Katumbi a aussi intrigué par son absence à la finale de la Champion’s League africaine qui a opposé l’As V-Club et le Club algérien Sétif. En patriote, il n’aurait jamais raté. Lui le gentleman aurait sans doute rendu l’ascenseur aux dirigeants de Verts et Noirs qui une année plutôt avaient assisté à la finale de Mazembe dans la Coupe de Confédération africaine. Plus grave, Moïse Katumbi n’a pas assisté aux obsèques de son oncle maternel, Kikanika, dont il était très proche.
A l’inhumation de celui-ci la semaine passée à Lubumbashi, le populaire gouverneur du Katanga n’y était pas. Ces deux éléments ont suffi à la rédaction de C-News pour se douter que quelque chose de grave s’était produit pour que coup sur coup Moise Katumbi n’assista pas à des évènements aussi importants. Notre appréhension a été renforcée aussi par les rumeurs persistantes qui circulent déjà à Kinshasa comme à Lubumbashi et sur les réseaux sociaux, faisant état de l’empoisonnement de M. Katumbi. Pour démêler le vrai du faux, la Rédaction de C-News a appelé un proche parmi les proches du gouverneur depuis Lubumbashi. L’homme s’est montré très réservé, il a même tenté d’esquiver notre question sur l’empoisonnement ou non de M. Katumbi. Toutes nos tentatives pour lui tirer les vers du nez sont restées presque vaines à l’exception notable qu’il n’a pas démenti l’empoisonnement d’un des hommes les plus populaires de la RDC.
Selon toute vraisemblance, M. Katumbi a été bel et bien empoisonné à la Vynca, une plante qui pousse dans l’est du pays. Son empoisonneur l’a fait sans doute au moyen de la salutation. Cette technique d’empoissonnement est très répandue dans la partie est de la RDC. Les fleurs et les racines de la Vynca pilées dans un mortier puis mélangées à l’huile d’olive constituent un poison mortel. Mais ses feuilles mixées de manière particulière sont l’antidote. Pour nuire, l’empoisonneur enduit sa main de cette mixtion (poison Vynca) puis serre la main sa victime. Les effets sont presque immédiats au bout de 48 heures. Pour se protéger lui-même, l’empoisonneur recouvre sa main de l’antidote de la Vynca fabriquée à base de ses feuilles après son forfait. L’empoisonnement est devenu monnaie courante avec la prise de pouvoir par l’AFDL en 1997. Depuis elle s’est banalisée et est devenue une arme dont on se sert pour écarter notamment des adversaires politiques. Bien que n’ayant jamais affiché une quelconque ambition présidentielle, sa famille politique se méfie de lui à cause de son potentiel politique extraordinaire. Sa popularité déborde largement son Katanga natal pour se répandre dans toutes les provinces de la RD-Congo et même par delà ses frontières. Après Etienne Tshisekedi, Katumbi Chapwe est sans doute la personnalité la plus populaire de la RD-Congo. Avec un tel capital-sympathie couplé à un esprit d’indépendance qui caractérise M. Katumbi, on devient sans le vouloir la bête noire de ses partenaires politiques.
Pas que populaire, le taiseux Katumbi est l’une des rares personnalités les plus connectées aux puissants du monde. La plupart d’entre eux l’ont déjà reçu dans leurs salons. M. Katumbi est écouté et apprécié des dirigeants de la planète. Un autre élément qui fait des envieux, c’est la fortune du gouverneur du Katanga, bâtie patiemment à la sueur de son front. Popularité, fortune, connexion au monde diplomatique et un bilan honorable à la tête du Katanga ont attiré une kyrielle des jaloux, constituée notamment de ses faux amis de la Majorité, qui sont prêts à tout pour l’écarter du jeu politique alors que lui-même n’a jamais affichée une quelconque ambition présidentielle. Moïse Katumbi a aussi une personnalité chatoyante qui fait qu’il s’attire facilement la sympathie de la population. Tous ces atouts font de Moïse Katumbi la cible privilégiée d’une frange de sa famille politique qui lui reproche déjà de préparer la présidentielle de 2016. Sur base donc des procès d’intentions, Katumbi a été victime d’un empoisonnement à la Vynca. Ne sommes-nous pas dans un Etat prétendument démocratique où la vie humaine est sacrée aux termes de la Constitution ? Alors pourquoi recourir à l’empoisonnement pour éliminer un partenaire politique ?
matthieu kepa