Au royaume des aveugles le borgne est roi dit-on. Cette maxime s’applique très bien à la Majorité présidentielle (MP), une famille politique qui s’enferme dans le déni de la réalité car conduite par un individu, le président de l’Assemblée nationale dont le l’étoffe d’un vrai leader renforcé par l’absence d’une grande capacité analytique. Conséquence : Joseph Kabila, alors qu’il se parle à lui-même avec ses théâtrales consultations tantôt au Palais de la Nation tantôt à la cité de l’OUA, croit parler à la nation à travers ses forces vives.
Sur la centaine d’opposants qui siègent à l’Assemblée nationale, le pouvoir en a débaucher 5 pour donner à son cirque politique des allures d’inclusivité. Bitakwira (opposition citoyenne), Steve Mbikayi (opposition nationaliste), Badibangi (Op¬position patriotique), Mushi Bonane et Ne Mwanda Nsemi de Budu dia Kongo. L’échec des Consultations initiées par Kabila est patent car il a en¬tendu les mêmes personnes mais avec des casquettes différentes (parlementaire et chef de parti) et le plus drôle dans deux bâtiments différents. La faute à Minaku notamment. Lui en sa qualité de Secrétaire général de la MP, emporte naturellement la part de responsabilité la plus importante. C’est lui aussi qui avait déjà endossé le costume de patron des Concertations nationales dont on sait aujourd’hui qu’elles n’ont servi à rien sinon à siphonner les deniers publics déjà maigres. Minaku pèche par son approche, car il confond réunion interinstitutionnelle, déjà réglée par la Constitution par des mécanismes précis, et les consultations qui sont éminemment politiques.
Pour emmener les députés de l’opposition notamment à faire le déplacement de la cité de l’OUA, c’est donc l’approche politique qui devait primée. Mais Minaku, c’est vraiment de l’amateurisme. Les rencontres sont mal préparées et les annonces sont tardives se plaignent les parlementaires. Et au sortir de sa rencontre avec Kabila en début de semaine à la cité de l’OUA, Minaku parlant au nom des députés de toutes les « tendances », dit qu’ils sont d’accord pour évacuer les arriérés électoraux d’abord avant d’organiser des nouvelles élections. C’est clair, un schéma glisse¬ment se profile à l’horizon. Vision courtérmiste de cho¬ses, Minaku est aussi critiqué pour son manque d’autorité. Chaque fois que Kabila lui a délégué le pouvoir pour présider la réunion de la MP, notamment à la ferme de Kingakati, il en perd toujours le contrôle. Les réunions pré¬sidées par lui se terminent souvent en eau de boudin. Les gens s’affublent de noms d’oiseaux quand c’est lui qui est aux commandes. Il n’est chef que par la volonté de Kabila. Même au sein de l’Hémicycle il est contesté. Selon plusieurs députés, majorité comme opposition, c’est le pire de tous les pré¬sidents de la chambre basse jusqu’ici. Pas de respect de rendez-vous pris, décroche difficilement son phone, reçois péniblement ses col¬lègues et j’en passe. Minaku aurait peut-être fait mieux de rester dans son petit de mag¬istrat car les intérêts vitaux de la nation sont trop com¬plexes pour lui pour qu’il les appréhende, lui qui est dans un schéma d’allégeance à un homme, Kabila, jusqu’au point de le déifier pour ne ja¬mais lui opposé un point de vue contraire. Mais il faut aid¬er Kabila au lieu de l’enfoncer à l’aidant à creuser sa propre tombe avec des décisions impopulaires qui le margin¬alisent au jour le jour. Raison pour laquelle, certains cadres de la Majorité appellent en coulisse à virer Minaku pour le salut de Kabila et de sa famille politique. Il y a péril en la demeure et ce ne sont pas les consultations où l’on se raconte des histoires qui y changeront quelque chose insiste-t-il.
MATTHIEU KAPA