
Des heurts à Kinshasa. Des morts à Bujumbura. L'année 2016 voit de nombreux chefs d’Etat briguer un énième mandat.
1. Joseph Kabila veut jouer les prolongations en RDC
Ça a chauffé, ce jeudi en République démocratique du Congo (RDC). Les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes contre les milliers de manifestants à Kinshasa qui répondaient à l’appel lancé par une opposition très remontée contre le président. Joseph Kabila, en place depuis 2001, semble tenté de rester au pouvoir après l’expiration de son deuxième mandat en décembre. La Cour constitutionnelle a émis le 11 mai un arrêt autorisant le chef de l’Etat à rester en poste en attendant l’organisation d’un scrutin présidentiel.
Pour l’opposition, c’est une «véritable tentative de coup d'État constitutionnel par laquelle le pouvoir judiciaire, sous les ordres du pouvoir politique, a honteusement violé la loi», dénonce le Front citoyen, l’un des mouvements organisant la journée de manifestation. Celle-ci a notamment été interdite à Lubumbashi, deuxième ville du pays et bastion de Moïse Katumbi, le principal candidat d'opposition déclaré pour la présidentielle.
2. Pierre Nkurunziza dans un Burundi à feu et à sang
A l’est de la RDC, le Burundi est plongé dans une crise politique majeure qui a fait au moins 500 morts et 270’000 réfugiés depuis qu’en avril 2015 le président Pierre Nkurunziza a annoncé briguer un troisième mandat, alors même que la Constitution n’en tolère que deux consécutifs. Le chef de l’Etat insiste qu’il avait été «désigné» président au sortir de la guerre en 2005 et qu’il ne s’est donc présenté qu’une seule fois à des élections, pour son deuxième mandat. Depuis des mois les pays voisins tentent une médiation. Sans succès.
3. Paul Kagame s’incruste au Rwanda
Elan populaire ou pure manipulation, plusieurs millions de personnes au Rwanda auraient signé, l’été dernier, une pétition réclamant une réforme de la Constitution pour permettre à Paul Kagame de briguer un troisième mandat présidentiel en 2017. Résultat: lors d’un référendum organisé le 17 décembre 2015 environ 98% des votants ont approuvé l’amendement constitutionnel.
4. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo depuis 37 ans
Président depuis 1979, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo vient d’être réélu le 24 avril avec 93,7% des voix. Il avait certes fait adopter en 2009 une Constitution limitant à deux le nombre de mandats en Guinée équatoriale, mais celle-ci n’avait pas d’effet rétroactif. Résultat : il pourrait à nouveau se présenter aux élections en 2023.
5. Idriss Déby Itno, un «hold-up» réussi au Tchad
Au pouvoir depuis 26 ans, le président Idriss Déby Itno a été réélu pour un cinquième mandat à la tête du Tchad le 10 avril avec 61,56 % des voix. L'opposition a dénoncé un «hold-up électoral».
6. Ismaïl Omar Guelleh pour toujours
Ismaïl Omar Guelleh est au pouvoir à Djibouti depuis 1999. Il vient d’être réélu président le 8 avril avec 86,28 % des voix. En 2010 le Parlement a révisé la Constitution, supprimant toute limitation du nombre de mandats.
7. Denis Sassou Nguesso, 32 ans au pouvoir
Sur la rive nord du fleuve Congo, à Brazzaville, Denis Sassou Nguesso a été réélu le 20 mars pour un troisième mandat à la tête de la République du Congo. Ce scrutin était fortement contesté, d’autant plus que le président a d’abord organisé le 25 octobre un référendum constitutionnel pour modifier la loi fondamentale qu’il avait lui-même fait adopter en 2002. Celle-ci n’autorisait que deux mandats et fixait la limite d’âge à 70 ans. Or, à 72 ans, il cumule déjà plus de 32 ans au pouvoir.
8. Yoweri Museveni a franchi la barre des 30 ans
Yoweri Museveni est au pouvoir depuis 1986 en Ouganda. Il a été réélu le 18 février avec 60,75% des voix. La Constitution ne limite pas le nombre de mandats.
9. Omar el-Béchir recherché par la CPI
Omar el-Béchir est président du Soudan depuis 1989 et il se maintient au pouvoir malgré les mandats d’arrêt internationaux lancés contre lui par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité. Il a été formellement réélu le 27 avril 2015 avec 94,5% des voix.
10. Faure Gnassingbé est bien parti pour rester
Faure Gnassingbé préside la République du Togo depuis 2005. Il a été réélu trois fois de suite en 2005, en 2010 puis le 25 avril 2015. Il n’y a pas de limite de mandats.
11. Abdelaziz Bouteflika, président en souffrance
En Algérie, Abdelaziz Bouteflika a été élu en 1999 président de la République et réélu pour un quatrième mandat le 17 avril 2014 avec 81,53% des voix. Et cela, malgré sa santé de plus en plus souvent défaillante. Il vient d’ailleurs régulièrement se soigner en Suisse.
12. Robert Mugabe indéboulonnable
Robert Mugabe est président du Zimbabwe depuis 1987. Il a été réélu le 31 juillet 2013.
13. José Eduardo dos Santos débute après 37 ans
José Eduardo dos Santos est président en Angola depuis 1979. Mais ce sont les législatives du 31 août 2012 remportées par son parti qui lui ont enfin conféré une légitimation électorale, pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir! Selon la Constitution, le chef du parti victorieux accède directement à la présidence.
14. Paul Biya, déjà 34 ans au Cameroun
Le président Paul Biya, en place depuis 1982, a été réélu pour un sixième mandat à la tête du Cameroun le 21 octobre 2011 avec 77,9% des voix. L’Assemblée avait fait supprimer en 2008 toute limitation au nombre de mandats.
15. Issayas Afeworki, président à vie
Issayas Afeworki est le président de l’Erythrée depuis l’Indépendance en 1993. Il a instauré un régime avec parti unique, sans élections, une économie centralisée avec rôle prépondérant de l'État et une forte restriction de la liberté de la presse. Il fait systématiquement emprisonner ceux qui s’opposent à son pouvoir. (TDG)
Tribune de Genève