Le DG du FPI dans le viseur de l’Assemblée nationale : un parfum de règlement des comptes

Jeudi 16 juin 2016 - 12:45

Acharnement, règlement des comptes, chasse à l’homme, tout y passe, après la recommandation de l’Assemblée nationale de suspendre le directeur général du FPI et son adjoint. Décryptage.

 

Jusqu’au bout l’Assemblée nationale a juré de se procurer la peau du directeur général du Fonds de promotion de l’industrie (FPI), Constantin Mbengele. C’est dans les ultimes minutes, peu avant la clôture, hier mercredi 15 juin, de la session ordinaire de mars que la plénière de l’Assemblée nationale a, dans une agitation indescriptible, voté la recommandation portant suspension du directeur général du FPI et de son adjoint.

 

La célérité avec laquelle l’Assemblée nationale a traité ce dossier étonne. Car, en d’autres circonstances et pour des dossiers qui portent directement sur la bonne marche de l’Etat, l’Assemblée nationale traîne- le pied.. Mais, lorsqu’il s’est agi du FPI, l’Assemblée nationale a fait preuve d’une promptitude incompréhensible. Ça sent le roussi, commente-t-on dans certains milieux. Il y a sûrement anguille sous roche, pensent d’autres commentateurs. Nombre d’observateurs dénoncent un acharnement aux allures politiques.

 

Dans la ville haute, on s’interroge à voix audible. Quel est donc ce péché véniel qu’aurait commis Mbengele pour faire l’objet d’une telle fatwa de la part de l’Assemblée nationale? Difficile à décrypter. Mais, on sait d’emblée que des créanciers insolvables du FPI ont juste juré de punir le DG du FPI pour les avoir dénoncés publiquement. Il se fait que la plupart d’entre eux se recrutent dans la sphère politique. Et ils sont nombreux à siéger à l’hémicycle. Mais, au-delà de ce fait qui relève de la gestion quotidienne du FPI, transformé en établissement public, Constantin Mbengele paie également le prix de sa fulgurante ascension dans son territoire d’origine, Mweka.

 

Depuis toujours, ses adversaires politiques qui se terrent curieusement dans son propre parti, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), ont mis tout en œuvre pour le déstabiliser. La meilleure façon, pensaient-ils de le faire, était de l’écarter avant tout du FPI : une façon de fragiliser son cordon financier. Ils se sont dès lors servis de son interpellation à l’Assemblée nationale pour l’amener à la guillotine. Hier mercredi l’acharnement était perceptible à l’Assemblée nationale, tant l’agitation parmi les élus était à son comble.

 

Evidemment, on ne peut qu’exprimer son dépit, au regard du sort qui est réservé au DG du FPI. En effet, pour s’être comporté en bon gestionnaire qui nomme le mal qui ronge le FPI, Constantin Mbengele s’est mis dans la position de l’homme à abattre. Des intouchables, c’est-à-dire des créanciers insolvables du FPI - la plupart, acteurs politiques, ont scellé son sort. Mais, que restera-t-il des entreprises du portefeuille si les politiciens cherchent à les prendre en otage, comme c’est le cas avec le FPI ?

 

Au moment le ministère du Portefeuille, avec l’appui de la Banque mondiale, tente de relancer le processus de réforme des entreprises publiques, il y a lieu de s’interroger sur les pesanteurs qui plombent ces entreprises. Apparemment, à l’Assemblée nationale, la relance des entreprises du portefeuille n’est pas à l’ordre du jour. Les députés nationaux n’ont de motivation que la seule protection de leurs intérêts égoïstes. Ainsi, quand Mbengele exige le remboursement des prêts contractés auprès du FPI, l’Assemblée nationale estime qu’il a signé son arrêt de mort.

 

UNE CHANCE DE S’EN SORTIR

A ce stade, la décision de suspension du DG et DGA du FPI n’est qu’une recommandation de l’Assemblée. Reste à la traduire en acte administratif. C’est dire que la sentence finale appartient au gouvernement et au chef de l’Etat, l’autorité suprême qui, les a nommés à ce poste. Et connaissant la dextérité dont fait preuve le Premier ministre et le souci d’équité qui guide toutes les décisions du chef de l’Etat, le DG du FPI a encore une chance de trouver gain de cause à ce double échelon du pouvoir.

 

Car, condamner le DG du FPI, c’est livrer les entreprises publiques aux caprices des députés véreux qui cherchent à détourner’ l’Assemblée nationale de sa noble, c’est-à-dire celle d’être ce « temple de la démocratie ».

Par LP

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