L’Asadho relance le débat sur l’abolition de la peine de mort

Mardi 3 novembre 2015 - 06:25

L’atelier qui se tient du 2 au 3 novembre à l’Hôtel Sultani, à Kinshasa, rentre dans le cadre de la nouvelle campagne menée par cette ONG pour la suppression de la peine capitale en RDC. Les travaux de deux jours organisés par l’Association africaine de défense des droits de l’Homme (Asadho), en partenariat avec l’ambassade des Pays-Bas en RDC, mettent autour d’une table ceux qui sont pour la peine de mort et ceux qui sont contre, à
savoir les juristes, les membres des cours et tribunaux ainsi que de l’armée et de la police, les parlementaires, les défenseurs des droits de l’homme, etc. Ces deux jours d’atelier constituent, en croire le président de l’Asadho,
Me Jean-Claude Katende, un véritable moment de réflexion, d’échanges sans tabou. Organisé sur le thème « État des lieux et perspectives de la peine de mort en RDC », ce premier atelier a eu comme soubassement le « Rapport d’enquête sur la peine de mort » réalisé par cette ONG de défense des droits de l’Homme, qui s’insère dans la nouvelle campagne sur l’abolition de la peine de mort menée par l’Asadho en RDC. Pour la chef de mission adjoint de l’ambassade des Pays-Bas en RDC, Corina Vander Laan, cet atelier permettra de réfléchir sur
la question que s’est posée l’Asadho en se demandant : « Peine de mort en RDC : justice ou vengeance ! ». J’espère qu’elle a dit que les échanges de cet atelier permettront de répondre à cette question-clé.
Un combat permanent Le président de l’Asadho a noté que cette ONG a été, durant les vingt-quatre années de son existence, sur tous les terrains pour défendre les droits de l’Homme dont le plus important restait le droit à la vie. En tant que tel, a souligné Jean-Claude Katende, ce droit est menacé par plusieurs atteintes dont la plus cruelle reste et restera toujours la peine de mort. «Notre conviction a toujours été que bien que tous les arguments
juridiques, judiciaires, étiques qui justifient notre combat pour l’abolition de la peine de mort, cette peine reste à nos yeux une véritable défaite de la société humaine », a-t-il insisté. Ce juriste a noté que quoique la campagne pour l’abolition de la peine de mort soit menée par certaines organisations de la société civile, les professeurs  l’universités et d’autres personnalités, les deux propositions de loi introduites en 2010, respectivement par les Prs Nyabirungu et Mbata proposant l’abolition de la peine de mort, n’ont pas été suivies par les parlementaires. Ce qui
démontre, selon lui, que le combat pour l’abolition de la peine de mort n’est pas encore gagné et que la question doit rester de façon permanente sur la table. Pour atteindre les objectifs assignés à cette campagne et à cet atelier, les organisateurs ont prévu de mettre en face les deux tendances : ceux qui sont contre la peine de mort et ceux qui la soutiennent, bien que tous ceux qui soutiennent la peine de mort et qui ont été approchés par l’Asadho pour intervenir au cours de ces travaux aient désisté, évoquant plusieurs raisons dont celle liée à leur sécurité. « Mais sur le terrain, comme cela paraît dans le rapport qui vous sera exposé dans quelques instants, le débat continue », a fait savoir Me Jean- Claude Katende, lors de l’ouverture de ces travaux, avant d’indiquer que la décision du
gouvernement de décréter un moratoire sur toute exécution de la peine de mort est un pas encourageant mais pas satisfaisant, dans la mesure où la volonté de l’Asadho et ses partenaires est de voir les autorités aller
dans le sens de ce qui est consacré dans la Constitution de « sacraliser la personne humaine », en abolissant la peine de mort. Parmi les exposés prévus pour conduire les travaux, il y a « Pourquoi abolir la peine de mort en RDC ? » fait par le Pr Ntabirungu; « La peine de mort : état des lieux dans le monde et en Afrique » par Me Ngoji; «
Les Nations unies et la peine de mort »; « Position du gouvernement de la RDC vis-à- vis de la peine de mort. Ministère de la Justice et des Droits humains »; « Les provinces face à la peine de mort »; « Pourquoi maintenir
la peine de mort en RDC ? ».
Lucien Dianzenza