Le ministre des Médias et communication de la République démocratique du Congo (RDC), Lambert Mende Omalanga, a procédé officiellement, hier mercredi 17 juin 2015, au lancement de la Télévision numérique terrestre (TNT). L’évènement a eu lieu à partir du site d’émission de Binza-Pigeon, dans la commune de Ngaliema.
Dans son adresse, le porte-parole du gouvernement a signalé que l’extinction du signal analogique sera progressive, question de permettre aux ménages modestes de s’adapter à cette nouvelle technologie en se procurant de récepteurs TV numérisés et décodeurs.
Donc, il n’y aura pas d’écran noir pour ceux qui ne sont pas encore prêts. La diffusion numérique se fera de manière simultanée avec l’analogique pendant une période qui n’excédera pas l’année civile en cours.
Il faut noter que c’est pendant que cette période de grâce que la diffusion de la télévision analogique hertzienne sera interrompue sur toute l’étendue du territoire national pour laisser place au tout numérique.
Un décodeur disponible
Les exigences techniques du nouveau paysage audiovisuel ont conduit le gouvernement à mettre en place un diffuseur public chargé du transport et de la diffusion du signal en provenance des éditeurs de programmes de la télévision gratuite aux quatre coins du pays.
C’est à l’entreprise publique, Renatelsat, qu’incombe cette tâche. Un appel d’offre international relatif à la conception, la fourniture, l’installation et la mise en service d’un réseau national devant appuyer ce diffuseur public vient d’être lancé, a annoncé Lambert Mende Omalanga. Mais le coût de cet outil n’est pas encore connu.
Il faut noter que ce projet s’inscrit dans le cadre de l’engagement pris par l’Etat congolais au titre de l’Accord de Genève de 2006 de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), de se doter de cette nouvelle technologie qu’est la TNT, à l’instar de tous les autres Etats signataires dudit Accord au cours de la Conférence régionale des radiocommunications tenue en 2006 à Genève.
Cet Accord de Genève de l’UIT de 2006, communément appelé GE06, a fixé le cadre général de la transition numérique adopté en raison, notamment, d’un certain nombre d’avantages indéniables parmi lesquels l’économie des ressources en fréquences grâce à l’exploitation des techniques de numérisation et de compression avec la possibilité qu’elle offre à diffuser plusieurs programmes sur une seule fréquence, contrairement à la diffusion analogique qui ne permet que la diffusion d’un seul programme par fréquence.
Il convient de noter que les nouveaux besoins du secteur de l’audiovisuel comme le multimédia et les applications interactives ne peuvent plus être rencontrés avec les fréquences analogiques.
Par ailleurs, la sous-bande UHF située entre 700 MHZ et 800 MHZ a pu, de la sorte, être finalement amputée du service de la Télévision numérique terrestre pour être réservée à des services de communications électroniques émergentes.
Elle constitue un » dividende numérique » qui n’est autre qu’un stock de fréquences affectées à l’usage du secteur des télécommunications de nouvelles générations comme l’Internet mobile ou la téléphonie mobile 4G.
L’économie des ressources énergétiques indispensables pour le fonctionnement de la TNT, de même que l’amélioration du confort des téléspectateurs grâce à une meilleure qualité du son et de l’image par rapport à l’analogique sont d’autres avantages de la télévision numérique.
Les bandes UHF d’abord
Il est important de noter que le processus d’extinction de la diffusion de la télévision en mode analogique et de passage à la télévision numérique a démarré hier mercredi 17 juin 2015 pour les bandes de fréquences Ultra High Frequencies (UHF), soit la bande des 470-862 MHZ pour les pays d’Afrique subsaharienne.
Pour les bandes de fréquences en très hautes fréquences ou Very High Frequencies (VHF), la mutation s’opérera le 17 juin 2020. Et ce basculement commence d’abord par la ville province de Kinshasa. Il s’étendra progressivement sur l’ensemble du territoire national.
La norme de diffusion en TNT en RDC est le DVB-T2. Celle du décodage vidéo est le MPEG-4. Le défi à relever consiste en l’extension, le déploiement et l’implantation des infrastructures et équipements numériques dans tous les centres stratégiques du réseau des réémetteurs terrestres du pays.
Ile convient de noter que la numérisation de la télévision est une opération en quatre temps : la numérisation des outils de production, du système de diffusion, des réseaux de transmission des signaux et des terminaux de réception. Ces tâches sont à accomplir respectivement par les éditeurs de programmes, les opérateurs de multiplexage, le diffuseur public ou les diffuseurs privés ainsi que les ménages détenteurs d’appareils récepteurs TV en bout de chaîne.
A en croire Lambert Mende, le passage de la télévision analogique à la télévision numérique renforcera le pluralisme de l’information ainsi que la création RD congolaise d’une variété de programmes audiovisuels aux contenus plus variés, plus utiles et plus attractifs.
Par Lefils Matady