Il a attendu le bon moment pour rebondir. Alors que le facilitateur semblait l’oublier, Léon Kengo wa Dondo a surgi en brandissant un carton rouge à l’opposition de Genval et à la majorité au pouvoir. Le président du sénat veut toujours jouer les premiers rôles et sait se faire important dans les grands rendez-vous. Lors des concertations nationales, il était à la manœuvre. Aujourd’hui qu’il sent les choses s’enliser avec les exigences des conclavistes de Genval, le président du sénat affiche sa disponibilité de rassembler les deux camps. Mais, il sait très bien qu’en cas de pourrissement de la situation, c’est lui le gagnant parce que la constitution le désigne comme successeur de Kabila en cas de son départ précipité, en attendant l’organisation des élections dans trois mois. La majorité et l’opposition doivent intégrer cette donne. Si à l’opposition, on prépare Tshisekedi comme président d’une probable transition qui viendrait après le chaos, Kengo n’est pas prêt à se laisser piétiner. L’ancien premier ministre de Mobutu est capable de tout. Malgré sa situation d’illégitimité qu’on lui oppose aujourd’hui pour continuer à diriger une institution hors délai constitutionnel, l’autorité morale de l’opposition républicaine peut s’appuyer sur les textes pour obtenir des appuis à l’étranger. Seule la force du peuple peut le faire fléchir mais il risque de surprendre. Ainsi, il a invité les deux camps politiques à la retenue tout en rappelant le respect de l’esprit et la lettre de la constitution, la préservation de la paix et la cohésion nationale, l’absence de toutes formes d’extrémisme et l’exclusion de la violence dans toutes ses formes. Cependant, l’opposition républicaine a insisté sur le principe d’alternance. Ce qui parait comme un tir sur la majorité mais que les initiés savent que c’est pour amuser la galerie. A l’opposition, sa plateforme rappelle que le délai pour l’organisation des élections est constitutionnel mais contextuellement, il est fonction de la résorption des contingents du fichier électoral. En distribuant des cartons à tout le monde, Kengo pense forger l’opinion en sa faveur. Il a encore en mémoire sa bonne cote auprès de la population lorsqu’il avait désamorcé la bombe en supprimant le recensement de la loi Boshab sur les élections ayant conduit aux tristes événements de janvier 2015. Il est clair que le président du sénat refuse que le jeu se joue sans lui. Que Kabila, Tshisekedi et Kodjo le comprennent bien. Sinon, le surprenant Kengo tentera de se frayer le chemin quand les deux éléphants qui se battent, seront à bout de souffle. Même si cette hypothèse parait utopique aux yeux des caciques de la Majorité et de l’opposition.
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