(José NAWEJ, de retour de Marrakech)
A la suite du Roi Mohammed VI, les autorités marocaines ont la réputation d’être pragmatiques. Si le Royaume vient d’organiser le Forum des médias sur le continent africain, ce n’est pas pour ranger les recommandations dans des tiroirs ou dans clés USB. A la cérémonie de clôture des assises de Marrakech le samedi 19 décembre, Rabat a annoncé le lancement du Centre de formation des journalistes africains à Oujda dans l’Est marocain. Le très dynamique ministre marocain de la Communication a même précisé que toutes les dispositions foncières sont prises pour ce projet. Voilà qui fait dire à plus d’un observateur que le " forum des médias sur le continent africain " organisé à Marrakech du 17 au 19 décembre 2015 n’a pas été une rencontre de plus. Encore moins de trop. Car, à l’instar des accords assortis de mécanismes d’application que le Roi Mohammed VI signe à travers le Continent, les recommandations de Marrakech ont vocation à être appliquées. Car si pour la nécessaire formation des journalistes, la question est déjà en voie d’être résolue. Pour l’observatoire africain de la liberté de la presse, une présidence maroco-ivoirienne est à la manœuvre depuis octobre 2015. Un portail électronique de presse africaine sera installé pour permettre de constituer une bande de données sur les informations de pays africains et faciliter ainsi les échanges entre professionnels du Continent.
DECLARATION DE MARRAKECH A l’OCCASION DU FORUM DES MEDIAS SUR LE CONTINENT AFRICAIN
Vers des médias libres, pluralistes et indépendants pour l’avenir de l’Afrique
Nous, participants au Forum des médias sur le continent africain, qui a tenu ses assises à Marrakech, du 17 au 19 décembre 2015, sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohamed VI, que Dieu l’assiste, et a été organisé en partenariat avec le ministère de la Communication du Royaume du Maroc et avec l’Organisation de la coopération islamique (OCI), sous le thème " Image du continent africain et opportunités d’investissement",
Se basant sur la résolution 9/6-INF pertinente à la recommandation des ministres de l’information de l’Organisation de la conférence islamique lors de sa 9ème session tenue en République Gabonaise, les 19 et 20 avril 2012, concernant la convocation d’un " Forum des médias dédié au continent africain afin de mettre en évidences les potentialités du continent à tous les niveaux" ;
Se référant à l’alinéa 1-I de la résolution 9/6-INF qui prévoit "la tenue d’un forum d’information, abrité par l’un des Etats africains membres de l’Organisation de la Coopération Islamique, et traitant des médias afin d’examiner les opportunités d’investissement et de mettre l’accent sur les potentialités immenses que recèlent ces Etats, dans le but de promouvoir l’image de l’Afrique dans les médias et d’éliminer les stéréotypes négatifs qui présentent le continent comme une région où règnent la pauvreté et l’instabilité" ;
Conscients de l’importance stratégique du rôle des médias dans l’édification des sociétés et de son impact sur le développement global, en plus de la capacité à améliorer l’image du continent africain dans les médias et au regard de l’opinion internationale ;
Egalement conscients de l’ampleur des défis à relever par le continent africain du point de vue de la réalisation de ses objectifs de développement durable, de la prospection des opportunités d’investissement dans les pays du continent et des voies et moyens permettant d’en tirer profit ;
S’inspirant des principes et valeurs qui prônent et consacrent l’esprit de coopération, la solidarité et la tolérance entre les Etats africains ;
Au terme d’amples débats et discussions liées à l’image de l’Afrique dans les médias, à la situation des institutions médiatiques en Afrique, aux défis de la liberté d’expression, au pluralisme, à l’indépendance, à la protection des journalistes et au rôle des médias en matière de coopération sud-sud, affirmons et proclamons ce qui suit :
o Nous saluons les efforts déployés par l’Organisation de la coopération islamique en faveur du continent africain, en particulier dans le domaine médiatique, destinés à mettre en valeur les potentialités de ce continent à tous les niveaux et à contribuer à l’amélioration de son image.
o L’avenir du continent africain de façon générale, sa sécurité, son essor et son progrès dépendent de l’émergence d’institutions médiatiques fortes, libres et indépendantes, et de ce fait, nous appelons à l’élargissement de la coopération mutuelle entre les Etats africains dans le domaine des médias et de la presse.
o Le droit des peuples africains à l’information implique la garantie du droit des journalistes africains d’accéder aux sources de l’information, et la réglementation de l’accès à l’information.
o La lutte contre les stéréotypes négatifs sur l’Afrique, qui persistent toujours dans les médias africains et internationaux, au mépris de la déontologie de la profession et en rupture totale avec l’image réelle, dépend de la conjugaison des efforts des femmes et hommes parmi les représentants des médias africains.
o Nous refusons catégoriquement la transformation de l’Afrique en un continent qui ne fait que recevoir des leçons des autres, et affirmons que l’Afrique fait originellement partie du monde libre, sans aucun complexe d’infériorité ou de dépendance vis-à-vis d’un passé colonial révolu que certains s’évertuent à vouloir nous présenter comme une référence ; nous appelons également à la consécration d’un monde multipolaire à travers le lancement d’initiatives visant à faire entendre la voix de l’Afrique au monde libre.
o Le rétablissement de la confiance en soi du continent africain dépend de l’exploitation des opportunités inhérentes à la révolution numérique et aux nouvelles technologies, tout en insistant sur le droit de l’Afrique à un accès sécurisé à l’internet.
o L’appel à rendre justice à la femme dans le paysage médiatique africain et au renforcement de sa présence, surtout au niveau de la prise des décisions.
o Nous considérons que les journalistes sont la conscience de la société et le porteur de leurs messages au monde extérieur, d’où la nécessité de soutenir les organisations professionnelles, notamment les syndicats et les instances corporatives afin de renforcer la protection des journalistes, en plus de la condamnation des agressions dont ces journalistes sont régulièrement les victimes.
o Nous insistons sur le rôle des médias dans la lutte contre toutes les formes de violence, de discrimination raciale, de terrorisme et de crimes contre l’humanité, ainsi que dans la lutte contre l’incitation à la haine contre les religions en général, et l’Islam en particulier, et contre l’atteinte aux symboles des religions.
o Nous exprimons notre appui inconditionnel au peuple palestinien dans sa lutte pour l’instauration de son Etat indépendant, avec comme capitale Al Qods. Les participants condamnent également les agressions israéliennes commises au préjudice du bon droit du peuple palestinien, et invitent toutes les institutions médiatiques africaines à appuyer et à défendre la cause palestinienne sur le plan médiatique du fait qu’il s’agit d’une juste cause.
o Nous apprécions à sa juste valeur l’initiative marocaine consistant à intégrer les médias dans les efforts de développement et de renaissance de l’Afrique, et saluons l’initiative de lancement du centre africain de formation à Oujda, et la création de la Fédération atlantique des agences de presse africaines (FAAPA).
o Nous saluons l’observatoire africain de la liberté de la presse, établi dans le cadre de la coopération entre le Royaume du Maroc et la République de la Côte d’Ivoire. Cet observatoire a été lancé en octobre 2015 et dont le siège sera à Abidjan avec une coprésidence maroco-ivoirienne.
o Nous saluons les initiatives des syndicats africains dans le cadre de la Fédération internationale des journalistes, pour le renforcement de la protection des journalistes.
o Nous appelons à faire évoluer les méthodes et programmes relatifs à la formation et à la formation continue dans le domaine de la presse et des médias, en plus de l’appel au développement et au renforcement des capacités des journalistes et des institutions de presse qui s’intéressent aux questions qui interpellent le continent africain et aux opportunités d’investissement en Afrique.
o Intégrer la dimension médias et communication dans l’approche stratégique des projets économiques, de développement et d’investissement tout en encourageant la création d’agences professionnelles spécialisées qui veilleront à la collecte des données et des informations concernant l’investissement.
o Œuvrer à la création de réseaux qui soient à même de fournir les informations précises et techniques dont les entrepreneurs et les investisseurs ont besoin au plan local et sur le terrain.
o Nous appelons à appuyer les efforts de promotion de la liberté de la presse dans le continent africain à travers un appui conséquent à la liberté de la presse et des médias et le renforcement des capacités des institutions médiatiques, tout en encourageant la conclusion de conventions de partenariat entre les instances syndicales dans le domaine de la presse et des médias et les instances professionnelles parmi les Etats africains membres de l’OCI, afin de conjuguer les efforts en la matière et de proposer des politiques publiques appropriées par rapport aux médias et à la promotion de la liberté de la presse dans les Etats africains.
RECOMMANDATIONS DU FORUM DES MEDIAS DEDIE AU CONTINENT AFRICAIN
THEME I : RENFORCEMENT DES MEDIAS DANS LE CONTINENT AFRICAIN ET LEUR ROLE DANS LA PROJECTION D’UNE IMAGE POSITIVE DU CONTINENT.
Séances : 1, 2,3 et 4
1- Lutte contre les stéréotypes
Appel aux gouvernements, médias et organisations de la société civile ainsi qu’aux entités professionnelles et médiatiques pour contribuer à la lutte contre les stéréotypes concernant le continent africain ;
Incitation des médias africains à promouvoir les meilleures pratiques et expériences pour lutter contre les stéréotypes ;
Appel aux médias africains pour faire connaître de leurs expériences réussies (success stories) dans tous les domaines en vue de corriger les aspects négatifs et de renforcer l’image du continent africain.
Détection et identification des stéréotypes associés au continent africain dans les médias, et mener des recherches scientifiques à cet égard ;
2- FORMATION ET DEVELOPPEMENT DES CAPACITES
Lancement d’initiatives pour renforcer les capacités des journalistes et des professionnels de l’information ;
Création d’un réseau de formation des journalistes africains et leur réhabilitation par rapport à la maitrise des nouvelles technologies de l’information ;
Création de réseaux africains d’instituts, facultés et écoles de formation aux métiers du journalisme et de l’information et encouragement des
initiatives intracommunautaires dans le domaine de la formation des journalistes ;
Elaboration d’études pour identifier les besoins du marché africain dans le domaine des médias ;
Invitation des universités et des instituts africains à créer des groupes de recherche spécialisés dans les questions qui interpellent l’Afrique ;
Adéquation des cursus universitaires de formation aux métiers de l’information et de la communication par rapport aux orientations et aux normes internationales du même champ académique, avec intégration des programmes d’analyse et de traitement de l’information selon la double exigence de la véracité et de la crédibilité de l’information ;
Evaluation de l’initiative du Royaume du Maroc consistant en la création du Centre Africain de Formation des Journalistes à Oujda et appel à impliquer les différents acteurs africains pour le faire connaître à l’échelle du continent.
3. COOPERATION ET PARTENARIAT
Renforcement des partenariats entre les Etats africains et encouragement des projets communs dans le domaine de l’information ;
Lancement et encouragement des échanges journalistiques, des formations aux métiers médiatiques et des visites de terrain intracommunautaires au profit des médias africains des pays membres de l’Organisation de la Coopération Islamique dans d’autres régions du monde ;
Création de réseaux professionnels civils de journalistes africains pour
promouvoir une image positive de l’Afrique ;
Lancement d’initiatives communes pour faire connaître et partager les meilleures expériences, pratiques et opportunités africaines lors des grands fora internationaux ;
Facilitation de la circulation des personnes et particulièrement celles exerçant dans le domaine de l’information, et ce à travers la simplification
des formalités d’obtention du visa.
4. RENFORCEMENT DES MECANISMES DE COMMUNICATION
Incitation des gouvernements, des institutions et des entités professionnelles à mettre à la dispositions des professionnels des médias, des banques de données propres aux pays africains ;
Création de plateformes digitales sur les réseaux sociaux pour l’échange d’articles , d’images et de contenus d’information spécifiques au continent africain ;
Création d’un site électronique pour la collecte des données afférentes aux experts africains dans le domaine de l’information en vue de les faire mieux connaître ;
Encouragement de la création de zones franches des médias sous forme de cités médiatiques ;
Développement et consolidation du soutien africain aux médias du continent.
5. PROTECTION DES JOURNALISTES ET RENFORCEMENT DE LA LIBERTE DE LA PRESSERenforcement du principe de protection et de respect de l’intégrité physique, morale et légale des journalistes, condition essentielle pour une presse équilibrée respectant l’éthique professionnelle.
Participation des médias africains de manière primordiale à l’instauration du processus démocratique et à la protection des droits de l’homme dans le continent.
Evaluation du lancement en octobre 2015 de l’Observatoire de la Liberté de la Presse à Abidjan et adoption de cette initiative en tant qu’Observatoire Africain Professionnel de la Presse ;
Evaluation du processus de mise sur pied d’entités professionnelles pour l’autoréglementation du secteur de l’information ;
Nécessité pour les médias africains de se conformer à la déontologie internationale dans le domaine de la presse et promotion de leurs spécificités pour contribuer à l’édification de l’Afrique.
Contribution de José NAWEJ, éditeur de Forum
des As, quotidien paraissant à Kinshasa/ RDC
Excellences, mesdames et messieurs, chers confrères et consoeurs C’est un réel plaisir et un honneur pour moi de me trouver parmi vous pour réfléchir sur notre cher continent quoi que du point de vue des médias. Cette réflexion est, de notre point de vue, transversale. Car si les médias reflètent la société dans laquelle ils se meuvent - Bernard Voyenne ne dit pas autre chose-, les médias en modèlent aussi la perception. Dans un sens comme dans l’autre. Dans la société d’image qui est la nôtre, très souvent c’est la perception médiatique d’un pays, d’un continent qui est véhiculé, voire " vendu ". Si notre Continent a " mauvaise presse ", c’est en partie à cause d’une perception teintée d’afro-pessimisme, d’Afrique bashing que certains médias du Nord véhiculent et que nous-mêmes africains répercutons sans nécessairement tamiser de façon professionnelle le flux d’informations qui viennent d’ailleurs.
Notre propos ne consiste pas à faire de nous des agents de propagande ou à nier les insuffisances que charrient les pays du Continent. Notre souci est de reconnaître que l’Afrique n’est pas que ce continent figé dans la mauvaise gouvernance , abonné à la pauvreté et donc programmé à n’être perçu qu’à travers des prismes déformants. A côté des contre- performances économiques, sociales, des catastrophes, des coups d’Etat -il y en a de moins en moins- il y a quantité de choses qui marchent et d’opportunités qui font de l’Afrique un continent d’avenir.
Mais comment porter ce potentiel, ces avancées à la connaissance du public si les médias africains demeurent extravertis ? Comment créer une synergie au niveau des médias du Continent sans connexion réelle entre organes de presse africains ? Comment vendre médiatiquement l’Afrique sans véritablement la posséder ? Ou plus exactement lorsque l’homme des médias africain recourt, pour l’essentiel, aux sources non africaines pour s’informer ? Voilà autant de questions qui sont aussi autant de pistes pouvant nous aider a devenir des médias au service de l’image du Continent. Car, ici comme ailleurs, l’homme des médias n’est pas un OVNI, mais un homme ou une femme géographiquement, culturellement situé.
" L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique ", exhortation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI
En lisant l’invitation, une phrase m’est spontanément venue à l’esprit. C’est celle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qu’il répète à chacun de ses nombreux déplacements sur le continent africain. Son continent. " L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique ", ne cesse de dire Sa Majesté le Roi. Ce credo devrait être le nôtre aussi au niveau des médias si nous voulons renverser les paradigmes actuels.
En d’autres termes, nous devons nous faire mutuellement confiance. C’est-à-dire croire en nous-mêmes. En notre génie ? En notre capacité d’informer sur l’Afrique. En particulier cette Afrique courageuse, entreprenante que l’on ne vend pas assez. Cette Afrique dont les Africains méconnaissent les réalités. Vous me permettez de ne pas aller loin pour illustrer mes propos.
Dans ce pays qui nous accueille, le Maroc, subsiste un conflit artificiel. Un conflit qui a vu l’OUA devenue l’Union africaine se sevrait d’un de ses hérauts et pionniers. Et aujourd’hui un pays majeur qui fait la fierté de tout le Continent. Je veux parler du Sahara marocain. Des années durant, on pouvait croire du fait des médias du Nord et de certains pays sans doute influencés par la propagande, qu’il y avait effectivement un conflit entre des populations se réclamant d’un mouvement et le Maroc. Or, non seulement l’histoire, la sociologie … montre bien que le Sahara fait partie intégrante du Maroc historique, mais en plus la réalité même sur le terrain est celle d’un peuple fier d’appartenir au Royaume. Pour avoir eu l’avantage de séjourner plusieurs fois dans les provinces du sud- Lâayoune, Dakhla, Boujdour …nous pouvons témoigner non seulement de la marocanité du Sahara mais aussi de l’extraordinaire bond quantitatif et qualitatif effectué cette partie du Maroc occupée jadis par l’Espagne. Entre les hameaux laissés en 1975 par l’occupant espagnol et les villes modernes construites après ce départ, il n’y a pas photo. C’est cela aussi un exemple vivant de l’Afrique qui marche mais que l’on s’acharne à occulter au profit d’un conflit artificiel.
Dans mon propre pays, livré à des guerres d’essence extérieure, l’on se plaît à présenter la RDC comme un pays où le viol serait monnaie courante. Mais l’on oublie que le viol comme les massacres sont le produit des guerres cycliques que certaines officines et des multinationales ont entretenues - en soutenant des pays voisins- pour faire main basse sur les richesses du Congo.
Comment ne pas évoquer cet autre sujet d’actualité qu’est la déferlante terroriste en Afrique. Là aussi, quand on aura fini de condamner ceux des Africains qui tuent des êtres humains quelles que soient leurs origines - la vie est sacrée- il nous faudra absolument faire la part des choses entre la religion musulmane et le terrorisme qui n’a rien avoir avec l’islam. A ce niveau aussi se joue la perception du Continent. Nos médias devraient là aussi véhiculer une information qui ne prête pas aux amalgames.
PISTES DE SOLUTIONS
En définitive, il importe à nos yeux que :-
1° les médias africains plus que d’autres prennent conscience que dans ce monde de l’image, l’avenir du Continent est en grande partie lié à la perception que l’on en a.
2° que les médias africains font confiance aux médias africains
3° que des synergies se font au niveau du Continent pour un échange d’expériences et d’informations de manière à ne plus répercuter systématiquement des flux de nouvelles sur l’Afrique qui proviennent d’ailleurs.
4° Ce combat ne saurait aboutir sans volonté politique de dirigeants africains, sans implication du monde des affaires, des corporations professionnelles, des scientifiques …bref de tous les segments conscients de la Société civile.
Voilà Excellences, mesdames et messieurs, chers confrères et consoeurs l’économie de ma contribution à nos travaux.
Marrakech, symbole d’un Maroc résolument ancré en Afrique
Almoravides, Almohades…Ces évocations de l’histoire résonnent dans toute l’Afrique. Marrakech a été l’épicentre de ce pan important de l’histoire millénaire du Maroc. Cette ville -capitale touristique du Royaume a été un carrefour de toutes les Afriques. Elle en perpétue la vocation et la tradition. Marrakech, c’est cette ville aux milles et une palmeraies. Peut-être autant d’hôtels aussi .C’est cette ville ocre.
Une couleur qui donne à la ville son originalité. Une cohérence architecturale qui frappe tout visiteur .Marrakech c’est sa Médian -vieille ville où l’histoire de cette cité défile. Des calèches -ces voitures à l’ancienne tirés par des chevaux, des souks où toute l’artisanat traditionnel marocain - broderie, sacs, mobiliers, ustensiles de cuisine…- est exposé et dont les objets- djellaba, mobiliers, ustensiles de cuisine …- sont vendus. Dans une de nombreuses allées de la Médina, la caverne d’Ali Baba.
Tout y est. Et l’expression prend tout son sens. Et comme pour confirmer l’adage selon lequel c’est dans les vieilles casseroles que l’on prépare des mets exquis, la Médina cache des restaurants où la le meilleur de la cuisine marocaine est servi. A l’ancienne .Mais avec un brin de modernité. Vendredi 18 décembre au soir, les participants au Forum ont emprunté une des allées ornées de torches traditionnelles pour un dîner de gala de rêve. Du méchoui que plusieurs centaines de convives ont croqué à satiété. Un régal pour le palais.
Le tout sur fond d’une présence hyper attentionnée du ministre marocain de la Communication, Mustapha Khalfi. Un ministre auquel tous les invités rendent hommage pour son urbanité, son entregent, son dynamisme, sa compétence bref son efficacité. Marrakech, c’est par-dessus tout, ses habitants. Une population métissée ouverte à l’autre, toujours prompte à rendre service et proposer ses services. Tel Aziz, la soixantaine révolue qui va volontiers à la rencontre de ses frères africains. " Nous sommes tous des Africains. Marrakech est la porte du désert qui donne sur l’Afrique. Des caravanes partaient d’ici vers le reste du continent africain. Tout comme, les Africains subsahariens passaient par notre ville pour s’établir ailleurs dans le Royaume ". Autant de prémonitions positives pour la nouvelle image de l’Afrique. J.N.
A Casablanca, un derby qui rappelle V. club- DCMP ou Mazembe-Lupopo
Casa Port, dimanche 20 décembre. Aux abords du plus grand souk de Casablanca, des attroupements sur fond des échanges passionnés. Inaccessible à la version marocaine de l’arabe, on se perd en conjectures. Pas pour longtemps. Un jeune nous apprend que cet après -midi se joue le derby. Wydad Athlétic club (WAC) contre Raja de Casablanca.
Les rouge et blanc contre le vert blanc. Bonjour la passion. Sur Les artères qui mènent vers le stade de la capitale économique marocaine, des cars, des bus voire des motos transportant des supporters. Des jeunes pour la plupart .Ils chantent à tue-tête. Ils se lancent même des quolibets. Ils arborent, chacun, les couleurs de leur team chéri.
Roulant vers le centre vers le centre ville, on assiste à un clash entre deux groupes de fanatiques transportés dans deux véhicules différents qui, le temps d’un arrêt au feu rouge se retrouvent côte à côte. On a redouté des échaufourés. Rien de tel. Notre chauffeur originaire de la ville qui, du haut de ses plus de cinquante ans en a vu d’autres,nous rassure : " ils n’iront pas jusqu’à se battre. C’est ainsi le jour du derby ".
Ce dimanche, c’était le 119ème du genre. Comme quoi, le football est la religion la mieux partagée. Mêmes rites à Casa comme à Kinshasa ou à Lubumbashi. Enfin, et le résultat de ce derby ? Tard dans l’avion, un féru du ballon rond nous apprendra que les deux rivaux de la mégapole marocaine se sont séparés sous le score nul et vierge. J.N.