La diaspora face au dialogue en RDC

Jeudi 18 août 2016 - 11:03
Depuis que le président de la RDC, Joseph Kabila, a annoncé la tenue du dialogue national, une bonne partie de la diaspora congolaise se mobilise contre ce qu’elle qualifie d’un piège tendu par le chef de l’Etat pour se maintenir au pouvoir après 2016.   Toute analyse du dialogue politique en RDC est indissociable d’une réflexion sur l‘origine même du dialogue comme un examen croisé de différentes paroles; celui qui, au final, produit un diagnostic intégrant les arguments des participants et une conclusion dans laquelle ils se retrouvent tous.   Le dialogue existe depuis le jour où des êtres humain ont désiré faire quelque chose en commun, L’utilisation de ce processus, dérivé de ce qui est communément appelé la «tradition orale», gouverne la compréhension du monde, les délibérations et es décisions depuis que l‘être humain est apparu sur terre. Il a été utilisé durant des dizaines de millénaires avant l’invention de l’écriture et d’une gestion plus structurée et formelle de l’information.   Dans les sociétés traditionnelles africaines, on l’a appelé « l’arbre à palabre «: un lieu traditionnel dé rassemblement, à l’ombre duquel les gens d’une même communauté se réunissaient pour discuter sur la vie en société, les problèmes du village...   Il n’est pas le résultat d’un acte délibéré d’ouverture à l‘autre mais résulté tout au contraire de l’impossibilité de se fermer à l’altérité. On ne choisit pas de s’ouvrir à l’altérité dialogique. Elle nous affecte avant même de vivré et d’agir dans le monde. Elle est insupprimable.   Qui pourrait s’opposer au dialogue considéré comme une forme naturelle de là parole et qu’une langue ne manifeste son existence que dans le dialogue relié à la parole quotidienne? Ce serait un absurde existentiel; au sens philosophique du terme. Peut-on se dire démocrate et refuser le dialogue? On peut répondre à cette question par la négative, car le dialogue est avant tout un échange. Et la démocratie étant la loi du plus grand nombre, ce plus grand nombre ne peut exister que s’il y a échange, débat ou discussion. Mais l’intérêt de la communauté devra primer sur celui d’un individu, et pas le contraire. C’est l’argumentation avancée par une bonne partie de la diaspora congolaise qu’on peut lire dans les réseaux sociaux (Facebook, Tweeter...), et que l’on entend souvent lors des manifestations, marches et rassemblements anti-dialogue organisés à travers l’Europe et les Etats-Unis.   POURQUQI LA DIASPORA REJETTE-T-ELLE LE DIALOGUE? Au sein de la diaspora, certains Congolais, que l’on pourrait qualifier des pro-dialogues, sont moins diserts sur ce sujet. Ils pensent néanmoins que l’initiative du président Joseph Kabila sert à cimenter la cohésion nationale en vue «d’élections apaisées». Mais pour une bonne partie de cette diaspora, dont les résistants- combattants, le dialogue, version Kabila, ne promeut pas la réconciliation, la tolérance et la démocratisation en RDC, comme le soutiennent les chantres de cette assertion. Il apparaît plutôt comme une stratégie échaudée parle régime en place pour perpétuer son règne à l’aide d’une méthode sournoise nommée «glissement ». Et pour certains membres des partis d’opposition, adeptes de la compromission, c’est une opportunité de repositionnement politique. L’on sait pertinemment que le dialogue en RDC, qu’il ait pour nom concertation ou conférence, a toujours eu pour finalité le partage du pouvoir, quel que soit l’habillage qu’on lui donne. Les questions de fond, susceptibles de transformer la société e lui faisant imprimer une nouvelle marche, sont souvent évitées dans ces forums. Pour ces Congolais résidant à l’étranger, cette réunion est un Sun City bis : sortir du cadre institutionnel et imposer à tous un compromis politique par la mise en place d’une nouvelle période de transition politique (et d’un gouvernement d’union nationale), qui remettrait le compteur à zéro. Ce, dans le but, non seulement de relancer le président Joseph Kabila dans le jeu politique, mais aussi lui permettre de garder la main après la fin de son dernier mandat, le 19 décembre 2016, et le relancer dans la prochaine course électorale. C’est l’hypothèse que redoutent le plus es Congolais de la diaspora qui exigent le respect du délai constitutionnel. Le seul désir qui les anime - ce régime leur pèse tellement-, c’est de voir l’alternance politique s’installer en RDC afin que le pays puisse prendre son envol pour le bien-être tant rêvé de ce peuple meurtri. Par Robert KONGO Correspondant en France