Les manifestations vécues hier à travers plusieurs provinces de la République contre l’Arrêt de la Cour Constitutionnelle en rapport avec l’article 70 de la Constitution devraient interpeller les membres de cette haute juridiction du pays. Le constat à faire à cet effet est que l’homme de la rue ne croit pas en l’indépendance et la neutralité du pouvoir judiciaire. Pourtant, c’est la justice qui devrait s’imposer comme le socle de la démocratie encore balbutiante.
La « disqualification » publique de la Cour Constitutionnelle est un signal négatif pour la gestion future des dossiers sensibles de la République. Ceci arrive parce que ses animateurs viennent de s’illustrer, à deux reprises, par des décisions qui n’emportent pas l’adhésion populaire. Celle qui devait se positionner comme « l’église au milieu du village » est de plus en plus perçue, par l’opinion publique, comme un instrument au service du pouvoir en place.
Cette énième mise en cause de la Cour Constitutionnelle vient de provoquer une grave fracture au sein de la communauté nationale. Il y a, d’une part, la Majorité Présidentielle, prête à soutenir la prolongation à l’infini du second mandat présidentiel, au nom de l’article 64, et, d’autre part, l’Opposition, décidée à barrer la route à tout glissement, sur pied de la même disposition constitutionnelle.
De graves dérapages sont à craindre dans un avenir proche, car ledit article dispose : « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution. Toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la nation et l’Etat. Elle est punie conformément à la loi ».
La question qui se pose est de savoir qui ont tort ou raison entre ceux qui estiment « qu’un groupe d’individus exerce le pouvoir en violation de la Constitution » et ceux qui pensent « qu’un groupe d’individus cherche à renverser le régime constitutionnel ».
Cette difficulté aurait dû être résolue par la Cour Constitutionnelle. Malheureusement, les manifestations d’hier aux quatre coins du pays ont démontré que l’interprétation de l’article 70 par cette haute cour est loin de faire l’unanimité.
Quelle suite après le 26 mai ? Ce qu’il faut désormais redouter est que la « rue », à laquelle sont prêtes à recourir l’Opposition comme la Majorité Présidentielle, risque d’apporter au pays une solution non démocratique dans sa recherche d’une voie consensuelle et pacifique de sortie de crise. Le décor de la confrontation étant planté, il n’y a pas d’autre recette que le dialogue national pour désamorcer la bombe politique et sociale. Kimp