Les travailleurs de la Cimenterie nationale dans la Province du Kongo Central, « en arrêt de production depuis 2010 par manque de fonds de roulement », accusent le gouvernement de la RD Congo de les avoir abandonnés avec 80 mois d’arriérés de salaire. Entre-temps, la CINAT n‘est pas prévue dans le budget 2016 du gouvernement.
Dans une correspondance adressée le 22 juillet 2015 au chef du gouvernement, la délégation syndicale de la Cimenterie nationale (CINAT) affirme que « le manque de financement a occasionné une situation sociale déplorable, caractérisée par tant d’arriérés de salaires, la non-prise en charge des soins médicaux, la non- scolarisation des enfants ainsi que le bilan macabre de 25 travailleurs décédés, sans compter leurs membres de famille ».
«En attendant la finalisation des transactions, nous avons sollicité, à plus d’une fois auprès du gouvernement, une assistance financière de 900 000 USD pour payer trois mois de salaire et 80 000 USD pour les soins médicaux afin de soulager tant soit peu nos misères », rappellent les signataires de la correspondance. Qui ont fait remarquer qu’« à quelques mois de la rentrée scolaire», les travailleurs de la CINAT continuaient d’« espérer parce que le gouvernement a eu à décaisser de fonds la veille des festivités de fin d’année 2013 en faveur des travailleurs en détresse de la SNCC et de la MIBA pour soulager leur misère ». Ils ont rappelé avoir «salué vivement la première phase des transactions amorcées par les deux parties en décembre 2014 qui ont abouti avec satisfaction à l’analyse de certains préalables déjà réalisés». Parmi es préalables, ils ont cité l’effacement des dettes fiscales et parafiscales et des dettes commerciales envers les entreprises du Portefeuille de l’Etat et établissements publics; l’effacement partiel des dettes sociales envers le personnel en raison d’une décote de 50% des salaires dus suivant le Protocole d’accord signé entre l’employeur et les travailleurs sous la conduite du COPIREP, organe technique de l’Etat.
«Excellence Monsieur le Premier ministre, qu’il plaise à Votre Haute Autorité de constater, comme nous, qu’à ce stade des pourparlers,, nous ne voyons pas ce qui peut encore justifier ce grand retard dans la finalisation des transactions », se désole la délégation syndicale de la CINAT. C’est donc «soucieux» de leur «avenir» et de celui de leurs « enfants », que les travailleurs de la Cimenterie nationale ont demandé au chef du gouvernement de :
1. L’implication personnelle du Premier ministre pour la finalisation dans les meilleurs délais en vue de sauver les emplois menacés des travailleurs;
2 le déblocage de l’assistance financière de 900 000 USD équivalent à trois mois de salaire et 80 000 USD pour reprise de contrats avec les différents centres hospitaliers (IME Kimpese, YoLo Médical ). « Le ministère du Portefeuille est à pied d’oeuvre pour résoudre ce dossier» En réponse à la correspondance de la délégation syndicale de la CINA1 le Directeur de cabinet du Premier ministre a assuré que « le Ministre du Portefeuille est à pied d’oeuvre pour résoudre ce dossier».
Après avoir accusé « bonne réception, au nom de Son Excellence Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement» de cette lettre, Sele Yalaghuli a fourni les explications suivantes : «J’ai noté que vous exprime,z les in quiétudes des travailleurs de la CINAT au sujet de la cession de 58% des actions du capital social. En effet, il est déploré un retard dans la finalisation des transactions entre l’Etat congolais et la firme Nova Cimangola ». Concernant ces « transactions », le même directeur de cabinet du Premier ministre avait « informé » les travailleurs de la CINAT, dans une lettre du 23 juin 2014, que leurs « doléances seront traitées et résolues dans le cadre des négociations avec Nova Cimangola SA ».
« Dans sa dernière correspondance au Gouvernement, cette firme envisage l’entame et la clôture des négociations au courant du mois de juillet 2014 », avait soutenu le Dircab Sele Yalaghuli.
LA CINAT « PAS PREVUE DANS LE BUDGET 2016 DU GOUVERNEMENT »
Alors que le Premier ministre Augustin Matata en visite officielle des cimenteries déjà existantes et celle en construction, sur instruction du Chef de l’Etat, a déclaré ce qui suit
« Nous allons faire pression sur Novacimangola. Au cas où elle ne s’exécutera pas rapidement, je proposerai au Chef de l’Etat une solution palliative pour que CINAT soit vite relancée » a t-il promit le 13 août 2015 à Lukala. Pour les problèmes sociaux il a également promis qu’ils seront examinés à son retour a Kinshasa. Au moment où nous éditons cet article, les travailleurs de la CINAT n’ont toujours pas de réponse à l’une ou l’autre promesse. «La CINAT n’est pas prévue dans le budget du Gouvernement pour l’exercice 2016, nous ont appris les députés nationaux élus du Kongo Central que nous avons consultés récemment à l’assemblée nationale », a indiqué au Potentiel la délégation syndicale, dans un entretien le samedi 07 novembre 2015.
Le 26 novembre 2015, Mme Mwamini Thambwe Mwamba, conseillère du Premier ministre qui les a reçus, a demandé des listings de paie de 3 mois de salaires qui trameraient encore à la Primature. Dans un contact téléphonique, le 03 novembre 2015, celle-ci exigeait la patience aux Travailleurs déjà impayés depuis 80 mois. Comme Paul en avait appelé à César, la délégation syndicale en appelle à Son Excellence Monsieur Joseph Kabila Kabange, Président de la République, Chef de l’Etat, dernier recours et garant de la nation.
Par OLIVIER DIOSO