
En attendant la mise sur pied du Comité préparatoire du dialogue national et le démarrage effectif de celui-ci, il s’observe une forte agitation au sein de la classe politique congolaise, toutes tendances confondues, et des organisations de la Société civile. Les quotas de représentation des forces politiques et sociales au niveau de ces deux structures divisent. Edem Kodjo, le Facilitateur, ploie littéralement sous les demandes de participation tant au Comité préparatoire qu’au dialogue.
C’est maintenant ou jamais qu’il lui faut ouvrir l’œil et le bon, afin de ne pas se laisser distraire par des politiciens et acteurs de la société civile qui feignent de soutenir fermement le dialogue alors que leur intention voilée est de le transformer en fourre-tout, avec plusieurs centaines de participants et des termes de référence flous. Ce que de vrais patriotes attendent d’Edem Kodjo, c’est un format ultra réduit de participants aussi bien pour le Comité préparatoire que pour le dialogue.
L’on pense que dix à quinze experts suffiraient pour fixer le format du dialogue, sa durée, le lieu de sa tenue et ses termes de référence. Quant au dialogue, il pourrait accueillir moins d’une cinquantaine de participants. Les questions à débattre sont si sérieuses pour l’avenir de la Nation qu’elles exigent des échanges entre un échantillon sélectif de délégués des forces politiques et sociales ayant un poids sociologique réel au pays. Le facilitateur devrait éviter de tomber dans le piège des partis et Ong de mallette, qui pourraient lui faire croire qu’ils pèsent dans l’opinion congolaise, alors que leurs animateurs ne représentent qu’eux-mêmes.
On suppose qu’avant de revenir à Kinshasa pour lancer le train du dialogue, il se sera suffisamment informé sur le paysage politique et social du pays, afin de ne pas se tromper au sujet des quotas de représentation. Le refus de certains partis de l’Opposition de s’asseoir à la même table que la majorité et l’opposition acquise aux vertus du dialogue, ne devrait pas lui faire perdre du temps.
La Majorité et l’Opposition d’abord…
Dans le souci d’éviter la confusion dans les débats sur les questions électorales et autres qui intéressent l’avenir et le devenir de la RDC, Edem Kodjo aurait intérêt à identifier clairement les forces politiques effectivement représentatives de la majorité au pouvoir et de l’opposition. Car, c’est de ces deux camps que dépend la bonne fin du dialogue ou son échec. Le pays n’a pas besoin d’un groupe d’appoint appelé à faire triompher les thèses d’un camp au détriment d’un autre.
Les Congolais ne voudraient pas revivre le schéma des « Concertations nationales » de septembre-octobre 2013, au cours desquelles la famille politique du Chef de l’Etat avait instrumentalisé une certaine opposition et une certaine société civile. Résultat : les résolutions n’ont jamais franchi le seuil du Palais du peuple, tout simplement parce que les forces politiques et sociales qui comptent réellement en étaient exclues. La crise de légitimité au sommet de l’Etat, que l’on pensait résoudre, est restée en l’état. Aujourd’hui, en plus de la crise de légitimité, il est impérieux de trouver une voie de sortie pour le processus électoral en panne. D’où la nécessité de l’inclusivité du dialogue mais surtout de la clarté des termes de référence.
Impatient de savoir de quoi sera fait le dialogue, le peuple doit être pleinement informé aussi bien de toutes les étapes de sa préparation au niveau du Comité préparatoire que de son déroulement. Le plus tôt serait le mieux pour un pays qui court le risque d’une fin chaotique de législature si les règles du jeu ne sont pas clairement
établies pour les scrutins à venir et surtout si l’impasse persiste autour de la suite du processus électoral.
A qui profiterait une vacance du pouvoir ?
Si les élections ne sont pas organisées dans les délais
constitutionnels et qu’aucun consensus politique n’est dégagé au terme
du futur dialogue, le problème de la vacance du pouvoir au sommet de
l’Etat pourrait être au coeur du débat des forces politiques et
sociales. La question est de savoir quelle personnalité de quelle
institution pourrait revendiquer la légitimité constitutionnelle pour
gérer une éventuelle période de transition. Abondamment cité par
nombre de politiciens et juristes, le président du Sénat ne peut, dans
son statut actuel, assumer une telle charge, car gestionnaire d’une
institution dont la légitimité s’est arrêtée depuis 2012, son mandat
n’ayant pas été renouvelé par son électorat naturel composé des
députés provinciaux, eux-mêmes sans légitimité depuis la même année.
Bref, la RDC pourrait entrer dans une période de turbulences avec un
président ayant épuisé ses deux mandats et son virtuel successeur
constitutionnel, le président du Sénat, « plus illégitime » que lui.
Bref, une vacance au sommet de l’Etat n’est pas à souhaiter en
décembre 2016, car susceptible de semer une grande confusion sur la
scène politique et dans l’opinion publique, avec tous les risques de
dérapage que l’on peut imaginer. Dans ce cas, le dialogue se présente
comme le moindre mal pour permettre aux Congolais de se parler et de
réfléchir ensemble sur les voies et moyens de sortir de la crise. Si
d’anciens alliés de la Majorité devenus aujourd’hui des « ennemis
politiques » ont des agendas cachés pour se maintenir au pouvoir ou le
conquérir par des moyens anticonstitutionnels, la patrie n’a rien à
gagner dans leurs « plans B » et autres.
Kimp