Kabila veut-il changer le mode de scrutin ?

Lundi 30 novembre 2015 - 10:45

Dans son message télévisé diffusé le samedi 28 novembre 2015, le chef de l’Etat congolais a appelé à la réflexion autour d’un système électoral peu couteux. Un appel qui ouvre directement la voie à plusieurs interprétations, notamment le changement de la Constitution.

 

A 12 mois de la fin du mandat présidentiel, Joseph Kabila, 44 ans, a décidé de convoquer un « dialogue politique national inclusif». Dans son message diffusé sur la télévision nationale  (RTNC), le Président de la République a égrainé les points qui feront l’objet de ces assises. Il s’agit du fichier électoral, du calendrier électoral, de la sécurisation des élections, du financement des élections et du rôle des partenaires extérieurs dans ce processus. Mais le Raïs ne s’est pas arrêté là. Il a aussi appelé à une réflexion sur un système électoral peu couteux. C’est visiblement sur ce point que ses détracteurs l’attendaient pour décrypter sa réelle intention en convoquant ce forum. « Monsieur Kabila, nous dévoile sa vraie intention, celle de faire un coup d’Etat constitutionnel... », a réagi à RFI, Martin Fayulu, député et président de l’ECIDE.

 

Réfléchir sur « les modalités de vote peu couteuses » comme l’a suggéré Joseph Kabila pourrait renvoyer à la modification du mode de scrutin contenu dans l’actuelle Constitution. Un mode de scrutin qui, justement, fait l’objet des points verrouillés par l’article 220. Et pour contourner ce blocage, d’aucuns n’hésitent pas à penser qu’un référendum pourrait être convoqué en vue d’un changement de la Constitution qui contiendrait, cette fois-là, un mode de scrutin « indirect » pour l’élection présidentielle.

 

Ces bribes d’idées contenues dans le message de Joseph Kabila continuent d’alimenter les réactions au sein de l’opposition hostile à ce dialogue, notamment l’UNC de Kamerhe qui ne cesse de qualifier cette rencontre d’un piège.

«Le président a raté l’occasion «apaiser les appréhensions des Congolais sur la modification de la Constitution... C’était l’occasion pour lui de dire tout haut qu’il est à son deuxième et dernier mandat », a indiqué, à Top Congo, Eve Bazaïba Masudi, Secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba Avant d’ajouter que « c’est une déclaration claire et nette d’un coup d’Etat» que le chef de l’Etat venait de prononcer. En attendant la tenue de ces assisses dont on ne connaît encore ni la date ni le lieu, la majorité des Congolais restent sur le qui-vive et n’attendent que les résolutions qui seront issues de ce forum. Avec le tableau des difficultés liées à l’organisation des élections que vient de peindre le Raïs, il y a fort à parier que le changement de la Constitution s’invite au débat, spécialement le mode de scrutin qui semble préoccuper l’actuel locataire du Palais de la nation.

Par CN