Que de temps perdu dans la conquête de leur destinée après la conférence de Beijing en l’an 1995 !
Instituée avec tambour et trompette en 1977 par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies, avant d’être entérinée par une Résolution du Conseil de sécurité de cette structure universelle, la Journée internationale de la femme est vieille aujourd’hui de 39 ans ! Signataire de la Charte des Nations Unies, dès le lendemain même de son accession à l’indépendance en 1960, la République démocratique du Congo célèbre cette journée mémorable avec une tonalité variant selon les humeurs des tenants de régimes politiques du moment, mais aussi et surtout selon la personnalité des femmes influentes qui y jouaient quelques rôles prépondérants ou supposés tels !
Comme le veut une tradition, qui remonte à quatre décennies, la’ journée internationale de la femme sera marquée ce jour par un discours de circonstance du Secrétaire Général des Nations Unies, invitant les Etats à mettre en œuvre des instruments internationaux qui plaident en faveur des droits de femmes ainsi que des projets favorables à leur promotion dans différentes domaines.
A la suite de l’allocution du locataire du Palais de verre, viendront des communications des Etats, par le biais de ministres ayant les affaires de femmes dans leurs responsabilités. Qu’en sera-t-il aujourd’hui de la RDC où, pendant de longues semaines, des femmes de toutes conditions se sont fortement mobilisées et dépensées pour donner un cachet spécial à l’événement.
Quel sens donner aux réjouissances de ce jour?
En effet, les femmes qui trouvent rarement des occasions de s’exprimer sans tabous sur leurs problèmes, leurs aspirations, leurs ambitions, leurs choix ? mais aussi su les inquiétudes qui les caractérisent dans leur féminité indistinctement sont à l’honneur … mais pourquoi ? Les femmes de la RD Congo vont fêter aujourd’hui et veulent que leur joie d’être femmes se prolonge jusqu’à la fin du mois de mars, au cours duquel leur journée, est mondialement célébrée. Mais l’opinion publique nationale et internationale, qui note les atrocités dont elles sont sujettes à l’intérieur des frontières de leur pays depuis de longues décennies, continue de se demander si cette joie est partagée par toutes les femmes de la RDC, malgré les inégalités et injustices caractérisant ce pays. En fait, que dire des centaines de jeunes filles, de jeunes femmes et des mères de tous les âges violées dans l’indifférence générale? Que dire des millions de filles qui n’ont pas accès à l’instruction des millions de femmes en âge de travailler condamnés à un désœuvrement sans visage ; des millions de femmes qui ne sont ni électrices ni éligibles ; des millions de femmes qui ne peuvent pas ester en justice par la force des choses, etc.
Les femmes de la RDC qui s’étaient laissées entraînées dans le courant des femmes du monde désireuses de se libérer définitivement des structures mentales, politiques et juridiques du passé ne peuvent que se contenter de petites choses aujourd’hui de petits postes ministériels, des fonctions subalternes dans les institutions politiques, dans les entreprises publiques, dans les services administratifs de l’Etat, etc. Que de temps ainsi perdu dans la conquête de leurs droits, après la Conférence internationale dédiée aux femmes à Beijing en l’an 1995. Où veulent donc aller les femmes de la RD Congo à la recherche de leur vraie place dans le concert des Nations?
Nous rappelons pour la circonstance que malgré la disposition constitutionnelle qui parle de la parité Hommes- Femmes, les femmes congolaises sont toujours à la queue, sous représentées. Malgré des ouvertures pour les postes de gouverneurs et vice-gouverneurs les femmes congolaises sont également à la queue. Bien qu’elles aient fondé 11 partis politiques, des barrières continuent à se multiplier devant elles pour l’avenir. Quels sens donner aux réjouissances du 8 mars 2016? Que les femmes de la RDC répondent à la question posée.
Par KAMBALE MUTOGHERWA