Les médias publics et privés en République démocratique du Congo vivent, avant l’heure, une campagne électorale, somme toute, inopportune voire contre nature. Tant, cette campagne, apparemment soutenue par les autorités compétentes portent sur le glissement du mandat présidentiel ou le report du cycle électoral 2015- 2016, au risque de troubler l’ordre public.
En effet, tout le monde a encore frais en mémoire les événements de janvier 2015 provoqués par un projet de loi portant les germes d’un glissement, car conditionnant la tenue des élections législatives et présidentielle au recensement, opération qui, selon les experts, exigent un temps plus long alors que ce quinquennat s’achève, en ce qui concerne, le président de la République, au 19 décembre 2016.
Le plus officiellement du monde, le député élu de Kinshasa, Ne Muanda Nsemi, est en tournée dans son Kongo Central (ex-Bas-Congo) pour expliquer à sa hase sa proposition d’une transition de3 ans avant l’organisation de toutes les élections en RDC. Une campagne de ce genre est de nature à troubler l’ordre public quand on sait qu’en janvier les Congolais se sont levés contre un projet de loi qui énervait les délais constitutionnels. La loi- mère reste, à ce jour, la seule référence au pacte républicain auquel les Congolais ont souscrit à Sun City, en Afrique du Sud en 2002.
Outre le leader de l’ancien mouvement BDK (Bundu Dia Kongo), dissout depuis 2008, il y a des candidats gouverneurs dans les 21 nouvelles provinces issues du démembrement qui battent campagne, notamment, sur les médias publics avant la période légale.
«Nous demandons aux médias et aux acteurs politiques de se conformer scrupuleusement au calendrier de la CENI. Il y aune période pour le dépôt de candidatures et une autre pour la campagne. Ceux qui veulent mener la campagne doivent attendre la période fixée pour la campagne. On a vu des gens passés dans les médias pour battre campagne avec des discours d’appel à la discrimination, à l’exclusion et parfois à la haine », a fait observer le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication aux candidats à là la députation provinciale lors du dépôt de dossiers de candidature en juin dernier.
Une autre campagne est celle menée tambour battante par les cadres de la Majorité présidentielle. Ceux-ci, bénéficiant de temps d’antenne sur certains médias proches du pouvoir, tentent de convaincre une certaine opinion de la nécessité de prolonger le mandat de l’actuel président de la République, afin dé lui permettre de poursuivre son projet dit de la « Révolution de la modernité », péchant ainsi contre la loi fondamentale qui limite les mandats présidentiel à deux.
Tout ceci devrait amener les autorités compétentes à veiller à la bonne utilisation des médias pendant cette période préélectorale. Ainsi, le CSAC doit assurer sa mission qui est de « garantir et assurer la liberté et la protection de la presse, ainsi que de tous les moyens de communication de masse dans le respect de la loi veiller au respect de la déontologie en matière d’ information et d’accès équitable des partis politiques, des associations et des citoyens aux moyens officiels d’ information et de communication ».
Selon la constitution de la RDC, les institutions de la République ont comme missions: assurer le fonctionnement harmonieux des institutions de l’Etat; éviter les conflits; instaurer un Etat de droit; contrer toute tentative de dérive dictatoriale; garantir la bonne gouvernance; lutter contre 1’impunité; assurer l’alternance démocratique.
Par LE POTENTIEL