Entre Kinshasa et Brazzaville, selon toute vraisemblance, c’est le dégel après les expulsions massives des Kinois du territoire du Congo-Brazzaville. Le président Sassou a effectué le premier pas, accepté de gaieté de coeur par son homologue de Kinshasa, Joseph Kabila. Plus de trois heures durant, les deux chefs d’Etat ont eu des entretiens autour des questions brûlantes de l’heure.
En première ligne, pour les Congolais de Kinshasa, les dommages provoqués par les expulsions massives de plus de 170 000 personnes dans des conditions souvent déplorables et en dehors de us et pratiques en matière de reconduction aux frontières. Pour cette raison, la majorité des Congolais de Kinshasa considère cette traversée comme un signe de dégel et non un renforcement des liens. Cette étape ne peut être franchie sans avoir réuni des préalables à une coexistence pacifique rompue unilatéralement par les autorités de Brazzaville.
Tous les prétextes avancés pour justifier l’injustifiable n’ont pu calmer les appréhensions des voisins de la rive droite dans la mesure où un accord tripartite Angola-Congo-RD Congo prévoit justement les procédures applicables aux « frères-voisins » en cas de reconduction massive aux frontières.
Le Congo-Brazza l’avait foulé aux pieds. D’où, le sentiment de trahison qui a prévalu à Kinshasa et dans d’autres coins de la République démocratique du Congo touchés par ce phénomène.
Aussi, un réchauffement éventuel des rapports entre les deux pays ne serait possible que si le Congo-Brazzaville fait amende honorable. Il s’agit de traduire tous ceux qui ont trempé dans des pratiques rétrogrades de maltraitance contre les expulsés, en leur ravissant biens et argent, en même temps qu’un discours de haine avait été développé de l’autre côté de la rive gauche du fleuve Congo contre les ex Zaïrois.
Plutôt que de sacrifier les liens historiques qui existent entre les deux pays et les deux peuples, il serait indiqué dans l’intérêt de tout le monde que des criminels soient traduits devant les instances judiciaires. Cette réparation aura le mérite d’offrir la quiétude des coeurs, qui a une valeur symbolique au-delà des dommages et intérêts versés en termes de milliards de francs.
Pour panser les plaies - encore béantes - des événements passés, il faut donner à la justice la possibilité de remettre les choses en place. La diplomatie peut jouer sa partition, mais sans occulter la part de travail de la justice réparatrice. Si les petits métiers, exercés par les Kinois, font défaut au Congo-Brazza, il demeure que les Kinois refoulés ont du mal à se réadapter dans un contexte qu’ils ont oublié il y a des lustres. Le dégel oui, mais dans la justice et l’équité. Kabila et Sassou ont donc le soutien de leurs peuples respectifs afin que la bonne entente revienne entre les deux pays.