De tout ce qui se raconte actuellement sur le dépôt du mémo des jeunes cathos de la MP à la Nonciature, on oublie de nous dire que ces jeunes intellos étaient conscients de ce qu’il conviendrait d’appeler « la solidarité majoritaire ». Certes, les langues se délient. A l’image de l’Assemblée nationale où la Majorité « majoritaire » est si solidaire que l’Opposition « minoritaire » constamment roulée dans la farine, ne voit que des hallucinations. Eureka ! s’était écrié l’initiateur du mouvement. J’ai trouvé ! Eureka ! J’ai trouvé !
Ce génie congolais avait en effet, découvert avant beaucoup d’entre nous que le Pape François avait été élu par la majorité des Cardinaux. Son opposition mise sous l’éteignoir, n’avait qu’à attendre sa mort ou sa démission, pour entrevoir la possibilité d’élire un cardinal issu des rangs de l’opposition ecclésiastique. Il ne faut pas être sorcier pour l’appréhender.
Pour les stratèges de cette mouvance juvénile, comme majorité politique et majorité ecclésiastique riment ensemble, l’heure de l’alliance politico-religieuse a sonné. Si chez nous, la Majorité a placé ses poulains dans la diplomatie, la territoriale et dans le portefeuille de l’Etat, les jeunes cathos de la MP croyaient dur comme fer, que le Pape argentin a fait de même. Il est issu de la majorité et ne préférera collaborer ou coopérer qu’avec la Majorité au pouvoir dans tous les pays. Génial, n’est-ce pas ! Et l’opposition peut aller paître ailleurs ou se faire foutre.
D’ailleurs en se présentant à la Nonciature qu’ils ont prévenue de leur arrivée, ont soutenu certains parmi eux, ou qu’il fallait surprendre, ont indiqué les autres, ils étaient très sûrs que dans un élan d’enthousiasme débordant, le Nonce apostolique issu de la Majorité papale, et qui est d’une grande ouverture d’esprit, allait les accueillir à l’entrée principale et dérouler le tapis rouge à leur arrivée. Fleuris par de belles Sœurs religieuses qu’ils gratifieraient de quelques bises autorisées, dans un décor sonore fait de fanfare et trompettes et des chants grégoriens, ces petits « princes » de l’église catholique seraient invités par la suite, à passer en revue la troupe des évêques de la Majorité de la Cenco, arborant l’écharpe et des insignes du parti, tous rangés comme un bataillon. Il s’ensuivrait un tête-à-tête avec le chef de la délégation.
A l’issue de l’audience, des photos souvenirs et des images immortalisant le Nonce recevant le mémo et dénonçant l’attitude « politiquement » et « religieusement » incorrecte des évêques de l’opposition, devaient défiler sur la plupart des chaînes de télévision, en commençant par celle du Vatican. On a raté le scoop du siècle, a soufflé un membre de la délégation et qui a ajouté que ce serait l’événement politique de la semaine. Dommage !
Mais comble du ridicule, le portail fermé à double tour, aucun vigile, seuls quelques gazouillis et des oiseaux perchés sur les arbres ont entonné « De profundis » pour un mouvement mort-né qui ne saura pas résister aux événements et au temps. Ils ont beau bousculer le portail, crier très fort pour se faire entendre même jusqu’aux Affaires étrangères, et tonner pour ce manque d’élégance protocolaire de jardiniers du Nonce, les jeunes cathos tirés tous à quatre épingles et avec dans leurs rangs, des athées, des pasteurs, des féticheurs, des occultistes et des musulmans, n’ont eu qu’un petit soulagement. Au moins la boîte aux lettres ouverte pouvait recevoir leur courrier, un point, barre !
Sur le chemin du retour et dans leur minibus de luxe, ils maugréaient et maudissaient l’église catholique à qui ils ont offert une passe en or pour se désolidariser de ses évêques qu’ils qualifient de membres d’une certaine opposition politique et ecclésiastique. Ne pouvant sanctionner cette église, leur consolation consistera à quelques colonnes acquises dans la plupart des médias, oubliant que la couverture géographique de l’église catholique dépasse celle de la plus grande plate-forme politique de la Majorité, avec une population chrétienne majoritaire. Donc, une force qu’il faudrait craindre et à laquelle il ne faudrait pas se frotter, de peur de perdre et son latin et ses plumes. TANK